Citoyen du ciel, par la Croix

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Homélie du 13 mars 2022, 2 dimanche de Carême année C
Gn 15, 5-12.17-18 ; ps26 ; Ph 3, 17- 4, 1 ; Lc 9, 28b-36
à l’occasion des professions de foi.
par l’abbé Gaël de Breuvand

Le premier dimanche de Carême, dimanche dernier, nous étions au désert. Et avec Jésus, nous avons été invités à entrer dans un combat, un combat spirituel contre le Mal qui frappe à la porte de notre cœur et pour lequel on a, parfois, envie d’être un peu complice… Désir d’avoir, désir de pouvoir, désir de gloire.

I – Citoyen des cieux

Et, aujourd’hui, alors que nous allons fêter cette profession de foi d’Emmy et de Louise, nous allons revenir sur la Lettre de saint Paul. C’est étonnant : il commence en disant « imitez-moi »… évidemment, ce n’est pas sur lui qu’il veut centrer l’attention, mais sur Jésus. C’est Lui, Jésus, qui compte. C’est Lui qui est important.

Pourquoi ? Parce que grâce à Jésus, nous sommes, depuis notre baptême, « citoyens des cieux ». C’est ce que dit saint Paul. Nous savons que les choses de cette Terre passeront, mais, par le baptême nous avons déjà mis le pied, et toute notre vie, dans ce qui ne passera pas. Et aujourd’hui, Louise et Emmy, en choisissant de faire profession de foi, vous choisissez, en conscience, librement, en ayant un peu réfléchi sur cette question, d’entrer pleinement dans cette citoyenneté des cieux. Je ne vous donnerai pas de passeport : vous l’avez déjà, il est inscrit dans votre cœur et il doit rayonner tout autour de vous. Vous êtes entrées tout à l’heure dans l’église en portant un cierge, cierge qui vous avait été donné le jour de votre baptême. Ce cierge, c’est votre parrain qui le portait le jour de votre baptême ; aujourd’hui c’est vous qui le portez, car c’est vous qui êtes la « lumière du monde », au sens où Jésus vous a transmis cette mission d’éclairer le monde. Et là, quand on a dit ça, on pense : ouaouh, c’est un peu lourd, c’est un peu fort, un peu trop pour moi… sauver le monde, c’est la mission de Jésus ! Et moi, Il m’a confié cette mission, Il a confié à Louise, à Emmy, Il a confié à chacun des baptisés qui sont ici, la mission d’être un porteur de ce Salut. Ce n’est pas grâce à nous si le monde est sauvé. D’ailleurs, si c’était grâce à nous, le monde ne serait pas tout à fait comme ça ! C’est justement parce que, bien souvent, nous ne voulons pas accepter cette mission que la situation n’est pas top…

II – Alliance de Dieu avec son Peuple

Citoyens des cieux. C’est ce que nous montre Jésus. Il était sur la montagne, savez-vous pourquoi ? Il est monté sur la montagne pour prier, et Il a emmené avec Lui trois disciples. Question : qui parmi nous, veut être Ses disciples ? En réalité, cet appel de Pierre, Jacques et Jean, c’est un appel pour chacun de nous. Aujourd’hui, Louise et Emmy ont choisi de monter avec Jésus sur la montagne. C’est un jour de joie ! Pour nous, c’est l’occasion de nous reposer la question : est-ce que je veux monter avec Jésus sur la montagne ? Et que découvre-t-on lorsqu’on monte avec Jésus sur la montagne ? On découvre que, sur cette montagne, nous sommes invités à entrer en relation avec la Parole de Dieu. C’est pour cela qu’il y a Moïse et Élie. Moïse représente les cinq premiers livres de la Bible, et Élie, c’est le prophète par excellence. Donc c’est bien l’Ancien Testament que nous sommes invités à approfondir, à creuser, pour découvrir à quel point Dieu nous aime et combien Il veut faire alliance avec nous. Et là, je vous renvoie à la Première Lecture. « Le Seigneur parlait à Abram, Il lui dit : regarde le ciel, compte les étoiles si tu peux : voilà quelle sera ta descendance » : première promesse. « Je suis le Seigneur, Je t’ai fait sortir de ton pays – Our, en Chaldée – et Je te donnerai ce pays » : deuxième promesse. La descendance, et la terre. Et comment faire pour accueillir cela ? « Le Seigneur dit : fais alliance avec Moi. » Et c’est un rituel d’alliance qui nous est présenté. Un rituel d’alliance où, au coucher du soleil, un sommeil mystérieux tomba sur Abram. « Un sommeil mystérieux tomba sur lui ». Et dans le cadre de ce sommeil mystérieux – qui rappelle celui qui tomba sur Adam le jour où Dieu a façonné la femme, signe de l’alliance de Dieu avec les hommes – la femme, signe de l’alliance de Dieu avec les hommes ! – Dieu fait alliance. De même, le sommeil des disciples pendant lequel Dieu dévoile Son alliance en Jésus. Jésus, cet homme que Pierre, Jacques et Jean ont suivi déjà depuis – on est à peu près au milieu de l’Évangile – depuis environ 1 an et demi, ils suivent Jésus depuis un an et demi, et ils ont vu un homme extraordinaire, qui a une parole de feu… et là, ils découvrent, ils voient, ils sont témoins que cet homme est plus que cela : Il rayonne, Il transparaît, Il transfigure la gloire de Dieu, Il est éblouissant ! Il est Dieu.

