Homélie du 3e dimanche de TO, année C, 23 janvier 2022, par l’abbé Gaël de Breuvand
Ne 8,2-4a.5-6.8-10 ; Ps 18 ; 1Co 12, 12-30 ; Lc 1,1-4 ; 4,14-21
C’est la transcription d’une prédication orale

À vrai dire, je suis partagé : dans le livre de Néhémie, la Première Lecture, il nous est précisé que le scribe Esdras a lu et commenté la parole de Dieu du lever du jour jusqu’à midi. Alors, ça m’invite à vous parler longtemps ! Mais, je lis aussi l’Évangile, et quand Jésus commente la parole de Dieu : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre », je pense que c’est la plus courte homélie de tous les temps… Alors on va essayer d’être équilibré, pas deux heures non plus…

I – Aujourd’hui, la parole d’Alliance de Dieu pour nous

Je reviens sur ce Livre de Néhémie. La Bible, c’est un livre d’histoire. Vous le savez, dans la Bible, il y a toutes sortes de livres, toutes sortes de récits : il y a des romans, il y a des poèmes, il y a des témoignages, et il y a des livres d’Histoire. Et ce livre d’Histoire, cette histoire-là, nous raconte comment les Juifs sont rentrés d’exil. Ils étaient dans la région de Babylone, et voilà qu’en -537 ils ont pu rentrer à la maison ; et ils se sont réunis pour remercier le Seigneur : ils ont ouvert la Parole de Dieu : la Loi, autrement dit, les cinq premiers livres de la Bible. Et ils écoutent cela solennellement, vous l’avez entendu. Et quand ils entendent cette Parole, ils pleurent. Pourquoi ? Pourquoi pleurent-ils ? Ce n’est pas dit, mais peut-être qu’ils se rendent compte à quel point Dieu nous aime, à quel point Dieu veut notre amitié, à quel point Dieu veut notre bien et notre joie ; et à quel point, eux, peuple d’Israël, n’en ont pas fait beaucoup cas… ils ne s’en sont pas beaucoup occupés, du Bon Dieu ! Alors, premier réflexe : nous ne faisons pas le poids, et nous pleurons… Mais vous avez entendu Esdras et les scribes dire : ne pleurez pas, parce que la parole que Dieu vous donne aujourd’hui, ce n’est pas la parole d’hier, ni d’avant-hier ou demain, c’est la Parole d’aujourd’hui. Cette Parole est une parole de joie et de bonheur. C’est aujourd’hui que Dieu veut faire alliance avec vous, c’est aujourd’hui qu’il veut que vous soyez ses amis. On pourrait regretter tout ce qui s’est passé, on pourrait avoir du remords et s’enfermer en soi-même, on pourrait arrêter de vivre. Mais non, Dieu nous veut vivants aujourd’hui. Alors, mangez des viandes savoureuses, et invitez ceux qui n’en ont pas. Réjouissez-vous car le Seigneur veut être votre ami, aujourd’hui !

II – Faire alliance par Jésus, avec Jésus, en Jésus

600 ans plus tard, Jésus est dans la synagogue de Nazareth – c’est la deuxième partie -. Comme à l’habitude, le jour du Sabbat, le jour consacré au Seigneur, Il vient à la synagogue pour écouter la Parole de Dieu. Il n’y a pas très longtemps, Il a été baptisé, Il est ensuite parti au désert, et puis, poussé par l’Esprit Saint, Il est revenu dans Son pays, dans Sa région, la Galilée, et là, Il est revenu dans Sa ville. Il a trente ans. On pourrait se dire : Il n’est pas très jeune… Il a trente ans, et c’est l’âge qui lui permet d’être un sage, un enseignant. Et c’est pour cela qu’après avoir lu, tous ont les yeux fixés sur Lui. Parce qu’ils veulent entendre la Parole de Vérité, la parole qui explique ce qu’Il vient de lire. Et qu’est-ce qu’Il dit ? « Celui que vous attendiez, ce Messie, rempli d’Esprit saint, qui vient annoncer une Bonne nouvelle, ce Messie, c’est moi ! » Tout simplement… Il accomplit la Parole de Dieu. Ce Messie était annoncé depuis des dizaines, des centaines, des milliers d’années. On l’attendait. Pourquoi est-ce qu’on avait besoin d’un Messie ? Parce que, on avait bien entendu la Parole de Dieu, mais on avait quand même du mal à la mettre en œuvre. « Aime le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit », c’est compliqué ! « Aime ton prochain comme toi-même », c’est compliqué ! Et, trop souvent, on rate… Alors, Jésus annonce qu’Il est le Messie et qu’Il va nous donner le Salut, autrement dit qu’Il va nous donner le moyen d’entrer dans cette relation d’amour, dans cette relation d’Alliance parfaite, entre Dieu et nous, et, entre nous tous.

