Homélie du dimanche de Pâques, 17 avril 2022
par l’abbé Gaël de Breuvand
Aujourd’hui, c’est la fête de Pâques, le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité. C’est tellement la joie qu’il faut que nous le répétions deux fois : le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité !
I – Le témoignage de Pierre
Et nous avons eu, en Première Lecture, ce témoignage de l’apôtre Pierre : il s’adresse à Corneille, un centurion, un Romain, un païen. Et il lui raconte son expérience, comment lui, Pierre, a rencontré un homme, cet homme qui parlait bien, c’était un rabbi, un maître. Cet homme, on s’est rendu compte que c’était le Messie, l’Envoyé de Dieu, Celui que l’on attendait. Cet homme, on va même percevoir qu’Il est plus que cela, qu’Il est le Fils de Dieu, qu’Il est Dieu lui-même. Et c’est là que s’arrête la première partie du témoignage de Pierre. Et Pierre conclura son discours avec cette parole : « C’est à Jésus que les prophètes rendent témoignage, quiconque croit en Lui reçoit par Son nom le pardon des péchés. »
Et là, en fait, Pierre est en train de raconter son expérience à lui. Parce que Lui, Pierre, vous vous rappelez ce qu’il a fait dans la nuit du Jeudi au Vendredi ? Il avait dit à Jésus : « moi, si tous te quittent, je resterai avec Toi, et je mourrai avec Toi ! » Ce n’est pas ce qu’il a fait, pas à ce moment-là. Il a renié, il a manqué à l’amour que Dieu avait pour lui. Il a manqué à l’Ami par excellence. Et quand le regard de Jésus s’est posé sur lui, on peut imaginer que son monde s’est effondré. Et il est parti en pleurant amèrement. « Quiconque croit en Lui reçoit, par Son nom, le pardon des péchés. »
Et Pierre est revenu : lorsque Marie Madeleine qui trouve un tombeau vide, est un peu troublée – et cela se comprend – qui va-t-elle voir ? Pierre. Car il est revenu. Pourquoi ? Parce qu’il avait la foi, parce qu’il a cru que « Quiconque croit en Lui reçoit, par Son nom, le pardon des péchés. » Il s’est certainement souvenu de la manière dont Jésus l’avait regardé. Ce n’était pas un regard de jugement ou de condamnation, c’était un regard de tendresse et d’amour, peut-être un peu de pitié. Parce que dans le péché, dans le manque d’amour, celui qui est le plus blessé, la première victime, c’est moi, au sens où je suis blessé par les péchés que je fais.
Pierre peut continuer son témoignage. Nous avons découvert ce tombeau vide, mais ensuite nous l’avons vu, nous avons reçu Son Esprit et Il nous a envoyés en mission. Mais, il n’y aurait peut-être pas eu d’Église, si Pierre n’était pas revenu. « Pierre, tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai Mon Église. » C’est cela dont on parle. Il a cru en la miséricorde de Dieu pour lui, il a cru dans le pardon que Dieu voulait lui donner en Jésus. Et il est revenu et a pu accomplir la mission que Jésus lui avait confiée. « Quand tu seras revenu, fortifie tes frères. » Et c’est la mission qu’accomplissent encore les papes, 2000 ans après : fortifier les frères.
II – Baptisés, et donc « prêtre, prophète et roi »
Alors, tout cela pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, nous avons un jour de joie. Nous avons Lisa, nous avons Nardi, nous avons Kéhan, nous avons Elisabeth, nous avons Ethan-Allen, nous avons Léopold…. Ils vont être baptisés, ils vont être plongés dans l’amour de Dieu : « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. » Voulez-vous être plongés dans l’Amour de Dieu ? Oui ! C’est bon cela, cet Amour de Dieu – lorsqu’on est un petit bébé, on n’y pense pas forcément car on n’a pas beaucoup de péchés personnels, mais quand on est un peu plus grand, on a fait quelques péchés, il y a des choses dont nous ne sommes pas très fiers -. Eh bien, tous ces péchés vont être lavés dans cette eau-là, et vous allez redevenir comme au jour de votre naissance, même mieux qu’au jour de votre naissance.
Vous allez devenir d’autres Christ. Toute la mission que le Christ vit, qu’Il a vécue et qu’Il vit aujourd’hui, eh bien nous, chrétiens, vous, catéchumènes bientôt chrétiens, et nous, nous, chrétiens, nous avons comme mission de la mettre en œuvre. Le Christ est, par excellence, le prêtre, le prophète et le roi. Et savez-vous comment on désigne, un prêtre, un prophète et un roi dans l’Ancien Testament ? On lui met de l’huile sur la tête et on devient des ‘huilés’, ou des ‘oints’, ou des ‘messies’, ou des ‘Christ’, c’est la même chose : un chrétien, c’est un huilé. [Il vaut mieux parler grec que français…] Huilés, pourquoi ? Pour participer à la mission du Christ.
