Le carême, pour entrer en Résurrection

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Homélie du mercredi des Cendres, 17 février 2021

Par l’abbé Gaël de Breuvand.
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

I – But et moyens du carême

En entrant dans le carême, nous entrons dans une longue période d’exercice, qui doit nous conduire à 40 jours d’ici. Le risque, quand on attaque une série d’exercices, – et c’est vrai aussi bien pour le sport que pour la vie spirituelle -, c’est de perdre de vue le but. Jésus nous donne le but. Et les autres lectures nous l’ont donné aussi. Le but du carême, c’est de devenir des justes.
Vous savez ce que c’est quelque chose d’ajusté : C’est quand c’est adéquat ! Si nous sommes une vis et que le bon Dieu est un boulon, il faut que l’un soit ajusté à l’autre et que le pas de vis coulisse bien. Cet ajustement, en réalité, c’est Dieu qui le fait en nous. C’est Lui qui nous sauve ! C’est Lui qui nous convertit ! C’est Lui qui transforme notre cœur ! Mais Il ne fait rien sans nous. Il a besoin de notre coopération. Il a besoin de notre accord ; Il a besoin de notre oui. Un oui répété, un oui renouvelé. Il s’agit de devenir des justes. Autrement dit d’être ajusté. Ça c’est le but.

Et du coup, les moyens nous sont donnés par Jésus. Des moyens qui nous sont donnés là comme des évidences. Ce sont les trois P du carême : prière, partage, pénitence. Et d’ailleurs c’est intéressant de voir qu’en premier, ce qui nous est donné, c’est le rapport aux autres. L’aumône ou le partage. L’attention aux plus pauvres et aux plus faibles. Une aumône en argent mais qui peut être aussi une aumône en attention pour ceux qui sont autour de nous et qui ont besoin de notre soutien.

En deuxième, c’est le rapport à Dieu. Rapport à Dieu… mais qui est là au centre du texte, tellement bien au centre du texte que ce que l’on vient de lire va du verset 1 au verset 18, mais on a sauté le verset 7 à 15. Tout le centre du texte ! Et vous savez ce qu’il y a entre le verset 7 et 15 ? C’est la prière que Jésus nous enseigne ; c’est la prière du Notre-Père. C’est là qu’est le centre de nos vies : dans cette relation à Dieu, une présence de notre part à Dieu, qui est là, toujours, présent. Dans le secret…

Et puis cette pénitence : le jeûne. C’est s’exercer sur nous-mêmes, pour nous décentrer de nous-mêmes. On a tellement l’habitude de chercher sa propre satisfaction. Eh bien exceptionnellement pendant ce temps de carême, en particulier mercredi des cendres et vendredi Saint, – mais on a le droit de faire plus ! –, nous sommes invités à renoncer à cette satisfaction immédiate.
Pourquoi ? Pour nous rappeler que Dieu est là et qu’Il nous aime. Il nous a dévoilé qu’il y a une nourriture plus importante que le pain. Sa parole ! De fait, peut-être que j’ai un peu faim ce soir ? Ça me permet de lever le regard vers Dieu. « Seigneur, c’est pour toi que j’ai faim. » C’est pour me permettre, et on l’entendra dans l’oraison, c’est pour me permettre aussi de réaliser que d’autres ont faim, et ils ne l’ont pas choisi. En fait ça nous aide à être plus attentif avec ceux avec qui nous devons être en relation : Le Père, nos frères.

