Homélie du Vendredi Saint 2022

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Homélie vendredi saint 2022
par l’abbé Gaël de Breuvand

« Qu’est-ce que la vérité ? » Et Jésus ne répond pas. Et un peu plus tard, après L’avoir moqué, flagellé, couronné d’épines, revêtu d’un manteau royal de pacotille, Pilate dit « Voici l’Homme ». Voilà, la vérité. Jésus est un homme, et encore plus que cela, il est l’Homme, avec un grand H. En Lui, l’humanité est accomplie. Et pourtant nous voyons un homme défiguré, nous voyons la profondeur du Mal dans laquelle l’homme peut descendre. Le mal commis, tant de haine contre un innocent. Nous voyons avec quelle force le mal peut détruire et abîmer, le mal subi par un innocent. Et, vous le savez, 2000 ans plus tard, c’est toujours d’actualité, au Mali, en Terre Sainte depuis quelques jours, au Yémen ou en Ukraine, nous voyons le mal qui est dans le cœur de l’homme, mal commis, mais aussi mal subi. Le drame qui se noue en Jésus se renouvelle sans cesse. Et nous n’avons même pas besoin d’aller si loin, dans nos familles, dans nos cercles amicaux, relationnels, dans notre cadre de travail, dans nos communautés, dans notre paroisse, nous sommes si souvent complices du Mal, si souvent victimes du Mal.

Jésus est l’Homme dans sa vérité et en Le regardant on voit aussi le Mal qui est dans l’homme. Mais, bienheureusement, on ne voit pas que cela. Qu’est-ce que la Vérité ? C’est Jésus, et Il est la manifestation du réel. Et qu’est-ce que le réel ? C’est que Dieu nous a créés à Son image et à Sa ressemblance, Il nous a créés par amour et pour que nous aimions, c’est cela le message de l’Évangile. « Convertissez-vous », dit Jésus, c’est Son premier mot.  Choisissons d’aimer et de nous laisser aimer, d’écarter le Mal de nos vies, de choisir l’amour. Oui, Jésus est la Vérité : dans Sa vie, dans Sa passion, dans Sa mort, dans son dernier mot « Tout est accompli. »

Tout est accompli, parce que Jésus est parfaitement ajusté au projet du Père, Il donne Sa vie pour que nous vivions, le dernier geste de Jésus, dans l’Évangile selon saint Jean : « inclinant la tête, Il remit l’Esprit. » Le point de vue de saint Jean, qui était là, au pied de la Croix, est intéressant. D’autres évangélistes ont écrit « Il poussa un grand cri », Il rend son âme au Père. Pour saint Jean, Il baisse Sa tête vers nous et Il nous donne l’Esprit, une première Pentecôte. Jésus est l’Homme, dans toute sa vérité, dans toute sa splendeur, car Il est le seul à vivre pleinement, et jusqu’au bout, en homme à l’image du Père. Et sur ce chemin qu’Il a parcouru et qu’Il nous invite à suivre nous aussi, Il nous donne ce cadeau du baptême et de l’Eucharistie. Ayant percé Son côté avec la lance, on vit sortir de l’eau et du sang. Cette eau et ce sang qui jaillissent sans cesse de ce cœur ouvert qui a tant aimé les hommes. Ce cœur d’homme que Dieu possède aujourd’hui.

Alors, aujourd’hui, nous sommes réunis pour faire mémoire de ce moment de notre Salut où tout le mal du monde s’est abattu sur le plus grand bien, et où Jésus nous donne Sa vie pour que nous vivions avec Lui. Nous voulons adorer cet événement parce que c’est Jésus qui le vit. Dans quelques instants, nous allons adorer la Croix, parce que c’est le moyen par lequel Il nous sauve, Il nous donne Sa vie. Adorer la Croix, c’est accueillir, adhérer au Salut que Jésus nous donne. Oui, ce n’est pas un chemin très confortable, mais c’est celui sur lequel le Christ nous appelle. Et puis, quand nous serons à la fin de notre célébration de ce soir, nous serons dans l’attente, avec toute l’Église, avec Marie, dans le grand silence, ce grand silence du samedi Saint, cette attente qui est celle de l’Espérance.