L’Amour habite chez les hommes

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Messe du jour de Noël – 25 décembre 2021
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Nous célébrons Noël. C’est une fête particulière, car nous avons trois messes. Une de la nuit, où nous sommes invités à tourner notre regard vers la crèche, à découvrir que si nous voulons la paix, nous devons apprendre à lever les yeux vers le ciel : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes que Dieu aime », et nous devons aussi apprendre à regarder vers le petit, l’humble, le pauvre, l’abandonné, l’isolé, le malade… Il y a une deuxième messe à l’aurore. Ce matin à 7h15. Et là, nous sommes avec les bergers et nous courrons à la crèche. Et on regarde moins la crèche que les bergers qui sont en déplacement, qui se laissent déranger et qui découvrent ce signe étonnant de Dieu : un petit bébé. Et puis la messe du jour… ce sont les textes que nous venons d’entendre.

I – Le Verbe consubstantiel au Père, Dieu-Amour

Ces textes, alors que sur les deux premières messes, c’était assez bucolique, c’était mignon, et cela nous rappelle toute notre enfance, et c’est ce que nous mettons en valeur en installant des crèches dans nos églises et nos maisons, les textes d’aujourd’hui paraissent nous passer un peu au-dessus. Rassurez-vous, c’est normal ! Parce que saint Jean, l’évangéliste, celui qui a posé sa tête sur le cœur de Jésus lors du dernier repas, il écrit bien après les autres. Peut-être trente, quarante ans après. Donc il sait que l’histoire est déjà connue. Lui, il nous invite à faire comme l’aigle. C’est pour cela qu’on lui a attribué l’aigle comme signe, comme symbole. L’aigle, selon la tradition des anciens, était capable de regarder le soleil en face. Là, saint Jean nous fait regarder le soleil en face. Au commencement… En fait, avant même le commencement… de toute éternité, le Verbe était. Et le seul qui est, qui était et qui vient et qui est de toute éternité, c’est Dieu. Donc quand il dit : « le verbe était », c’est que ce verbe est Dieu. Il emploie ce mot qui nous dépasse un peu : verbe ! En grec, c’est Logos. C’est encore plus compliqué car ça a douze mille sens en français. C’est aussi parole. C’est aussi le sens. C’est aussi l’étude. En tout cas, en français, cela marche quand même, parce qu’un verbe dans une phrase, c’est ce qui fait qu’effectivement, une phrase est une phrase. Que la phrase a un sens… Eh bien, le Verbe, c’est cela ; C’est ce qui donne sens à toute réalité. « Le Verbe était.. et il était auprès de Dieu et il était Dieu ». Et là, saint Jean nous perd déjà, parce qu’il nous parle de cette révélation : Dieu qui est, qui est unique, qui est un, eh bien, est en même temps plusieurs. Dieu père, Dieu Verbe et Dieu Esprit saint. C’est intéressant car depuis le premier dimanche de l’Avent, il se trouve qu’il y a eu quelques petites modifications dans la traduction liturgique, dans la manière de célébrer la messe. Il n’y a pas beaucoup de changements, mais quelques mots changent. Un mot a changé au milieu du Credo. On va le dire tout à l’heure. Avant on disait que le Fils était de même nature que le Père. On a changé. On a pris une traduction plus précise et on a dit que le Fils était consubstantiel au Père. On se dit : c’était plus simple avec « de même nature », quand même… Le problème, c’est que lorsque l’on parle de nature, nous partageons tous une même nature. Nous sommes tous de nature humaine. Mais par contre, ma substance, autrement dit mon être même, mon moi, je ne la partage avec personne d’entre vous, et vous non plus. Donc on dit de Dieu qu’ils ne sont pas deux dieux : un Dieu père et un Dieu fils, qui partageraient une même nature, mais Dieu est un, consubstantiel, Père et Fils. On a choisi un mot compliqué exprès, pour bien qu’on comprenne une chose, c’est qu’on ne pourra pas vraiment comprendre. Mais Dieu est absolument Un. Il n’est qu’un seul Dieu, ce Dieu qui est Père, ce Dieu qui est Fils… Vous allez me dire, pourquoi l’abbé part là-dessus ? C’est un peu compliqué, non ? Pourquoi ?

