La Foi m’a été transmise, 2eme dimanche de Pâques

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Homélie du 24 avril 2022, deuxième dimanche de Pâques.
C’est la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés ensuite.

Ac 5, 12-16 ; Ps 117 ; Ap 1, 9-11a.12-13.17-19 ; Jn 20, 19-31

Nous sommes le deuxième dimanche de Pâques, nous sommes le dimanche de la miséricorde, mais, cette année, je ne vais pas vous parler d’abord de Miséricorde. Je vais d’abord vous parler essentiellement de la foi.

I – Croire : un don de Dieu, un acte de l’homme

Vous savez bien tous ce qu’est la foi, vous avez tous déjà assisté à un baptême, vous avez été également baptisés ; la foi, c’est d’abord un cadeau que Dieu nous fait, une connexion qu’Il établit entre Lui et nous, une sorte d’oreille greffée sur notre cœur, qui nous permet de recevoir Sa parole, de recevoir Sa vie. Mais, la foi, vous le savez aussi, ce n’est pas que cela. La foi est aussi une démarche de notre part, c’est aussi une adhésion personnelle à une Personne, et à ce qu’Il nous révèle, à ce qu’Il nous dévoile. C’est un acte de confiance que j’établis. Vous vous souvenez, en particulier pour les plus anciens, de l’acte de foi : « Mon Dieu je crois fermement toutes les vérités que vous nous nous avez révélées et que vous nous enseignez par votre Église, parce que vous ne vous pouvez ni vous tromper, ni nous tromper. » Je te fais confiance, Seigneur, parce que Tu ne peux pas me tromper, et je crois que ce Tu me dis. Il y a un acte de l’intelligence, un acte de la volonté à croire.

II – la Foi m’a été transmise

Alors, moi, ma question à moi aujourd’hui c’est : et moi ? Moi, je crois en Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit. Je crois en Jésus, mais pourquoi je crois ? Comment c’est venu jusqu’à moi ? Je vais vous dévoiler un secret : je n’ai pas rencontré Jésus en face à face directement ! Je n’ai pas été à la place de saint Thomas. Donc, comment est-ce que je crois ? Comment est-ce arrivé jusqu’à moi ? Il m’a fallu d’abord des parents, qui croyaient que Dieu était Dieu, et que cela valait le coup de Lui donner une heure par semaine à la messe, qui croyaient qu’Il nous donnait des paroles de vie, et qu’agir bien, agir en faisant des choix d’amour, c’était un chemin de vie. J’ai vu mes parents agir et vivre comme croyants, ils étaient témoins. Et puis, j’ai eu des catéchistes qui m’ont dévoilé la Parole de Dieu, qui m’ont dévoilé des trésors : les mots de Jésus. Et puis, il y a eu des prêtres, des religieux, des religieuses, qui ont dédié toute leur vie à Dieu ; et si on peut donner toute sa vie à Dieu, c’est que peut-être il y a quelque chose. Et puis, il y a eu des innombrables croyants, des gens qui, sans se poser forcément beaucoup de questions existentielles, savent que Jésus est Fils de Dieu, qu’Il a les paroles de la Vie éternelle, et que cela vaut le coup d’être son disciple. Tous ces gens-là ont été pour moi l’occasion de grandir en foi.

Mais ces gens-là, comment est-ce qu’ils ont cru, eux ? Je crois que l’on peut remonter d’un étage, mes parents avaient eux-mêmes des parents, les catéchistes avaient eux-mêmes des catéchistes, les prêtres avaient connu eux-mêmes des prêtres. Et l’on peut remonter comme cela des années, des siècles, des millénaires, et on arrive comme cela, jusqu’à il y a 2000 ans. Et que se passe-t-il, il y a 2000 ans ?

