Il est VRAIMENT ressuscité – Homélie du 3e dimanche de Pâques, Année B

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par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Cet évangile – un tout petit point de contexte – on est dans l’évangile selon saint Luc. Le récit juste avant, c’est « les Disciples d’Emmaüs », cela vous dit quelque chose ? Ils sont deux disciples – nous sommes le dimanche de Pâques – et ils sont tout désappointés, parce que Jésus est mort ; il y a bien des femmes qui sont venues leur dire qu’elles L’avaient vu et qu’Il était ressuscité, mais vraiment ils n’y croient pas. Et ils sont rentrés à Emmaüs, et là, sur le chemin ils ont rencontré un homme qui leur a parlé, qui leur a expliqué que le Messie, c’était normal, c’était annoncé qu’Il meure et qu’Il ressuscite… et, au dernier instant, ils L’ont reconnu. Et, à ce moment-là, au dernier instant où ils le reconnaissent, Jésus disparaît à leurs yeux. Alors, ils font demi-tour et ils courent à Jérusalem et vont annoncer cette Bonne Nouvelle : « Nous avons vu Jésus, Il est ressuscité ! » et c’est là que commence notre Évangile.

I – il est ressuscité !

Car, à ce moment-là, qu’est-ce qu’il se passe ? Jésus vient au milieu d’eux, Il est ressuscité ! Réaction de tous ceux qui sont là : ils ont peur ! Ils voient Jésus ressuscité : première chose, ils ont peur ! Ils croient que c’est un fantôme, ou que c’est un démon, ou un esprit mauvais… En fait, ils ne croient pas encore en la Résurrection. Oui, croire qu’un mort est vivant, c’est un peu difficile à avaler, c’est une pilule un peu grosse ! D’ailleurs, pour vous dire à quel point c’est une pilule difficile à avaler : il y a quelques années, je lisais un journal qui a « chrétien » dans son titre, donc on peut dire que ce n’est pas mal : et ce journal nous expliquait que « Jésus ressuscité, c’était une façon de parler. En fait Jésus est mort, mais il avait un message tellement fort, que lorsque les disciples sont sortis de leur dépression et de leur tristesse ils se sont rendu compte que le message de Jésus était vivant dans leurs cœurs. Alors pour nous signifier cela, ils ont dit : Oui, Jésus est ressuscité ! Mais ce n’était pas vrai. C’était une sorte de conte, un mythe, pour nous dire l’importance du message de Jésus ».

En fait, c’est terrible, car d’abord ce journal a également dans son titre le nom « témoignage » mais il fait exactement l’inverse. Parce que le témoignage des disciples, c’est quoi ? C’est d’abord : ‘Ah zut c’est peut-être un fantôme, on va rester prudents, on va rester à distance, c’est peut-être une vision, une hallucination’ ? La semaine dernière, on entendait le même événement dans l’Évangile selon saint Jean. Dans ce dernier, il est raconté à peu près la même chose, avec, en plus, le témoignage de l’apôtre Thomas, vous savez, celui qui ne veut pas croire sans avoir vu. De fait, quand Thomas revient, les dix autres lui disent : « Nous avons vu Jésus, Il est ressuscité ! » Thomas leur répond : ‘il vous manque une case, vous avez tellement envie de voir Jésus vivant, que vous prenez vos rêves pour des réalités !’ Et c’est là où l’on voit que Thomas est sympathique comme garçon, parce qu’il a beau penser que ses amis sont complètement frappés, il reste avec eux !

II – Il est VRAIMENT ressuscité

Bon, celui qui sera surpris la semaine suivante, ce sera lui, car Jésus lui apparaît et lui dit « Mets ton doigt dans ma main, mets ta main dans mon côté », et, là, Thomas croit… Là, c’est pareil. Jésus est obligé de leur dire « Regardez, touchez, Je suis là. » Et même là, ce n’est pas encore suffisant : « Dans leur joie ils n’osaient y croire ». Leurs cœurs sont partagés, alors Jésus leur dit « Donnez-moi à manger ». On sait que le corps de ressuscité de Jésus, il peut être là et pas là, on ne sait pas comment Il est là au milieu d’eux. Jésus ressuscité est là au milieu d’eux, Il est passé à travers des portes fermées, on ne sait pas trop. Mais, d’un coup, Il était là. Donc, a priori, Jésus n’a pas besoin de manger, mais Il peut manger, car Il a un vrai corps.

