Homélie de la nuit de Noël, 24 décembre 2021
Il s’agit de la transcription dune prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Nous avions attendu Noël alors que notre société ne va pas très bien. Épidémie, individualisme, société de consommation… On a entendu ces derniers jours des gens qui nous disaient qu’il fallait sauver Noël. On peut se poser la question : qu’est-ce que Noël ? Noël, c’est d’abord un événement ; un événement dans l’Histoire.
I – Dieu entre dans le monde
D’ailleurs, l’Évangile nous le dit : c’est à l’époque de l’empire Auguste, à l’époque de du gouverneur Quirinius, c’est du côté de la Palestine… un petit coin perdu. Dans l’empire romain, la Palestine, c’est vraiment Trifouillis-les-oies. C’est là que l’on est envoyé quand on…. Bah, c’est nul quoi ! Et dans ce trou perdu, un enfant est né. Ah bah ça, c’est une nouvelle… J’aimerais vous faire toucher du doigt cette réalité. Les anges disent : « Voici le signe qui vous est donné, vous trouverez un bébé ! ». C’est pas extraordinaire quand même… Enfin bon. Dans ce trou perdu, autour de l’An 752 de Rome, un petit bébé est né. Et ce petit bébé est juif. Et donc il naît au sein d’un peuple, qui est un tout petit peuple, qui est d’ailleurs assez mal vu… ils sont un peu des péquenauds pour les Romains. Et voilà que dans ce petit peuple, dans ce petit pays, dans ce coin perdu, Jésus est né ! C’est le signe qu’a choisi Dieu pour venir dans notre monde. Et ça, c’est un peu étonnant. On aurait pu penser que Dieu, pour se montrer à nous, il fasse trembler la terre, qu’il y ait des orages et des éclairs… Dieu quoi ! Le tout-puissant ! On ne le voit pas, Dieu… Mais quand il se manifeste, on devrait s’en rendre compte. Et là, qui s’en est rendu compte ? Marie, forcément, elle a eu le bébé. Joseph, qui est là pour prendre soin de Marie et de Jésus. Et il semble bien que les bergers étaient au courant… Ils ont vu des anges, ont-ils dit. Dans l’évangile de demain matin, à la messe de l’aurore, à 7h15, – vous êtes tous invités -… Nous entendrons cet évangile-là. Dieu, quand il veut se montrer, lorsqu’il veut entrer dans notre monde, il ne choisit pas d’être le fils du roi ou de l’empereur, il choisit d’être un petit bébé dans une famille toute simple, dans un petit peuple, tout pauvre, dans un trou perdu !
Pourquoi ? Pourquoi, Dieu, quand Il entre dans notre monde, pourquoi est-ce qu’Il choisit cette méthode si peu efficace ? Il n’y a quand même pas grand monde qui s’est exclamé : « Ah, le voici ! ». En fait, Dieu a voulu nous montrer, peut-être, la seule chose qui compte vraiment. La chose qui compte vraiment, vous le savez, ce n’est pas la célébrité, ce n’est pas la richesse, ce n’est pas non plus le succès… ce ne sont pas les plaisirs. Tout ça passe. En fait, ce n’est même pas la santé ou la vie longue. C’est pas cela l’essentiel. Ce que Dieu veut nous donner, c’est la joie ! ça, c’est ce qui compte. Et du coup, Il veut nous montrer par quel chemin accueillir cette joie.
II – Jésus nait dans une famille, dans ma famille
Jésus est né : d’une mère, Marie. Il a un père divin, Dieu le père et un père adoptif, Joseph, qui prendra soin de Marie et de Jésus. Jésus, premièrement, quand il s’incarne, il entre dans une famille. Un père, une mère, des cousins. Beaucoup de cousins… D’ailleurs, si l’on fait un peu de généalogie et que l’on remonte assez haut, on est tous cousins les uns des autres et donc avec Jésus. Donc d’une certaine manière, Jésus se fait homme, et en plus, il rentre dans ma famille. Dans votre famille. Dans notre famille. Et notre famille : la famille des hommes, la famille humaine, elle ressemble à toutes les familles. C’est le lieu des plus grandes joies et c’est aussi le lieu des plus grandes peines. C’est le lieu des plus belles relations et c’est aussi le lieu où l’on vit au quotidien les difficultés. Et on se dispute… Il y a ceux qui sont des membres actifs de l’unité familiale. Et ceux qui restent à distance, voire même, qui s’opposent. Ceux avec lesquels la relation est facile, et d’autres moins. Je pense qu’en disant cela, je parle à tout le monde. Dans nos familles… Cela est vrai pour la famille humaine et vrai aussi plus précisément pour la famille des chrétiens. Nous sommes 450 dans cette église. Le gros problème qu’il y a entre nous, c’est que nous sommes de la même famille et que nous ne nous connaissons pas.