III – le témoignage initial

Jésus est mort, tout le monde est abattu, et des femmes vont au tombeau, là où l’on a déposé le corps mort de Jésus. Et ce tombeau est vide. Et elles rencontrent des anges, et elles rencontrent Jésus lui-même. Mais, quand elles le racontent, on ne les croit pas. Il faut que Jésus lui-même aille secouer toutes les personnes, à l’exception de saint Jean, le disciple bien-aimé : lui, il a vu (un tombeau vide !) et il a cru. Jésus est apparu aux dix : ils sont là, réunis ensemble, et Jésus est là, au milieu d’eux. Quelle joie ! Ils sont remplis de joie à la vue du Seigneur. Et cela les remplit tellement de joie que lorsque le Seigneur part et que Thomas rentre enfin, ils lui disent, plein de joie : le Seigneur est ressuscité, on L’a vraiment vu, mais Thomas n’est pas convaincu. Et on peut penser que la semaine qui a suivi, il n’était pas plus convaincu : « Non, si je ne mets pas moi-même mes doigts dans Son côté, si je ne Le vois pas vraiment, ni je ne Le touche pas, je ne croirai pas ». Et là, mettons-nous à la place des disciples, des dix qui ont vu Jésus, qui ont une joie immense : ils ont un cadeau à faire à leur frère Thomas, c’est cette Foi, mais ce dernier ne veut pas. Il faudra que Jésus intervienne Lui-même.

Thomas est bien le reflet de notre difficulté à croire. Adhérer à la parole d’un autre, lorsqu’un autre parle – et c’est vrai en matière de Foi, comme dans beaucoup d’autres domaines – j’ai quand même du mal à lui faire confiance. Alors, la question pour les dix est : comment est-ce qu’on peut convaincre, comment est-ce qu’on peut faire entrer Thomas dans la foi ? La première chose qu’ils font, c’est qu’ils témoignent : « Nous avons vu Jésus, Il est ressuscité. » Ils n’ont pas peur de le dire, même si Thomas se dit qu’ils ont ‘perdu la boule’. Mais, Thomas est gentil et reste avec eux auprès de ses frères qui ont un peu dévissé. Mais ils témoignent, ils n’ont pas peur de témoigner : ‘nous avons vu Jésus, et cela nous a remplis de joie’. Et puis, ils restent en communauté, en communion, ils font ce choix de la vie fraternelle : pendant toute cette semaine-là, ils font le choix d’être ensemble, dans cette pièce, fermée à clef d’ailleurs. Cela empêche les autres de rentrer, mais cela les empêche également de sortir. Mais, à la fin, il faut quand même une rencontre personnelle avec Jésus et c’est seulement cette rencontre personnelle avec Jésus qui va faire basculer Thomas.

IV – Petite ‘méthode’ de transmission de la Foi

Alors, pourquoi est-ce que je vous parle de cela aujourd’hui ? Parce que cela nous concerne, nous avons le même problème que les disciples à l’époque. Nous aussi nous avons une « Bonne Nouvelle », nous croyons que Jésus est le Fils de Dieu, qu’Il est mort et ressuscité, qu’Il nous apporte la vie, qu’Il nous montre le chemin de joie et de bonheur, et ce chemin-là n’est pas que pour moi tout seul, mais il est aussi pour les autres. Donc je veux le dire aux gens, mais ils n’y croient pas, ils ne m’écoutent pas.

Alors ? En méditant cet épisode, on peut avoir comme une petite méthode d’évangélisation.

D’abord un témoignage, on ne peut pas s’en passer. Il faut un témoignage, quelqu’un qui vive de la foi, qui soit capable de dire : oui je crois en Jésus, oui, aujourd’hui, dimanche, c’est la fête de la résurrection du Seigneur, je vais à la messe. Et je serai en retard à tel rendez-vous car Jésus est ressuscité et qu’Il me donne la vie. Oui, il y a des choix, parfois douloureux, à poser. De toute façon, c’est la charité qui doit primer, mais la charité ne nous dit pas de prendre le parti de la mollesse. Je suis là pour témoigner, annoncer : Jésus est ressuscité, et cela change nos vies, cela change notre monde. Et, si cela ne va pas, c’est parce qu’on n’occupe pas tout à fait nos places. Premier témoignage, c’est celui que nous pouvons donner à nos enfants, à nos proches, à nos amis. Simple, sans agressivité : Jésus est ressuscité, Il est ma joie, Il me donne un chemin de bonheur et de Salut. Ce chemin de joie n’est pas facile, non, mais c’est le chemin de la vie.