II – Dieu est venu habiter chez les hommes

Parce qu’aujourd’hui, ce Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint, est venu habiter dans notre monde. Dieu est venu habiter chez les hommes et Il a vécu notre vie. Ce qui est très intéressant avec saint Jean, c’est que le premier mot de ses écrits nous parle de cette réalité de Dieu qui est Père, Fils et Esprit saint. Dieu, Verbe, Esprit. Et quasiment, un de ses derniers mots, dans la première lettre de saint Jean dans le chapitre 4, il nous dira trois mots, qui veulent dire la même chose, qui sont d’ailleurs liés. Si on enlève l’une des parties, l’autre ne tient pas. Il nous dit : « Dieu est amour ». Et pour que l’on puisse dire que Dieu est amour, dans un présent absolu, il faut que Dieu soit et père, et fils et saint esprit depuis toute éternité. Parce que pour aimer, il faut au moins être deux. Dieu est Amour…

Donc ce que nous découvrons aujourd’hui, c’est que ce n’est pas Zeus ou Apollon qui vient habiter dans notre monde, c’est L’Amour, par excellence. Dieu est Amour. Lui qui est invisible se rend visible. Voilà la Bonne Nouvelle. Nous sommes, parce que Dieu s’est fait Homme, de la famille de Dieu. On est tous cousins, tôt ou tard. Avec Jésus aussi ! Nous le sommes par nature, et puis nous pouvons l’être, et si vous êtes ici dans cette église c’est bien que vous avez choisi cela, nous pouvons être frères et sœurs de Jésus par choix. Oui, nous pouvons choisir d’être en amitié, en relation, en fraternité avec Jésus. C’est ce que dit encore saint Jean dans l’évangile. « Il est venu chez lui ». C’est nous, « chez lui ». « Et les siens ne l’ont pas reçu ». Tant de monde n’a pas su reconnaître en Jésus le Fils de Dieu. « Mais à ceux qui l’ont reçu, Il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu ». Et ce titre, « enfants de Dieu », nous l’avions par nature puisque nous sommes créés par Dieu, mais nous le sommes par choix puisque nous avons acceptés ce cadeau de la filiation. Nous sommes des fils de Dieu. Et donc si nous sommes des fils et filles de Dieu, nous sommes héritiers de son projet et donc nous voulons ce que Dieu veut, et Dieu veut quoi pour nous ? Pour l’humanité entière, pour la Terre entière ? Il veut la joie et le bonheur pour chacun de nous ; La joie et le bonheur… Et puisque nous sommes héritiers, frères et sœurs du Christ, Fils de Dieu, nous sommes invités à coopérer, à collaborer à ce projet divin. La fête de Noël, c’est cela. Nous sommes maintenant partie prenante du projet de Dieu pour nous.

III – Nous sommes les messagers de la Bonne Nouvelle

Et je vais conclure avec un tout dernier mot, en citant la première lecture, parce qu’en fait, elle parle de nous cette lecture. « Comme ils sont beaux sur la montagne les pas du messager ». Le messager, c’est moi ; c’est vous ! « Comme ils sont beaux sur la montagne les pas du messager ». Celui qui annonce la paix, qui porte la Bonne Nouvelle, qui annonce le Salut. Aujourd’hui, jour de Noël, au total, sur le territoire de la paroisse, environ 1300 personnes sont venues dans nos églises. Il y a 39 000 habitants sur notre territoire. Cela veut dire qu’il y en a 37 000 qui ne savent pas qu’ils font partie de la famille de Dieu, qu’ils sont aimés de Lui. C’est notre mission. C’est une mission joyeuse, et qui nous comblera de joie. Le plus beau cadeau que nous ayons reçu, c’est Dieu lui-même, et nous sommes invités à le partager. Alors laissons-nous aimer, et aimons.