III – Nous rencontrerons Dieu face à face

Nous sommes citoyens des cieux parce que Jésus, qui est un homme, est aussi, et d’abord, pleinement Dieu. Il fait de nous Ses frères, et Il nous invite à regarder ce qui compte vraiment. Et ce qui compte, ce ne sont pas les richesses, ce n’est même pas la maison qu’on aime beaucoup dont on a hérité ! Non, ce qui compte beaucoup, vraiment, vous le savez, c’est d’aimer et se laisser aimer, c’est d’accueillir l’amour de Dieu dans nos vies et le donner à ceux qui nous entourent. Nous sommes citoyens des cieux, parce que notre vie sur la Terre est un temps qui s’arrêtera, nous ne savons pas quand : cela peut être demain, dans trente ans, ou dans soixante-dix ans. Je ne peux même pas vous souhaiter que cela soit le plus tard possible, parce que notre plus grande joie, c’est de rencontrer Dieu face à face. Il nous aime, et notre joie, c’est de L’aimer en retour. Ce que je nous souhaite, c’est de vouloir Le rencontrer, dans nos vies, dès aujourd’hui, maintenant. Comment reconnaissons-nous Dieu dans nos vies ? C’est une question que nous nous sommes posés avec les parents dont les enfants préparent la première communion : ‘comment est-ce que je crois que Dieu, Jésus, est là tous les jours avec moi ?

De montagne en montagne, jusqu’à la croix

Et je conclus. Emmy, Louise, et puis nous tous, cette montagne de la Transfiguration est dans l’Évangile selon saint Luc au chapitre 9, c’est à peu près le milieu de l’Évangile. Et avant cela, il y avait eu une autre montagne, chez saint Matthieu. Et cette montagne sur laquelle Jésus était monté, s’était assis et avait enseigné : c’était la montagne des Béatitudes. Le chemin de Jésus pour nous conduire à la vraie joie et au vrai bonheur : montagne des Béatitudes, puis montagne de la Transfiguration ; et il y aura encore une troisième montagne. Je ne sais pas s’il faut dire malheureusement, mais en tous cas, c’est cela, car nous ne pouvons pas l’éviter : cette montagne, c’est celle du Golgotha. La montagne de la Croix, ce n’est pas la plus impressionnante, c’est une petite butte à la sortie de Jérusalem ; mais sur cette montagne-là, il va nous falloir avancer avec Jésus. Accepter d’être tout donnés, accepter d’affronter les épreuves, l’ingratitude, les infidélités et les manques d’amour, comme Jésus l’a fait. Oui, c’est difficile, et peut-être qu’on aura envie de baisser les bras… mais, nous le savons, le Seigneur Jésus est là, avec nous, tous les jours.

Dans quelques instants, Emmy, Louise, vous allez faire profession de foi, et juste après vous allez recevoir une croix : parce que cette croix-là, c’est la Croix de Jésus qui nous sauve, cette Croix sur laquelle nous sommes aussi invités à monter. Oui, nous n’y allons pas forcément avec des chants d’allégresse, mais nous savons qu’après Elle, c’est la Résurrection. C’était vrai pour Jésus, et c’est vrai pour nous.

Accueillons le don de Dieu. Nous sommes citoyens des cieux, et Jésus a déjà gagné, nous sommes déjà dans la joie, dès aujourd’hui, et pour toujours.