Au cœur de l’Art de vivre chrétien

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I – Le Christ est glorifié

Cinq fois le mot « glorifier » : « Le Fils de l’Homme est glorifié maintenant, et Dieu est glorifié en Lui ; si Dieu est glorifié en Lui, Dieu aussi Il le glorifiera, Il le glorifiera bientôt. » Et qu’est-ce que cela veut dire ? Il y a deux sens : glorifier quelqu’un, cela peut vouloir dire deux choses différentes : glorifier un homme, c’est lui donner de la gloire, lui ‘faire’ de la gloire ; et glorifier Dieu – on n’ajoute rien à Dieu ! – c’est reconnaître Sa gloire. Pour Jésus, c’est un petit peu les deux : quand le Père glorifie Son fils, Il lui donne la gloire, il le ‘fait’ glorieux, parce que Jésus n’est pas visiblement gloire, en tout cas pour l’instant, au moment où Il parle. Et qu’est-ce que la gloire ? On regarde dans la Bible, dans le texte hébreu et on voit que le mot « gloire » c’est le même que le mot « poids ». Ce qui pèse, ce qui est lourd, ce qui a de la densité, ce qui est réel, en fait. La gloire de Dieu c’est le poids de Dieu, c’est du lourd, cela pèse ! Jésus exprime la gloire : « Dieu va me donner du poids ». Mais ce qui est très étonnant, c’est que cette parole-là de Jésus, Il la donne juste après l’institution de l’Eucharistie, juste après avoir lavé les pieds de Ses disciples, autrement dit, juste avant d’être arrêté – Judas venait de partir – et torturé, mis à mort.

La gloire du Christ se déploie dans Son supplice et dans Sa Résurrection. Et Jésus nous donne le chemin pour que nous aussi nous puissions entrer dans cette gloire, parce que le projet de Dieu c’est que nous puissions entrer dans Sa gloire avec Lui dans Son royaume, que nous soyons au pied de Son trône, que nous rayonnions de la même manière que Lui. Et le chemin pour obtenir cette gloire, c’est d’aimer. Vous le connaissez, ce « commandement nouveau« . Il est tellement connu, qu’il nous arrive de le comprendre un petit peu de manière exclusive : ‘la seule religion qui compte, c’est d’aimer’. Oui, c’est vrai, le Seigneur le disait déjà dans l’Ancien Testament : « le seul sacrifice qui compte, à mes yeux, ce n’est pas le taureau et les animaux que vous m’offrez, c’est votre cœur brisé, broyé ». Donc, oui, le seul acte, la vraie pratique religieuse, être chrétien pratiquant, c’est d’aimer.
Mais alors, on a une petite tentation : se dire ‘je vais arrêter d’aller à la messe, et arrêter la prière : je prie tout le temps, puisque je suis tout le temps en train d’aimer’. On est d’accord, je suis un peu sarcastique !

II – Les transformations accomplies par le Fils de Dieu

Jésus ne nous demande pas seulement d’aimer, Il nous demande d’aimer…comme Lui. « Aimez-vous les uns les autres, comme Moi Je vous ai aimés. » Et là, comment est-ce que le Christ choisit d’aimer ? Il reçoit de la haine, Il est insulté, maltraité, et Il la transforme en amour. Il aime celui qui le maltraite, Il aime celui qui le hait et Il veut pour lui le meilleur. Il lui pardonne. On le tue, et Il transforme cette mort en vie. Le centurion lui-même qui a transpercé le cœur de Jésus – il en est sorti de l’eau et du sang – pourra dire : « Celui-ci est le Fils de Dieu » et on l’appelle saint Longin. Il transforme la mort en vie. Et Jésus transforme le pain et le vin en Son corps et en Son sang, et Il nous le donne à manger.

Pour que nous, nous soyons des Christ, que nous fassions la même chose que Lui, que nous transformions la haine en amour, que nous transformions la mort en vie, que nous soyons capables – parce que nous sommes connectés à Jésus, parce que nous vivons cette transformation – que nous soyons capables de participer à la transformation du monde. Parce que le projet de Dieu, ce n’est pas simplement de venir s’installer dans mon cœur. Ce serait déjà bien… mais le projet de Dieu, c’est « un ciel nouveau et une terre nouvelle ». C’est une création toute entière restaurée. C’est bien pour cela que, aujourd’hui, nous, chrétiens, sommes invités à prendre soin de la Création. Parce qu’elle fait partie du projet de Salut, le projet de gloire de Dieu.

III – Aimer comme Jésus aime

Aimer comme Jésus a aimé. Il y a une grande différence… Quand on entend cette objection : ‘c’est bon, je fais l’essentiel de la vie chrétienne, j’aime’. Souvent, celui qui me dit cela est vrai, sincère. Il aime ses enfants, ses proches, ses amis. Mais cela reste un amour humain – un bel amour humain -, qu’il reste soutenu par le fait que Jésus aime cet amour. Et là encore, cela ne va pas assez loin : Jésus nous dit d’aimer ceux qui sont là autour de nous et qui ne nous sont rien, d’une certaine manière. Ils sont juste des enfants de Dieu, des frères et, à ce titre-là, il nous faut les aimer. Comme Lui l’a fait. Ceux qui me haïssent, ceux qui me font du mal, ceux qui me fatiguent, mes enfants, mon épouse, mes frères et sœurs, mes voisins et voisines, mes collègues de travail, mes patrons, mes subordonnés, ma belle-mère…

Aimer, aimer comme Jésus a aimé, jusqu’à donner sa vie. Les papes – le pape François l’a fait il n’y a pas longtemps – insistent beaucoup, car c’est une grande tentation de notre temps : l’Église catholique n’est pas une association humanitaire, nous ne sommes pas des gens qui nous sommes choisis les uns les autres dans un idéal commun. Nous ne sommes pas là comme une institution de bienfaisance. Nous faisons tout cela, mais ce n’est pas cela notre but. Notre but est de suivre le Christ en disciples, pour l’écouter. Le but est d’être à côté de Lui car Il nous appelle pour cela, et être des missionnaires pour pouvoir annoncer, à temps et à contre-temps, la Bonne Nouvelle de l’Évangile, et que nous sommes faits pour aimer.

Aimer comme Jésus aime. « À ceux-ci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Et, nous le savons bien, et c’est toujours un motif de détresse et de tristesse : ceux qui font profession d’être chrétiens, donc nous, nous ne sommes pas toujours très exemplaires de ce point de vue-là, on a du mal à s’aimer véritablement les uns les autres. Il y a tellement de bonnes raisons pour critiquer celui qui est là… et pourtant nous sommes appelés à un amour vrai. Et lorsque nous aurons lâché prise sur notre égoïsme, notre orgueil, nous découvrirons que le chemin du Christ, c’est vraiment celui du bonheur et de la joie. Il n’y a rien à craindre à lâcher prise…Ah, saint Paul le dit : « Il nous faut bien des épreuves pour rentrer dans le royaume de Dieu », cela ne sera pas confortable, mais soyons convaincus que choisir le Christ sera le chemin de la joie et du bonheur, et ce sera toujours plus confortable que le chemin de l’égoïsme, même si, sur le moment, on a du mal à y croire.

Alors, laissons-nous toucher par le Seigneur, c’est Lui qui vient, c’est Lui qui nous sauve, laissons-Lui un petit plus de place dans nos vies : et quand on lui laisse de la place dans nos vies, Il peut agir en nous, à travers nous, pour aimer les autres.