Qu’ils soient Un : l’imitation de Jésus – 7e dimanche de Pâques C.

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“Son visage était comme celui d’un ange” Ac 6,15

Homélie du 7e dimanche de Pâques, 29 mai 2022
par l’abbé Gaël de Breuvand

Ac 7, 55-60 ; ps 96 ; Ap 22, 12-14.16-17.20 ; Jn 17, 20-26

En première lecture des Actes des Apôtres, nous avons la figure d’Étienne, qui est extrêmement intéressante, parce que c’est l’archétype : on dit qu’il est proto-martyr car il est le premier des témoins. Donc on dit qu’il est l’archétype de ce que nous sommes appelés à être… mais pas forcément lapidés à coup de pierre ! Lorsqu’on écoute l’Évangile, on est au chapitre 17 selon saint Jean, c’est ce qu’on appelle la prière sacerdotale de Jésus. Autrement dit, Jésus accomplit pleinement, à ce moment, Sa mission de prêtre, parce qu’Il est prêtre. Il est prêtre parce qu’Il fait le pont entre nous sur la Terre et Son Père au ciel. Il prie pour nous. Il ne prie pas seulement pour Ses disciples qui sont là, autour de Lui, Il prie pour nous qui serons à l’écoute, nous qui sommes des croyants. Et Jésus dévoile le projet de Dieu : on l’a entendu, comme le Père et le Fis sont un, nous sommes appelés à être un en Jésus, avec Jésus, par Jésus.

I -L’unité, cadeau de Dieu

Cette unité, c’est d’abord un cadeau de Dieu. C’est d’abord parce que nous avons, en nous, le même cadeau, et ce cadeau vous le savez, c’est l’Esprit Saint, Dieu lui-même. L’Église n’est une que parce que coule en elle l’Esprit Saint. Ce qui nous unit les uns aux autres, ce n’est pas que nous parlions la même langue, – car il y a plein de chrétiens qui ne parlent pas notre langue, – ce n’est pas notre niveau social, ce n’est même pas que nous nous soyons choisis mutuellement. Ce qui nous unit, c’est que nous avons reçu l’Esprit Saint : Dieu lui-même qui vient habiter nos cœurs. Dans une semaine, c’est la Pentecôte, donc au cours de cette semaine, nous tous, membres de l’Église, nous sommes appelés à ‘appeler’ l’Esprit saint. Nous l’avons déjà au jour de notre baptême, ainsi qu’au jour de notre confirmation ; nous le recevons chaque fois que nous ouvrons nos cœurs et que nous entrons dans la prière. Nous le recevons chaque fois que nous écoutons la Parole de Dieu, nous le recevons lorsque nous vivons les sacrements. Mais, la Pentecôte, c’est le temps où nous sommes invités à ouvrir un petit peu plus nos cœurs, pour être un petit peu plus ajustés au projet de Dieu, pour être un peu plus Un avec le Christ, pour être un peu plus fils de Dieu.

II – Accueillir le don de Dieu, c’est demander

Ce cadeau qu’est l’Esprit Saint, Il veut venir en nous, Il frappe à notre porte en disant : viens, laisse-moi entrer. Et pour que nous puissions le laisser entrer, il faut que nous aussi nous fassions un pas. C’est un peu ce qui nous était demandé dans le texte de l’Apocalypse, terme qui veut dire « dévoilement », « révélation ». Ce qui nous est dévoilé, c’est que l’Esprit et l’Épouse disent « Viens ». Dieu lui-même nous appelle et nous dit « Viens » ! Et, à l’inverse, je suis invité à venir. Je suis invité à m’approcher, je réponds « Oui, je viens », et Jésus Lui-même vient ! On le dit à chaque messe : « Il est grand le mystère de la foi, nous annonçons Ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons Ta résurrection, nous attendons Ta venue ». Nous l’attendons, sans nous ‘ennuyer’, sans ‘attendre que cela passe’. Nous sommes dans une attente impatiente, nous voulons que le Christ vienne, et pour qu’Il vienne, eh bien, il faut déjà qu’on accueille Ses cadeaux, cet Esprit Saint ! Alors, tous les jours, cette neuvaine entre l’Ascension et la Pentecôte, nous sommes invités à demander l’Esprit Saint. Nous le demandons, non pas parce que l’Esprit Saint risquerait de ne pas nous le donner, mais parce que pédagogiquement, psychologiquement, nous avons besoin de demander pour pouvoir être en mesure de L’accueillir. Oui, l’Esprit Saint vient, Il a choisit de venir, Il vient.  Mais si nous ne lui demandons pas, notre cœur risque de ne pas s’ouvrir. L’Église toute entière, dans l’Apocalypse quand l’Esprit et l’Épouse disent « Viens » – l’épouse, c’est l’Église – l’Église-épouse appelle Son Seigneur, et Elle nous appelle, nous, pour qu’il y ait cette rencontre, puisque c’est cela le projet de Dieu, que nous nous rencontrions avec Dieu, en face à face, que nous soyons aimés de Lui, que nous nous laissions aimer par Lui, et que nous l’aimions en retour.

