Jésus et la mort : Résurrection

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Homélie 4 avril 2022
5e dimanche de Carême, texte de l’Année A, en raison des scrutins des catéchumènes
par l’abbé Gaël de Breuvand

Ez 37, 12-14 ; Ps 129 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 3-7.17.20-27.33b-45

Nous avons entendu un évangile où Jésus est venu auprès de Marie, mais nous n’avons pas vu Marie dans l’Évangile… C’est assez surprenant, c’était la conclusion. Nous n’avons pas vu Marie dans l’Évangile, et pourquoi ? Parce que c’était la lecture brève : par rapport au texte complet, il manque presque la moitié. Vous allez me dire : heureusement, car c’était un peu long… Mais du coup, il a manqué quelques finesses, quelques petites choses qu’il aurait été intéressant de percevoir. Tant pis, nous allons en découvrir d’autres.

I – La logique du carême

D’abord, nous sommes le cinquième dimanche de Carême, je veux juste vous donner un aperçu général :

* Premier dimanche de Carême, nous sommes au désert avec Jésus et nous éprouvons les Tentations. Le Diable propose à Jésus, et nous propose aussi, le désir de la possession, l’avoir, le pouvoir, la gloire, tout pour moi ! Cela peut être intéressant, et nous devons dire non, et nous tourner vers Dieu et recevoir de Lui.

* Deuxième dimanche, nous montons sur la montagne avec Jésus, c’est la Transfiguration, et là, nous découvrons que Jésus est vraiment notre Dieu, et qu’Il vient à notre rencontre, et que nous sommes invités à vivre près de Lui.

* Troisième dimanche, cette année où nous avons des baptêmes dans la Paroisse, c’était un des grands évangiles selon saint Jean, l’Évangile de la Samaritaine. Vous vous rappelez cette femme qui rencontre Jésus et qui a le désir d’accueillir l’eau vive. L’eau vive de l’Esprit Saint, cet Esprit qui nous est donné pour que nous puissions gravir la montagne.

* Le quatrième dimanche, c’était l’Évangile de l’aveugle-né, encore un très long évangile… L’aveugle-né est-il aveugle parce qu’il a péché ? Non, dit Jésus. Mais c’est l’occasion pour Dieu de montrer Sa puissance, et que l’essentiel est plus important : c’est d’aimer, quelles que soient les conditions. Et justement, nous n’avons pas de conditions pour aimer ! La lumière nous est donnée pour éclairer notre chemin.

II – le Christ, plus fort que la mort

Et puis, aujourd’hui, cet évangile de la résurrection de Lazare, c’est autour de la vie. Jésus montre qu’Il est plus fort que la mort. C’est quelque chose d’étonnant, d’ailleurs, personne n’y croit vraiment ! Quand Jésus s’approche de Marthe, elle Le rabroue : « Si tu étais venu, mon frère ne serait pas mort. » Parce qu’on L’a déjà vu guérir, et guérir des gens très malades. « Si tu étais venu, mon frère ne serait pas mort. » C’est une belle preuve de confiance. C’est Marthe, donc elle l’envoie un peu…balader. Mais c’est en même temps un acte de foi : « Seigneur, si tu étais venu mon frère ne serait pas mort »… car Tu es plus fort que la maladie ! Et Jésus lui dit : « Crois en la résurrection » : « je sais, à la fin des temps nous nous retrouverons, et ce sera la Résurrection ! » « Ce jour-là, nous ressusciterons, mais en attendant mon frère est mort, et il me manque ! »
Et Jésus lui montre que là, dès aujourd’hui, maintenant, Il est plus fort que la mort. Et la foule est touchée, elle a vu ce que Jésus a fait, et elle croit en Lui grâce à ça. Mais tous les signes sont ambivalents, et il y en a aussi d’autres qui, face à ce signe, vont se refuser à croire, et au contraire grandir en haine contre Jésus. Étonnant… Les Pharisiens, les scribes, les chefs des prêtres, etc. – ils sont un paquet ! – voyant cette histoire de résurrection de Lazare qui entraîne plus d’amis, plus de disciples, plus de fidèles, à la suite de Jésus, ils disent : non, mais, on va L’éliminer !