Jésus vient accomplir cette Parole, et, encore une fois, c’était vrai dans la synagogue de Nazareth, en l’an 30, et c’est vrai aujourd’hui dans l’église de Genas, en l’an 2022 : cette Parole est pour nous, aujourd’hui. C’est aujourd’hui que Jésus nous propose d’entrer en amitié avec Lui, d’être allié avec Lui, Il va vous aider à entrer dans une relation ajustée à Dieu, et aux autres. Dans une relation ajustée à nos parents, à nos époux/épouses, à nos enfants, à tous ceux qui sont nos voisins de banc aujourd’hui, à tous ceux qui sont juste là, dehors ; et, nous le savons, la relation ajustée avec tout ce monde-là, c’est d’aimer. C’est d’aimer ! Alors, cela tombe bien, aujourd’hui nous avons quelques couples qui se préparent au mariage. Voilà un appel, et c’est vrai aussi pour ceux qui sont mariés depuis longtemps. Un appel. Choisissez d’avoir le Christ dans votre couple. Tout simplement. Jésus veut être le troisième membre de votre équipe. On a inventé le mariage à trois, il y a longtemps maintenant ! Il veut être dans votre équipe, Il veut vous aider à grandir dans l’amour, pour que vous puissiez toucher, chaque jour, à la joie plénière, à la vraie joie.

III – Chaque membre est nécessaire, chaque membre doit être connecté à la tête

Enfin, une troisième partie – c’est la dernière – on a entendu ce grand texte de saint Paul ; nous sommes au chapitre 12 de la première lettre aux Corinthiens : « Prenons une comparaison : notre corps forme un tout ; la tête, c’est le Christ. » Et si on veut que le doigt fonctionne, si on veut que le pied fonctionne, si on veut que l’œil fonctionne, ils ont intérêt à être connectés à la tête. C’est ça, le premier message. Et puis, le deuxième message, c’est que pas un de nous n’est de trop dans ce corps. Tous sont indispensables. Chacun à notre place ; saint Paul insiste : l’œil ne fait pas ce que fait l’oreille, et le pied ne fait pas ce que fait la main, mais chacun est nécessaire et indispensable. Et s’il en manque un, eh bien, il en manque un ! Il y a des choses que l’on ne pourra plus faire, il y a des choses que l’on ne pourra plus être. Alors, ce texte tombe bien, aujourd’hui, dans cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Nous sommes invités à regarder à quel point nous sommes nécessaires au corps tout entier. Nous l’avons chanté tout à l’heure : « Nous sommes le corps du Christ. » Il est la tête, nous sommes les membres ; il s’agit de nous ajuster au projet de Dieu pour nous, il s’agit de vouloir ce que veut Jésus. Jésus veut notre joie et notre bonheur, à moi personnellement, et à ceux qui sont autour de moi. Jésus veut ma joie, et Il veut que cela passe aussi par moi. Admettons, si je suis le doigt, cela va me permettre de soulager mon épaule quand j’ai besoin de me gratter. Si je n’ai pas de doigt, je ne peux pas soulager mon épaule ! Nous sommes nécessaires pour le corps du Christ, nous sommes nécessaires les uns pour les autres. Pas un de nous n’est de trop, chacun a sa place. Mais, notre place, il faut l’occuper toute entière !

Alors, aujourd’hui, en ce dimanche de la Parole de Dieu, il s’agit d’être véritablement membres du corps. Comment faire ? Accueillir cette Parole, accueillir ce cadeau que Dieu veut nous faire, accueillir l’influx nerveux de ce corps. Et cet influx nerveux, on l’appelle Esprit Saint. Aujourd’hui, nous pouvons encore méditer un peu sur le mystère du mariage. On va se rappeler que le mariage, c’est une alliance. Nous sommes invités à prendre soin les uns des autres, de la même manière que l’Église toute entière est une alliance avec le Christ, dans le Christ, les uns avec les autres. Enfin, nous sommes invités à recevoir, à méditer la Parole de Dieu, et à la donner, parce que c’est le plus beau cadeau que nous pouvons nous faire les uns aux autres : cette parole c’est une parole qui est vie, c’est une parole qui sauve, elle nous conduit sur le chemin de la vraie joie et du vrai bonheur.