5e dimanche de Carême

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21 mars 2021

Avec le 3e scrutin de Léa, Laura et Élodie, et Timothée
Jr 31, 31-34 ; ps 50 ; He 5, 7-9 ; et l’évangile de l’année A en raison de l’étape de baptême, Jn 11, 1-45 ; en présence des futurs mariés de 2021
par l’abbé Gaël de Breuvand

Ceux qui ont un livre et qui suivent les textes de la messe se sont rendu compte que l’évangile n’était pas celui d’aujourd’hui. Vous le savez, nous avons des catéchumènes dans notre paroisse qui vont vivre leur 3e scrutin et, quand on vit le 3e scrutin, il faut prendre au moins l’évangile de l’année A qui nous parle de cet événement de Lazare à qui on a rendu la vie.

I – Homme où es-tu ?

« Où es-tu, homme ? Où es-tu ? » C’est le cri de Dieu, depuis les commencements, depuis le jardin originel, l’homme et la femme ont pris le fruit, ils se sont cachés et Dieu appelle « Où es-tu ? » Tout au long de l’histoire des hommes, le peuple d’Israël a rencontré Dieu dans le désert mais le peuple d’Israël L’oublie bien souvent et Dieu l’appelle : « Où es-tu ? » Et aujourd’hui encore, Dieu appelle chacun de nous. « Où es tu ? » Il nous appelle même par nos prénoms. Alors, aujourd’hui, Il appelle Léa, Laura, Élodie : où es tu ? Mais on peut mettre chacun notre nom car Dieu nous aime, Il nous appelle à Le rencontrer, à établir une relation avec Lui. Et, bien, souvent il n’y a pas de réponse. En fait, dans l’Évangile que l’on vient d’entendre, il y a eu ce même appel, c’était en tout cas la même idée : « Lazare, viens dehors ! » Et Lazare s’est levé, mais il était encore ligoté, enveloppé avec des bandelettes, un suaire sur le visage, et il a été libéré. Lazare était mort, c’était la mort physique. De fait, celle-la, nous y passerons tous, pas de surprise. Mais, cette mort de Lazare est l’image d’une autre mort, bien plus grave, dont on ne se remet que difficilement. Elle est l’image de la coupure de la relation, elle est l’image du manque d’amour, de l’anti-amour. Oui, cette mort de Lazare est bien plus grave qu’une simple mort physique. Vous me direz, la mort physique c’est quand même définitif… mais pas pour nous.

On a voilé les statues, on a voilé les croix, parce que nous voulons nous préparer à cette Croix ultime qui est la mort de Jésus et la Résurrection qui suit. Pas de Résurrection sans Croix et pas de Croix sans Résurrection, pour nous chrétiens. De fait, Lazare est revenu à la vie et puis, quelques temps plus tard, il meurt à nouveau, il n’a pas de bol, mais, quand il meurt à nouveau, il sait que Dieu donne la vie. Et ce qui nous attend, tous, à la fin, c’est la Résurrection : la vie où il n’y a plus que l’amour, où il n’y a plus de mort dans nos vies. Oui, Lazare est bien une image de l’humanité sauvée, libérée, par le Christ. Une image de l’humanité à qui le Christ veut donner Sa vie ; cette capacité d’entrer en relation, cette capacité d’aimer.

II – Dieu veut faire alliance avec nous

Dans la Première Lecture, qui, elle, venait de l’année B, c’est un extrait du Livre de Jérémie, au chapitre 31, verset 31, c’est une parole fondamentale dans toute l’Histoire biblique, Dieu innove et dit : « Je mettrai en vous un cœur nouveau car Je veux établir avec vous une alliance nouvelle, une alliance éternelle ». Dieu avait déjà voulu faire alliance avec nous et, nous, nous avons toujours été incapables de répondre correctement, sérieusement, convenablement à cette alliance. Alors, Dieu prend les grands moyens :  pour que cette alliance puisse s’établir, il va falloir que, du côté des hommes, il y ait un répondant fiable. Et ce répondant, nous Le connaissons, c’est Jésus. Il est fiable parce qu’Il est Dieu, Fils de Dieu, et Il est vraiment homme, et donc Il nous entraîne dans cette alliance avec le Père. Dieu veut faire alliance avec chacun de nous. Alors Il l’a fait, pour beaucoup d’entre nous, au jour de notre baptême. La question est : est-ce que nous y avons effectivement répondu ? Il l’a fait, et Il le fera, au jour du baptême de Léa, Laure et Élodie. Il le fera au jour de votre mariage, Il le fait chaque fois que nous décidons d’avancer un pas vers Lui, chaque fois que nous venons à la messe le dimanche, que nous communions, nous l’entendrons tout à l’heure : « Ceci est la coupe de Mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle », c’est ça ! Lorsque nous mangeons le corps du Christ, lorsque nous buvons Son sang, nous sommes entraînés dans Son alliance avec le Père.

III – accueillir l’amour, c’est accepter de mourir

Accueillir la vie de Dieu dans nos vies, c’est un peu paradoxal, mais cela implique d’accepter de mourir. En fait, la vie de Dieu, c’est une vie d’amour, une vie donnée, une vie où il n’y a rien d’autre que de la joie, finalement. Cela ne veut pas dire que cela sera facile tous les jours. Vous avez peut-être déjà un peu d’expérience, mais, vous savez que ce n’est parce que l’on s’aime que ça devient facile tout le temps. Il y a des moments où c’est un peu plus compliqué, et il y a des couples plus anciens qui pourraient en témoigner. Et pourtant, ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il n’y a pas de joies, peut-être même au contraire.

Donc accepter de mourir mais mourir à quoi ? Mourir à son propre égoïsme, à son propre orgueil, à sa propre volonté de puissance. Oui, en fait, accepter de mourir à tout ce qui est à la mode. Il y en a un qui avait fait ça, c’était un jeune homme, fils de bourgeois, assez riche, très fêtard, il était connu pour ça : Francesco Bernardone, en français, François d’Assise… Et puis il a été touché par le Christ, il a changé un peu de vie, il s’est décidé à se mettre au service de la joie des autres, mais, il manquait encore quelque chose, il a fallu un appel du Christ supplémentaire. Et, un jour, François a accepté de mourir à lui-même. C’est le jour où son père lui a dit : « Tu n’es plus mon fils. » Et François s’est dépouillé de ses habits, qu’il tenait de son père, et il lui a répondu, « Oui, j’accepte cette parole, Dieu est mon seul père. » On sait qu’ils se sont réconciliés après, mais pour autant, François a accepté de mourir à tout ce qui comptait pour lui : ses liens familiaux mais aussi sa réputation, sa richesse. Tout cela, il l’a laissé tomber. Et notre pape a choisi justement le nom de François d’Assise, comme dans le pontificat. C’est certainement pour nous secouer, on le connaît, il n’y a pas trop de doute : c’est pour nous secouer, pour nous réveiller. Est-ce que nous acceptons de mourir à nous-mêmes pour laisser le Christ gagner dans nos cœurs ? C’est un combat que nous menons, en fait, tout au long de notre vie, il n’y a pas un moment où l’on peut se dire : ça y est, je suis saint ! Non, cela ne marche pas, au ciel, peut-être…

Le combat, c’est nous qui le menons contre nous-mêmes, mais c’est le Christ qui nous donne la grâce, la force, pour le vivre ce combat. Il va, peut-être, être un peu long, ce combat, mais il y a une chose qui est certaine, une chose sûre, c’est que, à la fin, c’est Dieu qui gagne !