Homélie des Cendres, mercredi 2 mars 2022

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avec les enfants du caté
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

I – Se laisser réconciliation avec Dieu

J’aime tout particulièrement la deuxième lecture. Que racontait cette deuxième lecture ? Bonne question… C’est Paul qui parle et qui dit : « Je suis un ambassadeur du Christ ». Autrement dit, je suis un envoyé de Jésus. Et ce que je vous dis, en réalité, c’est Dieu qui vous le dit. Et que vous dit Dieu ? Il vous dit : « Laissez-vous réconcilier ! ». Alors revenons sur cette question de réconciliation, – vous savez ce que c’est : quand on se réconcilie, c’est qu’un premier demande pardon et le deuxième l’accepte, et du coup, le lien est rétabli, on redevient amis, liés, on entre en communion -. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Pourquoi ? Parce que Dieu, Lui, Il vous a déjà pardonné. C’est une chance. Quoi qu’on ait fait, Il nous pardonne. Mais cela ne suffit pas qu’un seul pardonne pour être réconcilié, il faut que l’autre accepte le pardon. Et notre travail, nous, n’est pas de pardonner à Dieu, mais de nous laisser pardonner par Lui. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ».

Comment fait-on pour se laisser réconcilier avec Dieu ? D’abord, il faut vouloir être ami avec Lui. Et pour être ami avec Lui, Il faut poser des actes. Il ne suffit pas de dire : « Je t’aime, je t’aime, je t’aime… ». Vous êtes d’accord ? Si à la maison, vous dîtes : « Je t’aime, je t’aime, je t’aime… » mais que jamais, vous rendez service et que toujours, vous boudez, et que toujours, vous ne vous occupez pas des autres… cela risque de ne pas marcher. Il ne suffit pas de dire « je t’aime », il faut poser des actes d’amour. Il faut faire des câlins à son papa et à sa maman. Il faut leur rendre service. Il faut leur donner de la joie. Il faut jouer avec son frère et sa sœur. Vous êtes d’accord ? C’est comme cela qu’on dit à l’autre : « je t’aime ». C’est encore mieux que les mots, on le fait. Il faut le dire aussi ! mais pas seulement…

II – Actes d’amour

Et donc avec Dieu, il nous faut poser des actes. Cela tombe bien car Jésus nous en propose trois. Vous avez entendu l’Évangile ? Il a parlé de quoi ? Il a parlé… en premier… de l’aumône, autrement dit du partage. L’aumône, c’est le fait de donner de l’argent aux plus pauvres, donc du partage. Le deuxième, c’était la prière. Et le troisième, c’était le jeûne, qui est une forme de pénitence. Cela vous dit quelque chose ? Prière, pénitence, partage… Les trois P. On s’en souviendra des trois P ? Et donc si l’on veut entrer dans une amitié avec Dieu, si l’on veut laisser Dieu travailler notre cœur, si l’on veut se laisser réconcilier avec Dieu, nous avons de la chance car nous avons un temps qui nous est donné : le carême ! Quarante jours pour faire un petit effort, mais pas tout seul. En fait, c’est ça qui est bien. Quand on vit le carême, on ne le vit pas seul, mais avec les autres chrétiens. On le vit avec deux milliards de personnes sur la Terre, qui toutes, ont décidé de faire un petit effort pour se rapprocher de Dieu. Peut-être que l’on n’y arrive pas tous. Peut-être qu’il y a des moments où l’on rate. Mais on a quand même tous décidés de faire un petit effort. Un petit effort de prière pour être connecté à Dieu. Un petit effort de partage pour être connectés aux autres et un petit effort de jeûne ou de pénitence pour être mieux connecté à soi. Ce qui est très intéressant c’est que Jésus nous dit qu’il est normal de prier. Il est normal de faire l’aumône et de partager. Il est normal de jeûner et de faire pénitence. Mais attention, il faut le faire bien. Pas en essayant de se faire mousser, quoi ! « Cachez-vous, dit-il. Quand tu jeûnes, lave-toi ! » Parce qu’à l’époque de Jésus, quand on voulait montrer que l’on jeûnait, on arrêtait de se laver et de se raser. On arrêtait de se coiffer. Comme cela, on voyait bien de loin que l’on jeûnait. Jésus dit : « non, ce n’est pas cela qui est important ». Ce qui est important, c’est d’être connecté au bon Dieu.

