Le Bon Pasteur et la chèvre de monsieur Seguin

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Porte du tabernacle de la chapelle du Bon Pasteur à Genas – installée le 24 avril, veille de la fête

Homélie du 4e dimanche de Pâques, Dimanche du Bon Pasteur, 25 avril 2021, Année B
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Quand j’entends cet évangile, c’est un peu similaire à l’évangile de la brebis perdue : Je pense d’abord à la chèvre de Monsieur Seguin ! De fait, il y a quelque chose : une brebis qui est tout aimée, qui est connue par son nom, par un pasteur, un berger fou amoureux… Il y a quand même une différence, c’est que le beau, le vrai, le bon berger, le bon Pasteur, ce vrai pasteur qu’est Jésus, Il donne sa vie et Il nous sauve ! Ce que Monsieur Seguin, avec tout son cœur, n’est pas arrivé à faire… Jésus est le bon berger. C’est lui qui le dit : il se présente comme cela. Donc ce doit être une image importante. Et il la reprend dans la parabole de la brebis perdue. Il est le bon berger, le vrai pasteur, celui qui connaît toutes ces brebis par leur nom.

Il faut se projeter un peu ; nous ne sommes pas très paysans aujourd’hui… Un troupeau de brebis, ça compte vite quelques têtes : une centaine, 150… Il les connaît toutes, Il les reconnaît ! Cela signifie qu’il a une attention toute particulière pour chacune d’elles. Et on voit bien que ce bon Pasteur qui est Jésus, il est bien meilleur que le curé que je suis, qui est un peu perdu dans les noms.

I – le Bon Pasteur, c’est Jésus

Le bon Pasteur : quelle est sa caractéristique ? Il connaît ses brebis. Et ses brebis le connaissent. C’est un mot important dans l’Évangile, que l’on a également entendu dans la lettre de saint Jean. « C’est pourquoi le monde ne nous connaît pas, c’est par ce qu’il n’a pas connu Dieu. » Cette notion de connaître doit être importante… Pierre connaît Jésus. Et il le présente à ses auditeurs. Il faut connaître Jésus. Qu’est-ce que connaître signifie ? Dans le sens courant, connaître quelqu’un, c’est souvent un regard extérieur : « Est-ce que vous connaissez un tel ? Bah oui je le connais je l’ai rencontré hier ! » Mais en réalité, dans connaître au niveau étymologique, il y a la notion de naître, et il y a avec. Connaître, c’est naître avec, c’est grandir ensemble. C’est être dans une proximité. Au point que dans la Bible, lorsque l’on dit que Abraham a connu Sarah, c’est qu’on s’attend à ce qu’il y ait un enfant pas très longtemps après… La connaissance, c’est vraiment une rencontre au plus haut point. Et d’ailleurs Jésus le dit : « Je connais mes brebis, mes brebis me connaissent comme moi je connais le Père et que le Père me connaît ». C’est même cette proximité-là : l’intimité de la Trinité. Dieu Père, qui aime le Fils et le Fils qui aime le Père. La clé est là. Connaître ce moment-là, cela signifie aimer.

II – la Brebis, c’est moi

Aimer. Il est le bon Pasteur, il aime ses brebis et ses brebis l’aime en retour. C’est finalement le chemin de la joie et du bonheur. Le pasteur c’est celui qui est devant, avec son bâton. Et puis derrière, il y a les chiens. Et avec son bâton que fait-il ? Il mène la brebis la plus importante, celle qui a des grelots autour du cou. Et toutes les autres suivent. De fait, nous sommes invités à le suivre, à prendre son chemin. Et lui le Seigneur, il prend soin de nous, Chacun, personnellement. Et pas seulement de nous, mais aussi du voisin et aussi de ceux qui ne sont pas de cet enclos. Quand Il s’adresse aux Pharisiens, il veut faire comprendre aux juifs qu’ils ne sont pas les seuls à être appelés au Salut, mais bien toutes les nations ! Heureusement, c’est ce qui fait que nous sommes là ! Le Père aime le Fils, le Père aime Jésus. Pourquoi ? Parce qu’Il donne sa vie pour la recevoir de nouveau. Le Père lui a donné la capacité de recevoir sa vie à nouveau.

Voilà quelques pierres posées. Car il s’agit maintenant de réfléchir : qu’est-ce que le bon Pasteur ? OK. La relation entre lui et moi. OK. Je suis la brebis, et non pas un mouton. Et il me faut suivre le bon Pasteur.

III – Mais le bon pasteur, c’est aussi moi !

Mais est-ce tout ? Est-ce que cela suffit ? Non ! Nous le disions au début de la messe, nous avons été baptisés. Et au jour de notre baptême, nous avons été configurés au Christ. Nous sommes chrétiens. Donc nous sommes d’autres Christ. Donc la mission de berger, de Pasteur, elle est aussi pour chacun de nous, baptisés. Et chacun de nous la déploie d’une manière différente. Je suis prêtre, j’ai donc cette mission de pasteur d’une manière spécifique auprès de notre communauté. Il y a des parents parmi nous qui sont invités à être pasteurs pour leurs enfants. Il y a des époux et des épouses qui sont invités à être bon berger de leurs conjoints. Nous sommes tous invités à être des Jésus pour les autres. Et comme Lui, donner notre vie. Et c’est en donnant notre vie que nous deviendront capables de la recevoir à nouveau.

Conclusion : Mon corps donné pour vous

C’est exactement le mouvement de la messe. La liturgie, c’est cela. Nous nous offrons sur cet autel ; Jésus se donne. Pourquoi ? Pour que nous puissions nous donner avec Lui. Pendant le temps de l’offertoire, on offre le pain et le vin, on offre nos corps, nos vies. Et Jésus dit, à travers la bouche du prêtre : « ceci est mon corps donné pour vous ; Ceci est mon sang donné pour vous ». Et si on réfléchit quelques instants : ceci est mon corps donné pour vous, Jésus le dit pour chacun de nous, mais le prêtre le dit pour vous, sa communauté. Je vous donne ma vie, mon temps, mon énergie. Mais pas seulement. Les maris disent cela à leurs épouses. « Je te donne ma vie, mon corps, mon être ». Et les épouses le disent à leurs maris. « Je te donne ma vie. Mon être ». Et les mamans donnent leur vie, leur temps à leurs enfants. Et d’autant plus quand on pense à une maman enceinte qui donne son corps. De fait, elle n’est plus unique propriétaire d’elle-même… Et c’est bien un don.

C’est bien en donnant, en offrant ce que nous sommes que nous pouvons alors recevoir ce que Dieu veut que nous soyons. Et c’est ainsi que nous trouvons la vraie joie et le vrai bonheur. Alors demandons au Seigneur de nous appeler par notre nom, que nous nous reconnaissions, et que nous sachions lui répondre : « Oui Seigneur, Je viens. Je veux m’offrir à Toi comme Toi, Tu t’es offert au Père. Je viens pour être un berger, comme toi Tu es berger. Je viens pour te connaître comme toi Tu me connais ».