La logique de l’incarnation

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Homélie du 23e dimanche de TO, année B – 5 septembre 2021
Is 35, 4-7a ; ps 145 ; Jc 2, 1-5 ; Mt 7, 31-35

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

I – Par son corps d’homme, Jésus-Dieu vient nous toucher

Est-ce que vous avez bien écouté l’Évangile ? Le texte qu’on vient de lire.  Qu’est-ce qui se passe ? Jésus est là – c’est souvent vrai dans l’Évangile, c’est toujours l’histoire de Jésus – donc, Jésus est toujours là. Et on amène à Jésus quelqu’un qui était sourd : il n’entend pas, et comme il n’entend pas, il a du mal à parler, car, lorsque l’on n’entend pas, c’est difficile d’apprendre à parler. Et les amis de ce sourd disent : Jésus, est-ce que tu peux le bénir, est-ce que tu peux dire du bien sur lui ? Et que dit Jésus ? « Oui ». Il l’emmène à l’écart, et que fait-il ? Il fait trois choses. La première chose : Il souffle, Il soupire. La deuxième chose : Il dit « Ephata », c’est un mot araméen qui veut dire « ouvre-toi. » Merci ! Et la troisième chose qu’Il fait : Il prend son doigt, Il le met dans les oreilles de celui qui n’entend pas, et puis, ensuite, Il prend Sa salive et Il la pose sur la bouche, sur la langue, de celui qui ne parle pas. C’est bizarre, hein ? Ce n’est pas très covid, tout ça !

Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que Jésus aime notre corps. Il trouve que c’est une bonne chose, et, en fait, quand Il vous regarde, Il voit que vous êtes beau. Et quand Il regarde le sourd et muet, Il voit qu’il est beau, et donc – ce sourd et muet est un peu malade – Il veut prendre soin de ce corps. Et que se passe-t-il après ? Qu’est-ce que qui se passe avec le sourd-muet ? Il se met à entendre, et il se met à parler. Jésus, pour nous soigner, pour entrer en relation avec nous, pour prendre soin de nous, a pris un corps, Il est un homme, pleinement, et c’est avec ce corps que Dieu a choisi de nous rencontrer. D’ailleurs, c’est une chose un peu étonnante. Je ne sais pas si vous avez entendu, à la toute fin : la foule est là et dit « Il a bien fait toutes choses ». Et qui fait bien toutes choses, normalement ? Pour les grands, cela doit vous faire penser au premier chapitre de la Genèse : « Et Dieu vit que cela était bon ». Dieu, c’est Celui qui fait bien toutes choses, et Jésus, Lui aussi, fait bien toutes choses. Cela veut dire que Jésus est Dieu, Il est le fils de Dieu, Il veut faire de nous Ses amis : c’est pour cela que vous êtes là.

II – être ami avec Jésus, c’est se laisser toucher par lui

Voulez-vous être les amis de Jésus ? Oui. C’est pour cela qu’Il faut passer du temps avec Lui. Pour être ami avec quelqu’un, il faut être près de Lui. Peut-être même qu’il faut le toucher. Alors, vous allez me dire : mais Jésus, on ne peut pas Le toucher, parce qu’on ne Le voit plus. Il est monté au ciel, et depuis 2000 ans, on ne Le voit plus, alors, comment peut-on toucher Jésus ? [un enfant répond : « en hélicoptère ! »] Non, en hélicoptère cela ne marche pas, Jésus est inatteignable de cette manière-là. Mais Jésus a choisi quelque chose, deux moyens pour qu’on puisse Le toucher.

Le premier moyen, c’est celui du sacrement. Parmi nous, il y a un certain nombre de parents qui vont faire baptiser leur enfant. Et ce jour-là, le prêtre va prendre de l’eau pour la mettre sur la tête de l’enfant, et c’est vraiment Jésus qui vient toucher l’enfant pour le bénir et pour en faire Son ami, Son frère, pour en faire un fils de Dieu, ou une fille de Dieu. Ça, c’est la première manière, c’est un premier sacrement ; et il y en a un autre. Peut-être que, parmi vous, il y en a qui préparent ce sacrement, le sacrement de la communion. Quand on communie, c’est Jésus qui vient nous toucher, Il vient même dans notre bouche, et Il vient dans notre ventre, et Il vient dans notre cœur. D’accord ? Jésus vient nous toucher par les sacrements, le baptême, l’eucharistie, et puis tous les autres sacrements.