III – l’imitation du Christ, s’offrir au Père et aux frères

Oui, il s’agit de faire un pas dans la confiance, et ce pas, c’est une offrande… et c’est là qu’il est très intéressant de relire ce passage des Actes des apôtres, lorsqu’Étienne est martyr. Étienne est un disciple du Christ, c’est un jeune homme, il est brillant, il parle bien, il est vraiment au service, il est diacre, il a été appelé pour être au service des pauvres de la communauté et des pauvres qui ne parlent pas hébreu, mais qui parlent grec. Et on a l’impression que tout ce potentiel d’Etienne est quand même gâché. Mais Etienne fait le plus essentiel. En fait, il est dans l’imitation de Jésus. Jésus sur la Croix s’offre au Père : c’est ce qu’Il avait dit dans la prière sacerdotale du chapitre 17 « Je me donne à Toi, Père ». Il s’offre au Père : « En Tes mains, Je remets mon Esprit ». C’est ce qu’Il dit, Il se donne totalement. Il est Fils de Dieu, c’est Sa nature même, Son être même : c’est de s’offrir au Père. Et Jésus ne fait pas seulement ça : en mourant sur la Croix, en ressuscitant Il se donne aussi à nous. Et nous en faisons mémoire à chaque messe, dans cette Eucharistie, le Christ qui s’est offert au Père, s’offre aussi à nous. Et lorsqu’on regarde Étienne, il fait de même : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Il s’offre au Christ et, par le Christ, il s’offre au Père. Il s’écria d’une voix forte « Seigneur, ne leur compte pas ce péché » « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » C’est la même chose ! Il aime ceux qui sont en train de le martyriser, et il leur donne sa vie. Et le texte des Actes des Apôtres est simple, car il nous montre ce qu’on pourrait ne pas voir : il nous montre, d’un mot, le fruit, les conséquences de cette imitation du Christ. Cela n’a pas servi à rien : car « les témoins avaient déposé leurs vêtements au pied d’un jeune homme appelé Saul. » Vous savez ce qui va arriver à Saul ! Grâce à Étienne, mystérieusement le Christ va se dévoiler, se révéler, à Saul qui va devenir un grand apôtre, un envoyé de Jésus.

Alors, aujourd’hui nous sommes invités à reprendre les mots de l’Apocalypse, « Viens, viens sans tarder ». Amen, viens, Seigneur Jésus. Ce dernier mot en hébreu, c’est Maranatha, maranatha. Viens, viens, transforme-moi en toi. Finalement : que je sois, moi aussi, Christ, chrétien – qui est un synonyme – et que je puisse accomplir ce pour quoi je suis fait : aimer Dieu, aimer mes frères, les emmener avec moi avec le Christ. Ce ne sera pas grâce à moi, tout cela, c’est l’Esprit Saint qui agit ; mais ma mission, c’est d’accueillir cet Esprit Saint dans ma vie, pour que Dieu lui-même puisse agir dans notre monde. Appelons cet Esprit Saint, appelons-Le !