par le Père Hermann Kientega
1 R 19, 4-8 ; Ps 33 ; Ep 4, 30-5,2 Jn 6, 41-51
Du pain de la chair, au Pain d’éternité !
Manger et se nourrir sont des besoins existentiels pour l’homme. Pour bien vivre, il faut bien manger. Comme le corps a besoin de nourriture pour sa survie ici-bas, aussi, faut-il nourrir spirituellement le corps et l’âme pour l’éternité. Tout repas fut-il de quantité importante ne peut combler la faim existentielle des hommes
Bien-aimés de Dieu, les textes sacrés de ces derniers dimanches ne cessent de nous dépeindre les richesses incommensurables de l’Eucharistie et de son importance pour la vie et la mission des chrétiens dans le monde. Ce 19ème dimanche du temps ordinaire nous fait découvrir l’Eucharistie comme Pain pour la route, et force pour remettre debout tous ceux qui semblent désespérés et qui ont envie d’abandonner le combat de leur vie. Le prophète Élie dans la 1ère lecture du jour, était dans cette situation de déception. Lui le vaillant défenseur de la foi au vrai et Puissant Dieu, lui qui a défié et tué les nombreux prophètes du Dieu païen Baal, le voilà obligé de fuir devant une femme, la méchante reine Jézabel. Le voilà bientôt fatigué, à bout de souffle et découragé. Il commence à douter de lui-même : « Maintenant Seigneur, c’en est assez ! Je ne vaux pas mieux que mes pères » dit-il. Il pensait en finir avec cette vie. À quoi bon continuer de travailler pour un Dieu apparemment faible et absent ? Mais Dieu ne l’a pas abandonné. Pour lui manifester sa sollicitude, il lui envoya le pain qui lui donnera les forces nécessaires pour continuer sa longue marche. « Lève-toi et mange, car il est long le chemin qui te reste. ».
Bien des fois, comme le prophète Élie, il nous arrive aussi de sombrer dans le découragement ou le désespoir face à certaines épreuves que nous trouvons difficile à surmonter. Beaucoup de fidèles sont promptes à abandonner leurs engagements sur le chemin de la foi et de leur conversion. Certains renoncent à leurs résolutions, leurs nobles projets et entreprises. D’autre à cause des échecs, de la maladie ou du deuil, ne tardent pas à se demander si leur vie vaut encore la peine d’être vécue. Mais Dieu n’abandonne jamais ceux qui savent compter sur Lui. Il sait nous rejoindre au cœur de nos détresses pour restaurer nos forces et nous relever comme il l’a fait avec Elie : « Lève-toi et mange, car il est long le chemin qui te reste. »
Oui, notre Dieu ne supporte pas de voir ses fidèles abandonner le combat de leurs vies en si bon chemin. Il nous fournit toujours ce qu’il faut pour continuer la route jusqu’au bout. Le Pain donné à Élie dans la première lecture, préfigurait ce vrai Pain venu du ciel dont parle l’Évangile. Celui qui mange de ce pain, « vivra pour toujours », dit Jésus dans l’Évangile du jour. Ce Pain, c’est Jésus lui-même qui se donne à nous à chaque messe. Il est le vrai pain de la route par sa Parole et par son Eucharistie. Nous chrétiens, nous avons tous besoin de cette nourriture que Dieu nous donne pour continuer notre marche. Comme au temps de Jésus, il y a ceux qui croient et ceux qui refusent de croire en la présence réelle de Jésus dans ce Pain apparemment ordinaire, ce pain qui nous semble familier par ce que “fruit de la terre et du travail des hommes”. N’est-ce pas Jésus le fils de Joseph ? N’est-ce pas le même pain fabriqué par des boulangers humains ? Pourquoi vouloir nous faire croire que ce petit pain peut résoudre toutes nos faims existentielles ? Comment peut-on affirmer que Dieu est présent dans ce “petit pain” ? C’est une question de foi et d’expérience personnelle à vivre pour comprendre.
Frères et sœurs, en même temps qu’il révèle la véritable identité du Christ, l’Évangile de ce jour nous invite à prendre conscience de la richesse et de la puissance de cet Homme-Dieu qui se donne en nourriture pour la vie du monde. Jésus-Eucharistie est le « pain du ciel », notre nourriture pour la route. Il nous invite à venir à Lui et à le “manger” sans cesse. Venir à lui, c’est croire en sa Parole, c’est s’en nourrir, c’est l’accueillir comme un don de Dieu.
Malheureusement on constate que de nos jours, beaucoup de chrétiens négligent l’Eucharistie. Ce qu’ils ignorent peut-être, c’est que tant qu’ils ne mettront pas l’Eucharistie au centre de toute leurs vies, ils auront toujours du mal à aller jusqu’au bout de leurs entreprises et de leurs projets aussi nobles soient-ils. Oui, le chrétien qui manque de se nourrir de l’Eucharistie, viendrait à manquer un jour, de force et de courage pour aller jusqu’au bout de sa mission et de sa vie. C’est pourquoi beaucoup sombrent facilement dans le désespoir, le découragement et l’envie d’arrêter. Sans la force qui vient d’en haut, il nous sera toujours difficile de tenir debout face aux multiples épreuves de la vie. Si seulement les chrétiens pouvaient comprendre et croire que l’Eucharistie est notre unique force, le Pain de notre vie, le Pain qui relève ceux qui tombent, qui remet en chemin ceux qui déraillent, le Pain qui remet debout et qui nous donne un mental des forts et des vainqueurs.
De fait, un chrétien qui veut réussir sa vie et sa mission sur cette terre doit tout faire pour ne jamais se priver de l’Eucharistie. Signalons au passage que personne d’autre ne peut nous priver de L’eucharistie, parce que Jésus s’est donné pour la vie de tout le monde. C’est plutôt nous-mêmes qui nous en privons en posant des actes contraires à ce qu’est l’Eucharistie. Et c’est contre de tels actes que saint Paul nous met en garde dans la deuxième lecture du jour en ces termes : « Débarrassez-vous de tout ce qui est mauvais : paroles méchantes, emportements, colère, cris, injures ».
Alors frères et sœurs, chaque fois que nous tomberons dans le désespoir, chaque fois que nous serons tentés de renouer avec nos penchants mauvais qui nous privent de l’Eucharistie, tachons d’écouter et d’entendre la voix du Seigneur murmurer ces paroles : « Lève-toi et mange, car autrement ta route sera longue ». Que les grâces de cette Eucharistie nous aident à tout faire pour ne jamais manquer de ce Pain du ciel, Pain de notre route vers le Bonheur véritable. Amen !