Et puis Jésus vient nous toucher d’une deuxième manière : Jésus vient rencontrer chaque homme de ce monde à travers nous, à travers moi. Jésus nous dit « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Et ce que vous ferez, selon le projet de Dieu, selon la volonté de Dieu, dans l’amour de Dieu, c’est moi, Jésus, qui le fais. Et là, nous sommes baptisés, c’est cette responsabilité-là que nous prenons.au jour de notre baptême. Nous devenons quoi – les enfants – quand on est baptisé ? Ami de Dieu, oui, mais on devient des chrétiens. Et un chrétien, c’est quoi ? C’est un autre Christ, c’est quelqu’un qui est ‘comme Jésus’. Vous saviez que vous étiez comme Jésus ? C’est un beau cadeau, quand même ! Cela veut dire que lorsque vous être en relation avec les autres, quand vous êtes attentif, gentil, poli, serviable, quand vous prenez soin de ceux qui sont tristes, eh bien, vous êtes envoyé par Jésus pour cela. Jésus veut entrer en relation avec chaque homme de ce monde, et Il passe par chacun de nous. Pour vous, ici, aujourd’hui, je suis le Christ. Mais, pour moi, ici, aujourd’hui, vous êtes, chacun de vous, le Christ.

Cette responsabilité-là implique une conversion, elle implique un changement de vie, elle implique une mise en cohérence de ce que je veux faire et de ce que je fais effectivement. Cette conversion est un peu difficile. C’est saint Jacques, dans la Deuxième Lecture, qui nous en parlait, Il disait ; c’est facile d’être accueillant pour les riches, cela l’est beaucoup moins de l’être pour les pauvres. Et, de fait, on le sait bien, et on a envie de changer notre cœur. On sait bien que ce qui compte vraiment est invisible pour les yeux. Et pourtant, on n’y arrive pas bien… Mais c’est pour cela qu’on vient à la messe. Ce n’est pas parce qu’on est parfait qu’on va à la messe, c’est parce qu’on est un peu nul, au contraire, et qu’on a besoin de l’aide de Dieu chaque jour. On a besoin qu’Il vienne mettre le doigt dans nos oreilles et de la salive sur la langue. On a besoin qu’Il nous ouvre les yeux, pour que nous devenions ce pour quoi nous sommes faits. Pour que nous devenions des amoureux : des amoureux de Dieu et des amoureux de nos frères.

III – Vengeance de Dieu ?

Et, enfin, je termine – un dernier mot –, dans la Première Lecture, il y a un mot qui est un peu étonnant : « Soyez fort, ne craignez pas, voici votre Dieu. » Ça, c’est une bonne nouvelle, Il vient. « C’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu ». C’est un peu surprenant, cette « vengeance de Dieu » ! Quand vous vous vengez, que faites-vous, les enfants ? Est-ce que c’est sympa de se venger ? Et pourtant Dieu dit : moi, je veux me venger. C’est bizarre, parce que Dieu normalement est toujours amoureux, attentif, toujours aimant et délicat. Alors qu’est-ce que cela veut dire, cette vengeance de Dieu ? Eh bien, on l’a vu, on l’a vu avec Jésus qui guérit celui qui est sourd et muet. Quand Jésus se venge, Il veut faire sortir le mal, de nous, d’abord, et de notre monde. La vengeance de Dieu, ce n’est pas la même que la nôtre, elle est tellement plus belle, tellement plus grande !

Alors, nous sommes invités, et je termine – c’est vraiment mon tout dernier mot – nous sommes invités à accueillir la vengeance de Dieu dans nos cœurs. À Le laisser chasser de nous toutes ces tendances mauvaises, tous ces péchés qui nous pourrissent la vie et qui pourrissent la vie de tous ceux qui sont autour de nous.

Et pour cela, il faut laisser un peu de temps au Christ. Il faut Le laisser nous rencontrer, il faut se laisser toucher par Lui ; voilà, c’est ce qu’on va essayer de faire cette année avec les enfants du caté, c’est aussi ce qu’on va essayer de faire tous ensemble, en communauté. Laissons-nous aimer par Dieu, laissons-nous remplir de Son amour, et laissons cet amour déborder de nous pour tous ceux qui nous entourent.