De fait, c’est une chose sur laquelle insiste la Parole de Dieu, la Bible, les évangiles : Il est vraiment ressuscité. Ce n’est pas juste une façon de parler, ce n’est pas comme Blanche Neige qui se relève, ce n’est pas un conte, ce n’est pas non plus la théologie du roi Lion : ‘il est là dans les étoiles, il nous regarde et il nous aime…’ non ! ‘parce que surtout, Il est dans mon cœur car on sait qu’Il n’est pas vraiment là’… non !

Il est vraiment ressuscité. Nous pouvons entrer en relation avec Lui, nous pouvons L’écouter, nous pouvons Lui parler, nous pouvons Le toucher.

Mais il y a une condition : il faut la Foi. C’est-à-dire faire confiance à une Parole qui nous est donnée. Aujourd’hui, c’est la parole de saint Luc. Est-ce que je fais confiance à cette parole-là ? Si je Lui fais confiance, alors je deviens capable de croire, vraiment. Jésus, nous pouvons le rencontrer.

III – Rencontrer Jésus

Vous le savez, vous les connaissez, les quatre grands moyens pour Le rencontrer. Premier moyen, la prière : faire le silence, ouvrir mon cœur à Dieu, laisser du temps à Dieu pour qu’Il me touche. De fait, si je n’y crois pas, je ne lui laisserai pas la place. Il se propose de venir me rencontrer. Est-ce que je lui laisse le temps de ça ? On peut aussi Le rencontrer dans la Parole de Dieu : quand j’ouvre la Bible, c’est Jésus qui me parle, alors est-ce que j’accepte de L’écouter ? Ensuite je peux Le rencontrer dans les sacrements, dans cette Eucharistie, que vous allez recevoir dans quelques instants. Lorsqu’on Le voit avec nos yeux de chair, on ne voit qu’un morceau de pain, petit, même pas très bon, mais avec les yeux de la foi, parce que je fais confiance à la Parole de Jésus, parce que je fais confiance à cette Parole que les apôtres m’ont rapportée, je crois que, vraiment, c’est le Corps du Christ, Celui qui est ressuscité, Celui qui est vivant. Et enfin, moi, aujourd’hui, je rencontre le Christ, là, devant moi, car vous êtes chrétiens. Dieu est venu habiter dans vos cœurs et, par le baptême, vous êtes devenus membres du Corps du Christ. Donc, d’une certaine manière, vous êtes le Christ, et c’est pour cela que je suis appelé à me mettre à votre service. C’est pour cela que vous êtes invités à vous mettre au service les uns des autres : « Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés. » C’est ça l’Eucharistie : rencontrer Jésus qui est vraiment ressuscité, ce n’est pas juste une façon de parler, c’est vrai !

Conclusion : Un acte de foi, mais pas irrationnel !

Cela nous dépasse – je termine avec ça – cette vérité de Jésus ressuscité, elle nous dépasse, elle est un peu au-delà de ce dont nous sommes capables, mais ce n’est pas pour cela que c’est irrationnel, ou idiot, ou mythique, ou je ne sais… C’est fondé en raison : parce que des gens étaient là et ils ont vu, et c’était des gens très très différents, entre un saint Luc, un saint Paul, un saint Pierre, un Marc, une Marie-Madeleine, une Marie femme de Cléophas… Tous ces gens-là, dans leur diversité, ont reconnu Jésus vivant. Et ils ont tous eu du mal à le reconnaître d’ailleurs ; pour tous cela a été compliqué, parce que – définitivement – qu’un vivant ou plutôt qu’un mort soit vivant aujourd’hui, cela ne rentre pas dans notre petite tête. Il nous faut faire un pas de plus, et ce pas de plus, c’est celui de la foi. Aujourd’hui, Jésus va visiter vos cœurs dans l’Eucharistie, et c’est pour faire grandir en vous la foi et l’amour. Demandez-Lui, demandons-Lui : « Seigneur, fais grandir en moi la foi, afin que j’aime plus, que j’aime mieux, car je sais que c’est pour cela que je suis fait. »