III – Accueillir aujourd’hui le Salut de Dieu

Alors je vais revenir sur cette deuxième lettre et en terminer là. Ça ne va pas être très long donc il faut me regarder ! La deuxième lettre, c’est celle que j’aime beaucoup. La lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens. Jésus dit : « Au moment favorable, je t’ai exaucé. Au jour du salut, je t’ai secouru ». Ce que nous promet Dieu, c’est qu’Il ne nous laissera jamais tomber. C’est qu’Il est toujours prêt à nous ouvrir les bras, à nous accueillir contre son cœur, à nous donner son amour, à nous remplir de joie. Et ce que dit saint Paul, c’est que ce jour où Dieu veut nous donner la joie, c’est aujourd’hui. C’est aujourd’hui. Alors il faut dire : « Oui Seigneur ! Je veux bien que tu viennes dans mon cœur. Je veux te recevoir. Et donc je vais faire un petit effort de prière, un petit effort de partage, un petit effort de pénitence… Pour avoir plus de place pour Toi ». On en parlait tout à l’heure, mais il faut choisir. Peut-être que je vais lâcher un petit peu ma connexion internet ; peut-être que je vais lâcher un petit peu la tablette : peut-être que je vais lâcher aussi la tablette de chocolat… Je la lâche. Je n’y touche pas. Je la regarde et je la laisse pour Pâques.

Pourquoi ? Tout cela m’aidera à garder au cœur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est l’amour. L’amour que je donne à Dieu, l’amour que je donne aux autres et aussi l’amour que j’ai pour moi-même. Pour moi-même, j’ai le droit de vouloir le meilleur. C’est aujourd’hui ! Pas demain ! Aujourd’hui que cela commence. Et demain, ce sera aujourd’hui encore. Il n’y a pas besoin de prévoir pour les trente prochaines années. Il s’agit de prévoir et de s’engager aujourd’hui.

IV – La paix passe par ma conversion

Dans quelques instants, – et là, c’est la vraie conclusion -, je vais mettre de la cendre sur vos fronts. En mettant de la cendre sur vos fronts, je vais vous dire deux paroles, vous vous souvenez : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». Là, ça veut nous dire : ‘Rappelle-toi qu’il y a des choses plus importantes que le corps. Il y a des choses plus importantes que ton confort. Il y a des choses plus importantes que ce que tu as ou ce que tu possèdes. Il est plus important d’aimer, aujourd’hui ! Parce que ça, ça reste ! ‘ Et puis la deuxième parole : « Convertis-toi. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». ‘Tournez-vous, aujourd’hui, un petit peu plus, vers Jésus. C’est Lui qui nous sauve’. Nous ne nous sauverons pas nous-mêmes. C’est Lui qui nous sauve.
Et alors, et là, un tout petit lien avec cette actualité qui nous trouble, qui nous bouscule, qui nous dérange : si nous voulons véritablement la paix, la paix dans notre monde, ce n’est pas en criant : « Paix, paix, paix ! », que ça fonctionnera. C’est comme l’amour. Il ne suffit pas simplement de le dire, il faut le vivre. La paix, elle est d’abord à gagner ici et maintenant. Là où je suis. Renoncer à la volonté de puissance ; à la volonté d’être bien vu ; à la volonté de posséder … Pour que les États puissent le faire, il faut que nous, individuellement, nous le choisissions. Nous ne réussirons pas à tous les coups. Mais il faut que nous le choisissions et que nous ne nous lassions pas de le choisir. C’est le pape qui nous y invite cette année : « Ne nous lassons pas de choisir le bien ». Ne nous lassons pas de nous convertir, de nous retourner vers le Christ. Ne nous lassons pas d’aimer et de nous laisser aimer. C’est le seul moyen pour que la paix se déploie. Choisir d’aimer et de nous laisser aimer, comme Jésus a aimé et s’est laissé aimer, jusqu’à mourir, jusqu’à donner sa vie tout entière et à la fin, Il ressuscite, et Il nous entraîne dans Sa résurrection.