III – La compassion de Jésus

Lazare est mort, et c’est un ami de Jésus. Et que fait Jésus quand il voit son ami Lazare mort ? Il pleure. Pourquoi ? Il sait bien qu’Il va ressusciter Son ami. Pourquoi pleure-t-Il ? Eh bien, les Pères de l’Église ont donné deux réponses. La première, c’est que Jésus est comme nous : face à la mort qui est insupportable – on n’est pas fait pour ça, on n’est pas fait pour mourir, et, en nous, tout s’oppose à cela – donc Il dit : non, je ne veux pas que ceux qui m’entourent meurent. Mort, passe ton chemin ! On a raison de le penser, parce que la mort n’est pas tout à fait le projet de Dieu. Il nous a créés pour la vie, et Il nous veut vivants. Mais, voilà la mort est entrée dans le monde, et on va tous mourir ; tôt ou tard, cela va nous arriver. On peut espérer un peu plus tard que tôt, mais, ce qu’il faut surtout espérer, c’est mourir dans l’amour. Oui, il y a cette résistance, Dieu nous a créés pour vivre, donc il y a en nous quelque chose qui se brise, et Jésus pleure à la mort de Son ami.
Et puis il y a une deuxième raison pour laquelle Il pleure. La mort est comme un signe, une image : vous le savez, quand nous avons un mort, il y a une rupture de relation, on ne peut plus discuter avec lui. On ne peut plus se serrer dans les bras… Il y a une blessure qui s’installe, c’est cela qui nous rend tristes, nous ne pouvons plus être dans la relation plénière avec lui. Pourtant, dans notre espérance, nous croyons que lui, celui qui est mort, est dans la vision de Dieu, donc qu’il est en relation avec Dieu. Donc sa mort n’est pas plénière, il est encore vivant d’une autre manière.Mais il existe pour nous une mort qui est beaucoup plus grave que la mort physique, car elle ne laisse aucune échappatoire. Cette mort, c’est le refus de l’amour : lorsque nous refusons la relation, lorsque nous refusons d’aimer et de nous laisser aimer. On l’appelle en langage technique le « péché ». Face au péché, Jésus pleure, parce que cela nous blesse, cela nous tue, cela empêche la relation. Et nous entraîne vers l’isolement ; et s’il y a bien une définition de l’enfer, c’est ça, c’est d’être seul. Donc Jésus pleure.
Mais cela ne s’arrête pas là. Après bien des débats autour de la question de la Foi qui est absolument nécessaire à l’Œuvre de Dieu, Jésus s’approche du tombeau et crie : « Lazare, viens dehors ». Lazare ! On pourrait mettre notre prénom à nous, chacun « Gaël, viens dehors ! » Sors de ton enfermement, accepte de te laisser aimer, et toi, à ton tour, donne-toi, pour la joie et le bonheur de ceux qui t’entourent. Choisis d’aimer, ici et maintenant. Voilà l’appel que Jésus nous fait aujourd’hui.

Voilà l’appel que Jésus vous fait, Adrien, Anthony, Lisa : aujourd’hui, choisissez d’aimer, c’est le chemin de la vraie vie. Et comme c’est un peu difficile d’aimer tous les jours, eh bien, venez accueillir Son amour et Sa grâce, venez vivre le sacrement de l’Eucharistie, venez vivre le sacrement de la réconciliation, prenez le temps de la prière, tous les jours ; c’est cela qui nous permet d’aimer et de nous laisser aimer, d’être un peu plus ajustés au projet de Dieu pour nous. Ce n’est pas magique, il y aura toujours une petite tendance à l’hypocrisie chez nous, une petite division en nous ; mais le Seigneur, Lui, travaille à nous guérir, Il veut nous relever et Il nous crie : Viens dehors ! C’est grâce à Lui que nous sommes libérés, que nous sommes sauvés, que nous sommes vivants.