Deuxième étape dans notre chemin de foi : une communauté. On n’est pas chrétiens tout seuls, on a besoin de s’appuyer les uns sur les autres, et la communauté, c’est celle du dimanche à 11h à Genas ! Mais pas seulement. La communauté est plus profonde, plus large, que cela. Des groupes, il y en a qui se réunissent toutes les semaines, tous les quinze jours, tous les mois. D’autres frères, qui comme moi veulent croire – car il y a quand même une décision – on va pouvoir s’appuyer, méditer, lire la parole ensemble.

Tout cela, pourquoi ? Pour mettre en place les conditions nécessaires à une rencontre avec le Christ. Vous le savez, il y en a qui l’ont vécu un petit peu, on n’arrête pas de revoir la manière dont on fait le catéchisme, la manière dont on organise la préparation à la première communion. Là, cette année pour la première communion, cela a été un peu exigeant, vous l’avez vu ? Cela a été trois dimanches matins entre novembre et décembre, cela a été une sortie d’un samedi complet en mars/avril, 8h30, parents et enfants sont invités à être là, c’est exigeant… Mais ils étaient là ! Qu’est-ce l’on veut faire ? On veut leur faire découvrir l’intérêt d’une communauté. On est là pour témoigner, on est là pour leur donner l’occasion de rencontrer Jésus, donc en organisant les temps de prière, les temps de silence nécessaires, pour permettre l’écoute de la parole de Dieu. Est-ce qu’on y arrive parfaitement ? Pas sûr, mais on essaie de mettre en œuvre les conditions.

Et après, il y a la quatrième étape de l’évangélisation et c’est celle qui ne dépend plus de nous mais qui ne dépend plus que de l’homme et de son Dieu, d’une liberté à la rencontre d’une autre liberté, d’un amour à la rencontre d’un autre amour, Dieu qui vient frapper à la porte du cœur de chacun de nous : ‘est-ce que tu veux vivre avec Moi, est-ce que tu veux me laisser vivre dans ton cœur ?’ Il s’agit que nous nous mettions au travail, que nous prenions au sérieux l’envoi en mission de Jésus : « allez par toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». C’est cela, être des témoins, c’est cela vivre de notre foi. Et comme on n’est pas très bons, on se rend compte que le Seigneur fait de grandes choses. Par exemple, dans l’évangélisation des musulmans, nous ne sommes pas très forts. On ne sait pas très bien par où commencer… Mais on constate qu’il y a un certain nombre de musulmans qui demandent le baptême et on leur demande : ‘pourquoi es-tu là ?’ Et très souvent, étonnement, ils nous disent : ‘j’ai fait un songe et j’ai vu le Christ qui m’a dit’… ou bien, ‘j’ai entendu une parole et cette parole c’était celle du Christ qui me disait…’ Étonnamment, le Bon Dieu saute les étapes et va directement à la rencontre. Mais ce n’est pas cela le mode normal, le mode normal, celui que Jésus a choisi pour que la Bonne Nouvelle incendie la Terre : c’est que cela passe par nous.

Alors cela a bien fonctionné pendant des centaines et des centaines d’années, et cela peut encore continuer. Il s’agit que nous soyons des témoins, il s’agit que nous soyons remplis de l’amour de Dieu, il s’agit que nous soignions notre rencontre avec le Seigneur. La rencontre d’un amour, celui de Dieu, qui nous aime et de notre amour en réponse.