II – Notre mission de carême

Bien avant Jésus, à l’époque du prophète Joël déjà, cet enseignement était donné. Mais si nous sommes invités à la pénitence par le prophète Joël, nous sommes invités à être dans la joie parce que le jeûne, ce jeune sacré, c’est une fête solennelle ! Ensemble ! Nous voulons tous ensemble faire cet effort de décentrement et nous tourner vers le père. Ce jeûne est l’occasion pour les prêtres qui se réunissent entre le portail et l’autel d’aller pleurer et dire : « Pitié Seigneur pour ton peuple ! » Intéressant cette parole. A l’occasion du jeûne, où le peuple juif tout entier va pleurer, va se recouvrir de la cendre, va jeûner, les prêtres iront entre le portail et l’autel pour dire à Dieu : « Pitié Seigneur pour ton peuple ! ». A l’époque de Joël, on parle bien évidemment des prêtres comme des descendants de Aaron et Levi. Mais aujourd’hui, de qui parle-t-on ? Qui sont ces prêtres chargés d’aller pleurer vers Dieu et de crier, « Pitié Seigneur pour ton peuple ! » ? Nous le savons Jésus est le grand prêtre par excellence. Au jour de notre baptême, nous sommes connectés à Lui et avec Lui, nous portons la mission de prêtre. Mission sacerdotale : nous sommes invités avec Lui à faire le pont entre la Terre, l’humanité tout entière et Dieu. Ce que je veux vous dire là c’est que ces prêtres qui sont chargés de prier pour le peuple et de demander l’Amour de Dieu pour le peuple tout entier, c’est nous tous, chrétiens. C’est ça notre mission sacerdotale du baptême. De nous tourner vers le père et de lui présenter notre monde. Ce peuple en puissance parce que Dieu veut que tout homme soit sauvé. Dieu veut que tout homme fasse partie de son peuple. Nous allons prier pour nos frères, ceux qui connaissent le Christ et ceux qui ne le connaissent pas. Ceux qui l’accueillent dans leur vie et ceux qui le refusent. « Pitié Seigneur pour ton peuple ! ». Et nous le savons déjà : Dieu, le Seigneur s’est ému en faveur de son peuple. Il a eu pitié de son peuple.

III – A la rencontre du Seigneur

Puis une troisième petite idée que je trouve dans la lecture de saint Paul aux Corinthiens. C’est cette urgence de la conversion. Le Seigneur dit dans l’Ecriture : « Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut, je t’ai secouru. » Et saint Paul nous le rappelle : « c’est aujourd’hui le moment favorable ». Le voici maintenant le jour du Salut. Pas demain parce que demain nous serons peut-être mort. Et ce sera trop tard. C’est Aujourd’hui que le Seigneur frappe à la porte de notre cœur et Il nous dit : « Viens, viens. Laisse-toi aimer ! » Et c’est aujourd’hui que nous pouvons lui répondre : « Seigneur viens, viens habiter mon cœur ! » C’est aujourd’hui que le Seigneur m’appelle et me dit « Reviens vers moi » et c’est moi aujourd’hui qui peux lui répondre : « Seigneur, je t’ouvre ma porte convertis-moi. Transforme-moi. Laisse-moi me laisser aimer. Aide-moi à me laisser aimer. Pour que je t’aime en retour ».

Je disais au début de cette homélie que quand on attaque une série d’exercices, il faut toujours se rappeler le but. Parce que si on fait des pompes pour faire des pompes, ça ne va pas aller bien loin. De fait, si l’on jeûne, si l’on fait l’aumône, si l’on prie, juste pour faire le jeûne, juste pour faire l’aumône, juste pour prier, cela ne va pas aller très loin. Notre carême, il est finalisé, il a un but. Et ce but, c’est Pâques. Ce but, c’est la vraie joie, le vrai bonheur. C’est l’éternité en présence de Dieu. Se laisser aimer, et l’aimer en retour. Aimer nos frères. Chanter avec eux la gloire, la louange, la puissance de Dieu. C’est ça le but.

Et alors comme dernier mot, je vais reprendre cette parole du pape François dans la joie de l’Évangile : « il y a des chrétiens qui ont des figures de carême sans Pâques ! » le pape nous invitait et nous invite toujours à être des chrétiens avec des visages de carême convaincu que Pâques est déjà là. La Résurrection nous est donnée. Alors qu’elle rayonne sur nos visages et qu’elle rayonne à partir de nous.