4e dimanche de Carême B

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Homélie du 4e dimanche de Carême, Année B , 14 mars 2021
par l’abbé Gaël de Breuvand
2Ch 36, 14-16.19-23 ; ps 136 ; Ep 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Les lectures qui nous sont données aujourd’hui sont une occasion de faire mémoire. Le livre des chroniques, – c’est la première lecture -, nous rappelle comment est arrivée la plus grande catastrophe de toute l’Histoire d’Israël : ce peuple qui avait un roi, un temple, une terre… a été vaincu et envoyé en exil. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas compté sur Dieu. Ils se sont pris pour un peuple guerrier, un peuple qui avait besoin de faire alliance avec d’autres rois, alors que tous les prophètes leur disaient : « Faites plutôt confiance au Seigneur ». Et ils n’y ont pas cru. Alors ils ont été réduits à rien. Ils ont été envoyés en exil. Plus de terre, plus de temple, plus de roi. Et dans cette épreuve de l’exil, ils se sont posés la question : « Mais pourquoi ? ». Et ils se sont rendus compte qu’il leur avait manqué peut-être le cœur même de la religion : la foi.

Alors ils ont fait mémoire. Et on a entendu le psaume qui est typiquement un psaume du temps de l’exil. « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite t’oublie ». Il faut faire confiance au Seigneur. Et l’auteur du livre des chroniques conclut le passage que l’on a entendu en montrant que Dieu n’a pourtant pas laissé tomber son peuple. Une chose étonnante est arrivée : un roi païen, Cyrus, a agi comme un envoyé de Dieu. Il a rendu sa terre au peuple. Il a permis la reconstruction du temple. Mais il n’y a pas eu de roi… Et là encore, dans la méditation du peuple juif, ils ont perçu qu’il y avait peut-être encore autre chose à attendre. Un messie définitif… Un envoyé parfait… Qui accomplirait exactement l’œuvre de Dieu et qui, lui, serait le prophète et le roi qu’on attend.

Est-ce que les Juifs ont mérité cette destruction ? Alors pour Le livre des chroniques, oui ! Pour nous chrétiens, pas forcément. En fait le mal, on ne le mérite pas forcément. C’est ce que dit le livre de Job. Mais parfois on le mérite quand même… À l’inverse, est-ce que le peuple juif a mérité de retourner sur sa terre ? A-t-il mérité d’être rétabli comme premier fils, comme premier peuple de Dieu ? Et bien pas plus, non. Hélas, il est rare que l’on mérite le bien. En fait cela n’arrive jamais. On ne mérite pas le bien. En fait, dans la méditation d’Israël, ils se sont rendus compte que Dieu était premier. C’est lui qui, gratuitement, veut notre bien et notre joie. En fait Il nous aime ! Et nous sommes invités à lui répondre. C’est lui qui commence. C’est lui qui fait le premier pas. C’est lui qui veut faire alliance avec nous et nous sommes invités à l’accueillir, à répondre à sa demande.

C’est le cœur même de la deuxième lecture, la lettre aux Éphésiens. C’est la grâce qui nous sauve, et non pas nos propres forces. Saint Paul avait souligné : « Moi je fais le mal que je ne veux pas et je ne fais pas le bien que je veux ». Généralement, si j’essaie d’être un bon gars par mes propres forces, il y a un moment ou un autre ou cela va s’effondrer. C’est Dieu lui-même qui fait un pas vers moi pour me donner sa grâce par le moyen de la foi. La foi, c’est le canal, la connexion. Cet acte, car c’est une décision de notre part, et en même temps c’est un cadeau de Dieu qui nous permet d’être en relation avec Lui. Et la grâce, c’est cet amour gratuit de Dieu, qui nous permet de nous mettre au pas de Dieu, au rythme de Dieu…