Alors Noël, c’est un jour de joie parce que c’est la fondation de notre famille. C’est celle qui nous connecte à Jésus. Parce que Jésus est mon frère, alors j’ai le même père que Lui. Et le Père c’est Dieu. Dans cette famille des frères et sœurs de Jésus, des enfants de Dieu, nous avons tous une place… enfin, excusez-moi pour ceux qui sont au fond… Je vous assure, vous aussi avez une place ! Chacun de nous est nécessaire. En fait, on ne s’en rend pas forcément compte mais, quand il en manque un, personne ne prendra sa place. Chacun de nous est attendu, aimé. Aimé par Dieu. Appelé par le Christ pour prendre sa place dans la communauté, dans la famille. Nous avons un Père qui nous aime depuis toute éternité. Nous avons un Frère, Jésus, qui nous sauve. Nous avons l’Esprit saint que le Père et le Fils nous donnent, pour qu’Il habite dans nos cœurs et que nous rayonnions.
III – Le cadeau de Noël : la Paix de Dieu
Noël ! Entrée de Dieu dans notre monde. Avec un signe très discret. Noël, jour de fondation de notre famille. Grand cadeau de Noël. Tout à l’heure, je disais que l’on pouvait essayer de sauver Noël… Mais l’important, c’est plutôt d’essayer de se laisser sauver par Noël. Qu’est-ce qui nous est donné à Noël ? Regardons la crèche. On peut fermer les yeux. Regardons. Et nous voyons Marie. Marie, elle regarde un petit enfant. Son petit enfant. Celui qu’elle a porté pendant neuf mois. Celui pour qui un ange est venu et lui a annoncé quelque chose d’étonnant. Et pourtant, ce petit enfant, il ressemble à tous les petits enfants du monde. Il est né comme tous les petits enfants du monde et quand il a faim, il pleure… Elle le regarde, ce petit enfant, et elle l’aime. Elle veut pour lui, la plus grande joie et le plus grand bonheur. Elle lui donne sa vie pour cela et elle ne la reprendra pas. Contemplons la crèche : Joseph. Joseph, il regarde Marie et il regarde Jésus. Et il est dépassé. Dépassé parce qu’il sait bien que cette mission d’accompagner un petit homme, d’accompagner une épouse, elle est bien trop grande pour lui. D’autant plus que ce petit homme, il est aussi fils de Dieu. Donc là, c’est vraiment trop grand. Il a la mission de prendre soin de Marie et d’élever Jésus. D’en faire un homme, posé, stable, responsable. Et il va donner sa vie pour ça. Contemplons la crèche. Il y a des bergers. Ils sont dans les champs. Ils dorment dehors. A l’époque biblique, les bergers ne sont pas des gens très recommandables. D’ailleurs, on n’est pas très sûr de la vérité de leur parole. Au point que lorsqu’ils ont besoin de témoigner à un procès, un seul témoin ne suffit pas. Il faut qu’il soit deux. Ce n’est pas un métier très valorisant, berger. Et pourtant, c’est à eux qu’est annoncée la bonne, grande nouvelle : Dieu vient habiter parmi nous. Et cette grande nouvelle « Dieu habite parmi nous » : c’est cela le cadeau. Et ce cadeau a une conséquence : nous l’avons entendue, c’est la dernière phrase des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la Terre aux hommes que Dieu aime ».
En fait, c’est une sorte de programme, parce que cela fait des années que nous fêtons Noël, – un peu plus de 2000 ans et cela fait des années que l’on pourrait se dire : « ah… la paix ! Elle n’est pas encore arrivée… et cette année, pas mieux qu’avant, peut-être même pire… ». Mais peut-être ne vivons-nous pas le programme qui nous est proposé. « Gloire à Dieu, Gloire à Dieu ». Cela est un appel à chacun de nous. « Lève les yeux. Lève les yeux vers Dieu. Regarde-le. Laisse-toi aimer par Lui et aime-le en retour. Alors les choses seront dans l’ordre. Alors puisque tu seras à l’écoute du Seigneur, tu pourras faire ce qu’Il te demande et alors la paix vient. La paix te sera donnée comme un cadeau ». Mais il est difficile de lever les yeux. Il est difficile, – surtout dans notre monde -, de s’arrêter, de prendre quelques instants. Alors Dieu est venu, et Il est petit enfant. Et Il nous appelle non plus à lever les yeux, mais à baisser les yeux sur Lui. Le regarder, Lui, le petit, le pauvre, l’humble, le simple. Il nous apprend aussi que dans tous ceux que nous regarderons, qui sont petits, qui sont simples, pauvres, seuls, eh bien c’est aussi une manifestation de sa présence… Alors, quand on râle en disant : « la paix ne vient pas », peut-être qu’il faut nous remettre en question. Nous sommes 450 dans cette église, et si nous, chacun, décidions de lever les yeux vers le Ciel, si nous décidions de porter notre regard sur le petit, peut-être que la paix nous serait donnée. Ce n’est pas peut-être, c’est sûr ! Parce que « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la Terre aux hommes que Dieu aime »
Alors laissons-nous sauver par Noël. Choisissons d’aimer et de nous laisser aimer.