Homélie de la Vigile Pascale

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Homélie 4 avril 2021
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

I – Victoire de Dieu, au bout d’un long chemin

Il en fallu, du temps, pour arriver à ce moment ! Nous avons entendu cette Parole de Dieu, cette longue Parole de Dieu – on en a rarement autant – qui nous rappelle toute l’histoire de la tendresse de Dieu pour les hommes. Dieu crée l’homme à Son image, nous sommes faits pour trouver la vraie joie et le vrai bonheur, nous sommes faits pour trouver l’amour, le véritable Amour, celui qui donne tout et qui nous comble. Et, nous le savons, ça ne se passe pas toujours bien. Nous prenons des chemins de traverse… mais Dieu ne se lasse pas, Il vient à notre rencontre, et nous l’avons entendu avec Abraham, avec Moïse, avec Isaïe, avec Ézéchiel. Mais, là encore, ça ne suffit pas, nous n’entendions pas, et Il finit par nous donner Jésus. Jésus, que nous allons mettre à mort, que nous avons mis à mort, c’était vendredi, et les responsables, c’est nous. Nous, qui sommes trop souvent injustes, c’est nous qui, trop souvent, nous satisfaisons de notre égoïsme.

Mais le Christ est ressuscité, Il a vaincu la mort, Il a vaincu la haine, et aujourd’hui nous sommes avec Léa, Laura, Élodie, et, pour elles aussi, l’histoire a commencé il y a longtemps, elles ont été créées par Dieu, et c’était déjà un acte d’amour, vous êtes dans le cœur de Dieu depuis toute éternité et Dieu a placé sur votre chemin des personnes, des événements, et a placé dans votre cœur un désir de Lui. Vous ne saviez pas forcément ce que c’était, il a fallu du temps pour comprendre, il a fallu du temps pour sonner à la porte de la paroisse, mais le Seigneur était là, à chaque instant, sur votre chemin. Et, aujourd’hui, Il veut vous faire rentrer dans Sa résurrection.

II – Lâcher nos idoles, choisir le Christ

Alors, c’est exactement ce qui s’est passé pour Abraham ou pour Moïse : il a fallu pour Abraham renoncer à ce à quoi il tenait le plus. On ne s’en rend pas bien compte, mais Isaac, c’est le fils de la promesse, c’est celui par qui Abraham devait avoir une descendance innombrable… et voilà que Dieu lui dit : « non, ça ne se passera pas comme cela ». Alors, c’est une épreuve, nous le savons, en lisant le texte. Mais, pour Abraham, qui est parti au petit matin, la nuit précédente devait être un peu compliquée, quand même. Il a renoncé à ce à quoi il tenait le plus, et finalement Dieu lui a redonné cela ; mais il avait appris à s’en détacher. Il avait appris à choisir Dieu plutôt que ce à quoi il tenait le plus. En fait, il était devenu un peu ‘propriétaire’ de son fils, peut-être, et il a appris à le lâcher…

Et, Moïse : Moïse appelle ce groupe d’esclaves, ce sont des esclaves, tous ces Hébreux, et il s’avance devant la mer Rouge, il traverse la mer Rouge, et là il a fallu que tous ces Hébreux abandonnent le confort de l’esclavage ; parce qu’en fait, il y avait quand même quelques avantages à être en Égypte. Il y avait du bon à manger, du bon à boire, on était posés… et quand ils franchissent la mer Rouge, ils vont renoncer à tout cela, à leur maison, ils vont se mettre à camper sous la tente. Et on sait que ce sera difficile pour eux ! Mais, ils franchissent la mer Rouge, ils acceptent de renoncer à leur esclavage. C’est un petit peu comme si nous, nous renoncions à nos téléphones portables (!). Et ils deviennent un peuple. C’est d’ailleurs très intéressant : juste avant la mer Rouge, ils sont un ramassis de gens, ils traversent, et juste en sortant, c’est un peuple qui se met à chanter : « éclatante est la gloire du Seigneur ! ».

IV – Se laisser de l’espace et du temps pour rencontrer le Christ

Aujourd’hui, vous allez être baptisées, vous allez recevoir le Corps du Christ pour la première fois, en attendant la Confirmation, qui viendra pour Pentecôte ; vous allez entrer dans la mort et la résurrection du Christ. D’une certaine manière, rien ne va changer. Et, en même temps, tout va changer. Et de fait, si vous ne vous posez pas la question « tiens, qu’est-ce qui doit changer aujourd’hui, pour moi ? » cela veut dire qu’il manque quelque chose… mais peut-être que la question est déjà posée, et déjà creusée. Le Christ vous aime, Il vous veut comme amies : il s’agit maintenant de soigner cette amitié, en Le rencontrant. Et ça, c’est vrai pour nous tous qui sommes chrétiens peut-être depuis longtemps, voire même habitués.

Nous avons à rencontrer le Christ dans ces quatre grands moyens, et vous les connaissez : nous rencontrons le Christ dans la prière, cette prière quotidienne de tous les jours, peut-être même qu’on s’ennuie devant le Seigneur – un petit peu comme les lectures tout à l’heure – mais on est avec Lui. Peut-être qu’on s’ennuie, mais on est avec Dieu. Dans la prière, dans la vie des sacrements, dans la messe le dimanche, dans l’Eucharistie que nous recevons, dans le sacrement de réconciliation, qu’il faut vivre régulièrement. C’est vraiment une rencontre avec le Seigneur ! Dans la Parole de Dieu, évidemment. Lorsque nous ouvrons la Parole, nous sommes touchés, aimés, et cela nourrit notre manière de prier, cela nourrit notre manière de recevoir les sacrements. Et puis, quatrième mode de rencontre du Seigneur, eh bien, ce sont dans nos frères, nous qui sommes ici : petit nombre, on le comprend, ce matin c’était un peu compliqué ! Mais, voilà, nous sommes invités à un même but, à une même finalité, et nous sommes un moyen pour les autres de rencontrer Dieu, parce que, en chacun de nous, Dieu est là. Du coup, lorsque nous nous rencontrons, nous pouvons nous aimer les uns les autres, et nous aimons Dieu aussi comme cela. Et nous aimons toujours les autres en nous mettant au service les uns des autres, mais aussi au service des plus pauvres, des plus faibles, des plus abandonnés, des plus isolés : « chaque fois que nous aurez fait cela à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’aurez fait. » Le Seigneur veut nous rencontrer, alors laissons-Lui un peu d’espace !

Et enfin un tout dernier mot : il s’agit d’aller au tombeau, tous les jours. De se poser la question : « Seigneur mais où es-tu ?  Qui nous poussera la pierre ? » Et on peut se faire aider. Nous sommes un peuple : c’est justement pour que l’on ne soit pas tout seul face à Dieu. Nous sommes ensemble. Et quelqu’un viendra à notre secours et nous découvrirons que le Seigneur est vivant, et une mission commence. Il s’agit d’en témoigner, il s’agit de le dire aux autres, et c’est toujours très intéressant de se rendre compte que les premières à savoir que Jésus est ressuscité, ce sont des femmes. Et ces femmes-là ont reçu une mission, celle d’annoncer Jésus. Et cette mission est toujours vraie. De fait, si les mamans, si les épouses, si les filles n’annoncent pas Jésus, les hommes vont avoir du mal à croire. On est très, très, dépendants ! On a besoin de vous !

Laissons-nous toucher par le Seigneur, et réjouissons-nous, car le Christ est ressuscité, Alléluia !