Homélie du Vendredi Saint 2021

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Homélie de l’office de la Passion du Seigneur, Vendredi Saint, 2 avril 2021
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

« Femme, voici ton Fils. Voici ta Mère – J’ai soif – tout est accompli ». Trois paroles du Christ sur la Croix, qui nous sont données par saint Jean. « Femme ». Étrange appellation. Mais Marie est la femme par excellence. Elle est la nouvelle Eve et dans son être même, elle accomplit ce que Eve elle-même n’avait pas su accomplir. Jésus l’avait déjà appelée ainsi, aux Noces de Cana. Par elle, par cette femme-là, par la femme, nous est donné le Salut du monde. Et près d’elle, le disciple qui l’aimait. On pense que c’est l’évangéliste, Jean lui-même. Mais qui ne se nomme jamais. « Le disciple qui l’aimait ». Non pas le disciple préféré, non pas le disciple qui l’aimait le plus, mais le disciple qui l’aimait comme le prototype de tous les disciples. Jésus aime… D’un amour particulier et singulier. Chacun de ceux qui veulent se reconnaître ses disciples, nous sommes aimés, à la folie, par le Christ !

« Femme, voici ton fils, Voici ta mère. Et le disciple accueillit Marie chez lui ». Marie, cette femme, elle est mère de l’Église. Elle est mère de tous les disciples. Et si nous voulons être vraiment dans l’Église, si nous voulons accueillir l’Église dans nos cœurs, il s’agit d’accueillir Marie chez nous. Il s’agit de se reconnaître disciple bien-aimé.

« J’ai soif ». Un cri de souffrance physique. Un cri de détresse et de solitude. Là encore, on avait déjà entendu cette parole-là. « Donne-moi à boire ». Et c’était la samaritaine. Le cri de Jésus est d’abord un cri spirituel. Il a soif… de nous. De notre amitié, de notre amour. Il a soif… de notre sainteté. Il a soif… que notre liberté réponde à l’engagement de son être, à l’engagement de sa liberté. Il a soif… de nous accueillir dans sa vie. Cri de détresse, parce qu’Il nous voit trop souvent mal user de notre liberté, trop souvent refuser l’Amour, refuser le Salut qu’il veut nous donner. « J’ai soif ».

« Tout est accompli ». Tout est consommé. On entend aussi « tout est fini ». Et ceux qui sont au pied de la Croix ont bien cette impression. Tout est fini. Nos rêves s’effondrent. Et pourtant : Jésus a accompli ce qu’il était venu faire. Il a tout donné. Tout est accompli, tout est donné. L’Amour ultime s’est livré pour nous. On n’a rien donné tant que l’on n’a pas tout donné. C’est ce que nous signifie Jésus. Évidemment, cela nous paraît beaucoup trop grand, trop dur. Mais Il nous donne sa vie pour que nous puissions vivre en Lui, avec Lui, par Lui. En fait, ce « Tout est accompli », c’est un cri de victoire. Car tout est gagné. Le don total qu’il fait de lui-même, il nous permet de le vivre avec Lui. Et un jour, nous aussi, nous nous approcherons de la mort, et ce jour-là, il serait bon pour nous que l’on puisse dire : « oui, vraiment, cet homme-là est un défunt », puisque c’est ce que cela signifie. Un défunt, c’est celui qui est accompli. Que l’on puisse dire de nous : « oui, il était une image, un reflet, du Christ lui-même ».

« Femme, voici ton Fils. Voici ta Mère – J’ai soif – tout est accompli ».