C’est notre humanité qui est à la droite du Père !

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Homélie de la fête de l’Ascension, Jeudi 13 mai 2021

Par l’abbé Gaël de Breuvand

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Cette fête de l’Ascension, qui est la fin de l’histoire de Jésus sur la terre est l’occasion de reprendre le début.

I – Le projet de Dieu

Le projet de Dieu : Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance. Il le crée capable de relation, capable d’amour. Et l’homme, lorsqu’il a le choix, lorsqu’il est appelé à donner sa confiance, lorsqu’il est appelé à aimer, il s’y refuse ! C’est l’histoire d’Adam et Eve, c’est l’histoire du péché des origines.
Il y a comme une opposition de l’homme au projet divin et la conséquence en est une division. Séparation entre l’homme et Dieu : lorsque Dieu cherche l’homme. « Où es-tu ? ». L’homme s’est caché car il a eu peur. Division entre les hommes et particulièrement entre l’homme et la femme : « Ce n’est pas moi, c’est elle ! » C’est toujours comme cela d’ailleurs… Séparation entre l’homme et la création : il faudra travailler à la sueur de notre front pour gagner notre croûte. Et séparation même d’avec nous-mêmes. Vous savez, le corps est créé avec une âme, et l’âme, principe de vie, donne le mouvement et l’être au corps. Et voilà qu’ils sont séparables. Et de fait, la mort entre dans le monde. C’est cela le péché : c’est la division absolue, la séparation, la division. Et Dieu ne se résout pas à cette situation. Il aurait pu nous laisser mourir, mais cela ne lui convient pas. Alors d’abord, il nous maintient dans l’être, c’est-à-dire que nous mourrons, notre corps et notre âme seront séparés, mais notre âme ne disparaîtra pas. Ce principe de vie reste dans le cœur de Dieu. Il nous connaît et nous aime. Nous sommes précieux à ses yeux. Il nous maintient dans l’être.

Mais nous ne sommes pas faits pour être des anges au rabais. Nous avons été créés comme des êtres humains et notre avenir c’est d’être humain, avec notre corps et notre âme.

II – Jésus vient restaurer et amplifier le projet de Dieu

Ce projet de Dieu, on aurait pu avoir l’impression qu’il était raté à cause de nous. Mais Jésus vient, Il s’incarne, et quand Jésus vient, et bien c’est l’homme, – c’est saint Paul qui le disait -, c’est l’homme parfait. C’est l’homme Accompli. Celui pour lequel il n’y a pas de séparation. Son être… Tout en lui est unifié. Il pense ce qu’il dit, il dit ce qu’il pense. Il est absolument cohérent avec lui-même. Comment ? Parce qu’il est ajusté au Père. Tout en lui est aligné. Il est l’homme parfait, il est unifié. Du coup, la mort est vaincue. Il la vit pour nous accompagner mais la mort est vaincue. Quand il est ressuscité, il y a regroupement de son corps et de son âme et de la divinité tout entière en Jésus Dieu homme, corps d’homme, tout cela est lié, uni. Et dans sa résurrection, c’est non seulement lui-même qu’il ressuscite, qu’il rétablit dans cette unité, mais c’est aussi toute notre humanité. C’est aussi toute la Création. Parce que le projet de Dieu n’est pas seulement de sauver l’homme, mais bien de sauver toute la Création : on l’a entendu dans l’Évangile. « Proclamez l’Évangile à toute la Création ». Nous sommes les seuls à pouvoir être partie prenante du projet de Dieu. Jésus fait de nous, en ce jour de l’Ascension, ses collaborateurs. Ses adjoints… Il s’en va, et Il nous donne la mission de continuer son travail. Dimanche dernier, nous insistions sur cette amitié dans laquelle nous sommes invités à entrer, et quand on est amis, on devient responsable de l’autre, et ce qui compte pour lui compte pour moi. Ce qui compte pour Jésus, c’est que l’Homme soit sauvé. Et bien cela doit aussi compter pour moi.

Jésus monte au ciel. Il disparaît à nos yeux. Les disciples qui étaient présent auraient bien aimé une sorte de retour en arrière. « Quand est-ce que l’on verra ton royaume en Israël ? » Mais Jésus ne nous invite pas à un retour en arrière. Nous ne revenons pas au paradis terrestre. Nous ne revenons pas dans la situation d’Adam et Eve. Au contraire, nous allons plus loin. Nous dépassons cela. En fait, par la mort et la résurrection de Jésus, par son Ascension, nous entrons dans une intimité nouvelle avec Dieu qui n’existait pas dès l’origine. Finalement quand Dieu répare la Création, il fait mieux que le projet original.

Vous connaissez cette petite histoire qui date du XVe siècle ? En Chine, il y avait un vase en porcelaine très précieux qui avait déjà 1000 ans, et quelqu’un casse ce vase. Du coup, on se prépare en pleurant à le jeter. Mais un artiste dit : « Donnez-moi ça, je vais le réparer ». Il l’a réparé, mais on voyait qu’il avait été réparé. Mais en guise de colle, il avait mis un fil d’or… Le nouveau vase était tellement plus beau que l’ancien.

III – L’Ascension, prémisse de la résurrection finale

Et bien l’œuvre de Dieu, c’est du même ordre. La restauration, la réparation dépasse tellement le vrai original. Alors nous pouvons être convaincu d’une chose : Jésus est monté au Ciel, Avec son corps, avec son humanité. Il est à la droite de Dieu. À la droite de Dieu, il y a le corps d’un homme. En Dieu, il y a un cœur d’homme. Et Dieu nous prend au sérieux. Il ne nous invite donc pas à être des anges au rabais. On pense souvent à nos défunts en disant : « oui, maintenant il est parmi les anges ! » Non, il est encore mieux ! Il attend la résurrection, et pour nous qui sommes des êtres humains c’est encore plus important. C’est bien plus joyeux d’attendre la résurrection et de nous retrouver avec nos corps. Nous ne sommes pas faits pour être uniquement des anges. Nous sommes faits pour être des Christ. Et nous l’avons dit dans l’oraison, dans la prière d’ouverture : « En espérance, nous sommes déjà au ciel. » Notre tête est montée au ciel. C’est la deuxième lecture qui a insisté sur le corps que nous formons. Notre tête c’est le Christ. Christ est au ciel, et nous le corps nous sommes fait pour suivre la tête. Nous sommes déjà au ciel, en espérance. En espérance… C’est une forme de foi. De certitude… Il n’y a plus qu’un seul combat à mener : – vous allez me dire, c’est un grand combat pas si facile -, c’est de poser les actes d’amour du quotidien qui nous mettent en rapport, qui nous ajustent à cet appel, à cette destination, qui nous ajustent à cette victoire qui est déjà obtenue. Il s’agit pour nous d’être aujourd’hui un peu plus et un peu mieux membres du corps du Christ. Il s’agit pour nous d’aimer de se laisser aimer.