La lumière vient éclairer ! il s’agit de regarder…

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Homélie du 4e dimanche de carême, Laetare,
(Lecture des textes de l’année A pour les scrutins), 27 mars 2022

par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Ceux qui ont un missel ont peut-être été un peu perdus, parce que ce ne sont pas les évangiles de l’année C, mais l’Évangile de l’année A, et pourquoi le prenons-nous ? Parce que nous préparons des baptêmes : il y a Adrien, Anthony et il y a Lisa. Ils seront baptisés la nuit de Pâques, et donc nous prenons le texte de l’année A et cette bonne tranche de Parole de Dieu de cet Évangile de l’aveugle né, qui était un peu long, mais intéressant.
Nous sommes en marche vers notre salut, pour certains d’entre nous vers le baptême, pour d’autres vers la communion, cette « première communion », et pour chacun de nous, vers Pâques. Ces trois jours saints où nous faisons mémoire, de notre salut, où nous nous rappelons, nous rendons présent, l’événement qui nous sauve.

I – Dimanche de la lumière – Jésus dévoile le réel

Et aujourd’hui, 4e dimanche de Carême, c’est un dimanche tout tourné vers la lumière, un dimanche où nous sommes dans la joie, car on a franchi la moitié – jeudi, c’était la mi-carême – donc, dans notre violet de Carême, nous avons mis un peu de lumière, ce qui explique la couleur rose. La joie s’approche et nous en profitons déjà ! Alors, Jésus se présente à nous, au début de cet événement de la guérison de l’aveugle, en disant « Je suis la lumière du monde ». Et, vous le savez, quand il y a de la lumière, on peut voir, et quand il n’y en a pas, on ne voit pas. On le dit dans le « Je crois en Dieu », dans le credo : « Il est Lumière né de la Lumière », parce que, ce qui éclaire toute chose, c’est Dieu. Jésus, en disant « Je suis Lumière du monde » nous dit « Je suis Dieu ». Cette lumière qu’est Jésus éclaire donc le monde. Et pour nous, il s’agit d’accueillir cette lumière, de la laisser se refléter sur les choses, sur les personnes, de la laisser briller dans nos cœurs.
Qu’est-ce que je vois grâce à ça ? Je vois d’abord Dieu lui-même, Dieu tel qu’Il se révèle. Il nous dit qu’Il nous aime. Il nous dit qu’Il nous a créés, pour que nous soyons dans la joie. Il nous a dit qu’Il est Père, Fils, Esprit Saint, Il nous dit qu’il est Bon Berger. On l’a chanté dans le psaume : « Le Seigneur est mon Berger ». Cette lumière nous permet de voir Dieu. Mais c’est encore un peu trouble, il va falloir un peu de temps, pour que nous Le voyions en direct, face à face… Et puis, cette lumière nous permet de voir ce que veut Dieu pour notre monde, ce qu’Il veut pour chacun de nous. Et vous le savez, Il nous aime, Il veut notre joie, Il veut la paix, Il veut que chacun de nous trouve sa place. Et notre place est dans le cœur de Dieu, elle est prévue depuis toute éternité, et, soyons sûrs d’une chose, personne ne nous la prendra. Si nous choisissons de ne pas l’occuper, il n’y aura personne pour prendre notre place, nous sommes tous nécessaires, indispensables au projet de Dieu, nous sommes tous, chacun, des perles merveilleuses, chacun à notre place. Et puis, le projet de Dieu sur moi : qu’est-ce que veut Dieu pour moi, qu’est-ce que Dieu veut que je fasse ? C’est Sa lumière qui permet de le savoir.

II – Aveuglement involontaire, aveuglement volontaire

Mais, nous avons la lumière… et il nous est un peu difficile de voir. Nous sommes un peu comme les Pharisiens de l’Évangile, qui posent la question : « Est-ce que nous sommes aveugles, nous » ? C’est pire que cela : nous ne sommes pas aveugles, mais, bien souvent, nous fermons les yeux et nous agissons comme des aveugles. Au lieu de regarder la joie et le bonheur qui sont le projet de Dieu, eh bien, nous regardons quelque chose de plus près, à notre portée, on choisit le confort, la richesse, au lieu de choisir le bonheur et la joie. Parce que le confort, cela ne va pas loin, question bonheur… Nous sommes limités, ça c’est normal, mais nous refusons de nous laisser éclairer, nous avons des préjugés, nous avons des péchés. Et c’est difficile, car Jésus n’est pas du tout comme nous l’imaginions. Nous, quand on nous a dit ‘‘Messie’’, et pour les Pharisiens à l’époque de Jésus c’était la même chose, quand ils ont entendu Messie, ils se sont dits : ça sera Superman, ça sera un protecteur grâce à qui nous n’aurons aucun problème, grâce à Lui, nous n’aurons plus aucune difficulté, plus de tristesse. Mais ce n’est pas comme ça que fonctionne le projet de Dieu.