Le Christ est prêtre, et donc Il s’offre lui-même. C’est la première mission du prêtre : il s’offre à Dieu et aux frères. Et les chrétiens ont donc à s’offrir eux-mêmes à Dieu et aux frères. Nous avons à porter le monde dans cette offrande, nous avons à sauver le monde. Non pas en jouant aux supermen, mais en faisant un lien, en tissant un pont entre la Terre et le Ciel. Ce n’est pas grâce à nous : c’est grâce à Jésus, parce qu’au baptême nous sommes connectés à Lui et nous sommes membres de Son corps. C’est cela, être prêtre.
Deuxième mission de Jésus, deuxième mission signifiée par l’huile dans l’Ancien Testament : c’est celle de prophète. Il est celui qui est tellement plein de la Parole de Dieu qu’elle déborde de lui. Et la Parole de Dieu est une parole d’amour. Notre mission, c’est de déborder de la Parole de Dieu. Alors, on va se dire : oui, mais je ne suis pas capable de parler. Ce n’est pas grave ! Commençons déjà par agir, par aimer, parce que si on est remplis de la Parole de Dieu, donc de l’amour de Dieu, normalement c’est l’amour qui doit déborder de nous, et donc des actes, des services.
Et puis, troisième mission que Jésus porte, c’est la mission de roi. Alors, on se dit : c’est bon on est des rois ! Eh bien, la manière de Jésus est un peu surprenante. Le bon roi, dans l’Ancien Testament, c’est le berger, et s’il veut s’occuper de ses brebis, s’il veut que son troupeau reste vers lui, je ne suis pas sûr – je suis même à peu près convaincu du contraire – que se poser sur un caillou et dire à ses brebis « venez servez-moi », ce ne soit très efficace. On voit l’image ? Cela ne marche pas… Si nous voulons être rois, à la manière de Jésus, il faut faire ce que nous avons célébré le Jeudi Saint, c’est nous mettre aux genoux les uns des autres pour nous servir mutuellement ; c’est cela, être roi.
III – Vivre en chrétien, vivre du mode d’emploi de la vie éternelle
Vous allez être, dans quelques instants, prêtres, prophètes et rois. Nous sommes baptisés prêtres, prophètes et rois, et il s’agit de vivre cela. Parce qu’être chrétien, ce n’est pas pour que notre vie soit comme celle de tous les païens, quand je dis cela, il ne faut pas l’entendre dans un sens péjoratif, mais, en tant que chrétien, vivre comme tout le monde, ça n’a pas beaucoup d’intérêt, ce n’est pas pour cela que le Christ nous appelle. Lui nous appelle pour que nous soyons dans la joie, et que nous soyons des ferments de joie dans notre monde qui en a tant besoin. Si on se contente de faire comme tout le monde, eh bien, la guerre sera là. Ah, zut, elle est là… Peut-être que l’on fait un peu trop comme tout le monde… Et quand je parle de guerre, peut-être que la guerre en Ukraine, ce n’est pas de notre ressort de la résoudre ; mais peut-être que les guerres dans notre famille, notre voisinage, peut-être que ces guerres-là sont à notre niveau. Tout ne va pas se réaliser d’un coup, comme par magie, mais il s’agira de réaffirmer que nous sommes croyants. « Quiconque croit en Lui reçoit, par Son nom, le pardon des péchés. » Ce pardon, c’est la cause nécessaire de la paix. Et pour accueillir le pardon dans ma vie, il est nécessaire que je le donne, pas donnant/donnant mais parce que si je ne donne pas le pardon, mon cœur reste fermé. En donnant le pardon, mon cœur s’ouvre et je deviens capable d’accueillir le pardon de Dieu. « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons ». C’est là le mystère de la Résurrection de Jésus. S’il ressuscite, c’est pour nous faire entrer dans Sa vie.
C’est ma conclusion. Quand Jésus meurt sur la Croix, Il donne Sa vie, Il la donne toute entière. Cette offrande parfaite, qu’on appelle aussi sacrifice, permet d’établir la connexion entre la Terre et le Ciel, parce que Jésus est pleinement homme, et qu’Il est en même temps pleinement Dieu. Mais Il ne serait que mort, nous n’aurions pas pu y croire. S’Il ressuscite, c’est pour nous, pour que nous puissions dire : oui j’adhère au Christ vivant, aujourd’hui, oui, je veux faire la même chose que Lui, malgré les difficultés et malgré les combats, malgré la Croix, car je veux vivre de Sa vie maintenant, aujourd’hui et pour toujours. C’est le cadeau qu’on vous fait au baptême – enfin c’est Dieu qui vous le fait, ce n’est pas nous ! – Nous sommes les passeurs, et ce cadeau, c’est la vie de Dieu et la joie de Dieu, après tout, c’est le combat d’une vie.
Comme je le disais aux parents tout à l’heure : allez-vous lui donner le mode d’emploi ? Vous devrez lui apprendre à connaître Jésus, à connaître les commandements, à aimer Dieu et son prochain, comme le Seigneur nous l’a enseigné. Êtes-vous conscients de cela ? Vous m’avez dit oui, que vous voudriez bien lui donner le mode d’emploi de la vie chrétienne, et ce mode d’emploi, maintenant qu’on le sait, il faut le mettre en œuvre. On n’est peut-être pas très bons, peut-être que parfois on le rate, ce mode d’emploi, mais on est convaincu d’une chose : « Quiconque croit en Lui reçoit, par Son nom, le pardon des péchés. »