Alors comment se mettre au rythme de Dieu ? Comment faire pour que notre foi grandisse ? Comment faire pour accueillir la grâce que Jésus, que Dieu, veux nous donner ? C’est cet Évangile, ce texte issu du troisième chapitre de l’Évangile selon saint Jean. Vous savez, Nicodème c’est ce pharisien qui est très intéressé par Jésus. Il est un peu craintif. Les autres pharisiens peuvent avoir une petite dent contre lui. Donc il vient voir Jésus de nuit. En secret… Et il lui pose quelques questions. Et Jésus lui parle, Longuement ! On en a un petit passage ici. Jésus renvoie encore une fois à l’Histoire d’Israël : « Le serpent de bronze a été élevé par Moïse dans le désert, de même, le fils de l’homme sera élevé ». Ce serpent de bronze, qu’est-ce que c’est ? Vous souvenez-vous de cet épisode de l’Exode ? Que l’on retrouve aussi dans Les nombres. Il y avait des serpents brûlants qui avait attaqué le peuple d’Israël et qui ont fait plein de blessés et de morts. Le peuple s’est alors tourné vers le Seigneur et lui a dit : « Seigneur, sauve-nous ! » et Dieu a dit à Moïse : « Fais une effigie, une représentation de serpent, et mets-le sur un mat. Tous ceux qui regarderont ce serpent seront sauvés. » C’est ce qui est arrivé. Le serpent c’est quoi ? Qu’ont-ils regardé ? Ils ont regardé le mal qui les frappait. Alors le serpent, ce serpent brûlant que l’on trouve dans le désert c’est un animal physique, mais c’est aussi le mal qui est dans nos cœurs. C’est le mal que nous causons. Et le premier pas pour avancer à la suite du Christ, c’est de constater, de découvrir, que nous sommes pêcheurs. Nous sommes bien trop souvent cause de mal. « J’ai pas tué ! J’ai pas volé ! » Oui… Mais il m’arrive tant de fois de médire, de cancaner. Il m’arrive tant de fois de paresser, d’être égoïste et de ne penser qu’à moi. Tout ça n’est pas trop grave ! Non… Mais ça, plus ça, plus ça…

De fait, nous sommes invités à faire face au mal qui est dans notre cœur. Et comment le voir ? Et bien nous regardons Jésus. Jésus, sur La Croix, est élevé. Et s’Il est sur La Croix, j’en suis un peu complice. « Pardonne leur Seigneur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Heureusement pour nous, bien souvent, dans le mal que nous causons, nous n’en percevons pas toutes les implications. Mais pour autant, ce n’est pas pour nous le chemin du bonheur et de la joie. Et Dieu veut pour nous notre joie et notre bonheur. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné pour nous son Fils unique pour que nous ayons la vie éternelle ». La vie de Dieu lui-même ! Pour que nous soyons remplis juste d’amour, pour qu’il n’y ait plus que cela en nous. Alors il nous faut accueillir le cadeau qu’Il nous donne, se reconnaître pêcheurs, donc pauvre, et incapable de quoi que ce soit sans Lui. Quand nous entrons dans cette pauvreté là, dans cette prise de conscience que nous ne pouvons rien faire, alors nous devenons prêts à nous laisser aimer, à nous laisser aider. Nous voilà prêt à accueillir la grâce. « Le Seigneur notre Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que tout homme qui croit en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle ». Nous sommes destinataires de ce don. Dieu veut pour moi la vie éternelle : « Seigneur, apprends-moi à ouvrir mon cœur, laisse-moi me reconnaître pêcheur »

Et enfin, Jésus est venu dans le monde pour le monde. Pas seulement pour une petite fraction. En ce moment il y a 2 milliards de chrétiens qui prient, mais il en reste peut-être cinq. Nous sommes nous, chrétiens, appelés, missionnés pour être des collaborateurs du Christ pour être des porteurs de joie, pour être des porteurs de vérité. Dieu nous aime et il attend que, chacun, nous ouvrions notre cœur.