III – convertir notre regard

Alors, il faut convertir notre regard. Il faut convertir notre regard ! Et on a reçu aujourd’hui une belle Première Lecture : vous vous rappelez la Première Lecture ? C’était il y a longtemps. C’est Samuel qui va voir Jessé parce que Dieu lui a dit : « Parmi les fils de Jessé, il y en a un que j’ai choisi pour être le roi ». Alors, Samuel va voir les fils de Jessé, il voit le premier, qui est grand et baraqué, et se dit : c’est lui qui va être le roi. Et Dieu lui dit : non, ce n’est pas lui. Et puis, il voit le deuxième, qui est grand et baraqué et, en plus, il est intelligent… et non, ce n’est toujours pas lui. Et puis le troisième, et puis le quatrième, etc. Non, Dieu a choisi le plus jeune, qui ne compte pas vraiment et qui est encore à garder les troupeaux. Il a choisi un petit berger, David, « nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé ». Et, à ce moment-là, Samuel reconnaît, il change son regard, il accepte d’entrer dans le projet de Dieu. Il aurait pu dire : ‘non je vais garder le premier car il est plus baraqué, puis il est plus beau’. Samuel entre dans le projet de Dieu, et il met de l’huile sur la tête de David, qui devient un « messie » car ce mot signifie « celui qui a reçu l’huile ». Donc, David, c’est le plus petit, peut-être le moins intelligent et le moins costaud, et, pourtant, c’est lui qui a été choisi comme messie. Il faut convertir notre regard, découvrir le choix préférentiel de Dieu pour les petits, pour les pauvres.
Il n’y a pas si longtemps que ça, 150 ans environ, dans un village perdu au fin fond des Pyrénées, pas très loin de Tarbes, il y avait une petite fille, un peu malade, qui n’avait pas eu l’occasion de travailler son intelligence, qui ne savait pas lire, pas écrire, elle ne parlait même pas français, et la Sainte Vierge est venue apparaître à la petite Bernadette, à Lourdes ; c’était la plus petite des petites. Et Dieu l’a choisie pour être la porteuse de son message.

Il s’agit de convertir notre regard, c’est l’appel de saint Paul. Il s’agit d’entrer dans le regard de Dieu sur ce qui nous entoure. Qu’est-ce qui est bien ? Qu’est-ce qui nous conduit à la joie et au bonheur ? Parce que c’est ça, ce qui est bien. Qu’est-ce qui est mal ? Qu’est-ce qui nous entraîne vers la détresse, le malheur ? Et il y a un effort à faire, parce que, naturellement, nous sommes naturellement attirés par la convoitise, on veut tout attirer vers nous : ça, c’est à moi et pas à toi ! Et puis d’ailleurs ce qui est à toi, j’aimerais bien que ce soit à moi ! Mais, on le sait bien, ce n’est pas un chemin de joie. La guerre est fondamentalement posée sur ce principe : la convoitise, tout pour moi. Il s’agit de choisir la lumière, autrement dit, de choisir le projet de Dieu où ce qui compte le plus, ce n’est pas moi, c’est l’autre. Accueillir la lumière, cela nous permet de distinguer, de discerner vraiment ce qui est mal, de discerner ce qui conduit à la vraie joie, de ce qui nous entraîne vers la tristesse et le malheur.

Il s’agit de convertir notre regard, pour reconnaître, en Jésus, notre Sauveur. Un Sauveur qui agit avec des moyens étonnants. Imaginez-vous quelques deux secondes. Vous êtes à Jérusalem, et vous voyez cette scène : un aveugle s’approche de Jésus, celui-ci crache par terre, Il fait de la boue, Il le met sur les yeux de l’aveugle…- c’est quand même étonnant comme manière d’agir…- et Il lui dit : Va te laver à la piscine de Siloë. Moi, j’aurais plutôt vu l’usage d’une potion magique, avec des éclairs, un peu de bruit, tout ça. Non, il n’y a rien de plus simple, de plus étonnant, c’est même un peu dégoûtant. C’est pareil, Jésus nous sauve. Comment ? Pas en faisant Superman et en mettant un bouclier contre tous les problèmes, mais en allant mourir sur une Croix. C’est bizarre de sauver le monde en mourant…

Conclusion

Et je conclus, il s’agit, aujourd’hui, de convertir notre regard pour remplir la mission que Dieu nous donne, qui est, d’abord, de trouver la joie pour moi. Moi, je suis d’accord avec le projet de Dieu : Dieu veut que je sois heureux, et moi aussi ! Il s’agit, pour cela, d’utiliser les moyens que Dieu nous propose : de nous laisser toucher par Lui, de vivre selon Sa manière, d’être avec Lui, lumière du monde. Jésus est la Lumière du monde, Il l’a dit : « Je suis la lumière du monde ». C’était au début de ce chapitre, et c’était encore le chapitre juste avant, Il l’a dit deux fois. Et puis, là, dans l’Évangile selon saint Matthieu, Il nous dit : « Vous êtes la lumière du monde. » C’est ce qu’on verra lorsqu’on baptise, le ciel pascal est allumé, c’est Jésus lumière du monde, et, au baptisé, on transmet un petit cierge, vous le recevez pour aller éclairer le monde qui nous entoure. Comme David, nous sommes des petits et des faibles, pas très costauds et pas très beaux, et pourtant, c’est à nous qu’est confiée la mission, il s’agit d’être lumière du monde, et pour pouvoir l’être, il faut accueillir Jésus dans nos vies !