Sainte Marie, Mère de Dieu ; faire mémoire des Merveilles de Dieu

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Homélie de la solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

I – Comme Marie, accueillir Dieu qui sauve

Voilà huit jours que nous avons fêté Noël, et le huitième jour, c’est le jour de la circoncision. Le jour où l’on nomme les enfants, les garçons juifs. Et Jésus reçoit ce nom. C’est le nom que l’ange avait demandé, mais cela est passé par l’intermédiaire de Marie, à qui l’ange l’avait annoncé au jour de l’Annonciation. Mais aussi par Joseph, puisque l’ange dans son songe, lui avait dit : « tu nommeras cet enfant ».

Jésus, Dieu sauve ! C’est cela le meilleur vœu que je puisse vous souhaiter en ce début d’année. Que le Seigneur vous prenne en grâce et vous bénisse. Nous le savons ! Le Seigneur nous prend en grâce et nous bénit. Que Jésus, qui est cette bénédiction, eh bien que vous l’accueilliez pleinement dans votre cœur et dans votre vie. De fait, vous le savez, on se souhaite la santé mais on n’y peut pas grand-chose. Surtout en ce moment… On voit bien que ceux qui tombent malades sont ceux qui ne devraient pas tomber malades. Par contre, la manière dont nous allons vivre les épreuves que nous aurons cette année, ça, ça dépend de nous ! Cela dépend aussi de la grâce de Dieu. Mais la grâce de Dieu, nous est donnée. Voilà notre espérance ! L’année ne peut que bien se passer si aujourd’hui nous choisissons d’accueillir le Christ dans nos vies.

Aujourd’hui, l’Église a choisi de mettre ce jour octave de la nativité en l’honneur de la Vierge Marie, la Mère du Seigneur, celle qui a porté Jésus dans son sein. Mais pas seulement : elle a aussi porté la Parole de Dieu dans son cœur. Et c’est peut-être cela le plus important. En fait, – c’est même sûr ! -, si Marie est sainte, ce n’est pas parce qu’elle a été porteuse du Christ, c’est parce qu’elle l’a reçu pleinement dans toute sa vie. On a ce petit passage : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditaient dans son cœur ». Dans l’Évangile selon saint Luc, c’est assez frappant. Ce passage vient deux fois. C’est l’essentiel ! Marie reçoit cette grande grâce. Elle a reçu la visite de l’Ange, elle a reçu la visite des bergers qui lui ont dit que ce Jésus était bien le messie attendu et elle garde tout cela dans son cœur. Et cela va lui permettre d’avancer dans sa vie, dans ses moments de joie et dans ses moments d’épreuves.

II – Faire mémoire de la Grâce de Dieu

Il y a aujourd’hui tout pile 14 ans, j’étais dans un monastère. Et à l’époque j’étais militaire. J’étais redevenu chrétien, en tout cas un peu mieux chrétien… depuis quelques temps… Mais mon désir c’était surtout et d’abord de continuer ma carrière militaire qui me plaisait beaucoup et de me marier, d’avoir des enfants, tout ça quoi… Normal ! Et puis dans ce monastère, le 1er janvier 2007, alors que je m’apprêtais à partir, je passe à l’église dans l’intention d’y rester une dizaine de minutes, histoire de dire : « Merci Seigneur ! Merci Seigneur pour l’année 2006 qui s’est bien passée avec des moments de conversion, des moments de joie, des moments d’amitié, des moments familiaux… Et puis l’année qui vient, Seigneur, et bien permets qu’elle soit aussi bonne que celle qui est passée, voire même meilleure ! Je t’offre cette année ». Qu’est-ce que je n’avais pas dit… parce que là, tout à coup, j’ai eu cette idée venue d’on ne sait où… Ceux qui connaissent la méditation de saint Ignace de Loyola, les pratiques jésuites, ont déjà entendu parler de ce genre de choses… Cette idée qui venait de nulle part… J’avais bien pensé à devenir prêtre quand j’avais six ans, mais c’était il y a longtemps… Cette idée qui venait de nulle part, et bien tout à coup, elle m’a traversé l’esprit : « Et si cette année, ne fallait-il pas que je rentre au séminaire ? » Et là, première réaction : « Bah non. Bah non Seigneur, tu sais bien que je suis heureux comme militaire, d’ailleurs je suis trop vieux, je suis heureux comme militaire, mon rêve c’est de me marier, d’avoir des enfants, fais-moi plutôt rencontrer une jeune fille ! » Et cette idée ne m’a pas lâché. Je ne suis pas resté que 10 minutes dans l’église, peut-être un peu plus longtemps. Je ne sais pas… En tout cas pendant un bon moment, il y a eu un combat entre ce qui était mon premier désir, un désir humain tout à fait valable. – Il est bon de se marier et d’avoir des enfants de continuer une carrière -. Et cette idée un peu folle de devenir prêtre… Ouais mais bon, qu’est-ce que ça veut dire devenir prêtre ? J’en connaissais des prêtres… Mais pour moi ! C’est bien pour les autres, les prêtres… Vous savez, dans une famille, c’est souvent comme l’autoroute : on aime bien quand c’est pas trop loin, mais c’est bien si c’est pas chez nous ! Et pendant un bon moment il y a eu ce combat entre cette idée naturelle et bonne : se marier et avoir des enfants, et cette idée un peu saugrenue : devenir prêtre. Et il y avait un sentiment en moi, deux en réalité : quand je pensais, je réfléchissais, et j’envisageais mon futur comme militaire, marié, avec des enfants. C’était bien ! Mais cela ne remplissait pas mon cœur de joie. Et à l’inverse, lorsque je pensais à devenir prêtre, qu’est-ce que je pourrais être et faire comme prêtre, je ne savais pas bien à quoi m’attendre et pourtant, là, mon cœur était rempli de joie. J’entendais, et j’ai bien fini par comprendre…, et j’ai fini par accepter, surtout, que le Seigneur ne me tendait pas un piège. Et qu’il me proposait vraiment la joie et le bonheur. Et donc quand je me suis relevé, je suis rentré à Lyon en quittant ce monastère. Le lendemain j’en ai parlé à mon curé qui m’a dit : « Ben le plus simple, c’est d’aller voir l’évêque ! » C’est ce que j’ai fait. Encore le lendemain… Il était évident une fois que j’avais compris que c’était pour ma joie et mon bonheur, – et pas seulement le mien mais la joie et le bonheur d’autres -, il fallait que je mette en œuvre cette décision.

III – L’espérance s’appuie sur la mémoire

Alors pourquoi je vous dis ça ? Ce n’est pas pour vous parler de moi. Non. C’est qu’aujourd’hui, cet événement qui a 14 ans, c’est celui-là qui me permet aujourd’hui de continuer et d’être fidèle. Parce qu’il y a des moments où on a un petit peu envie de tout jeter par la fenêtre. Et je pense que chacun de vous est capable d’avoir un moment dans sa vie qui est comme ça, un moment de lumière. Je pense que pour les sœurs, c’est le cas. Même ceux qui, parmi vous, sont mariés, il y a aussi des moments de lumière où Dieu était présent. Des moments où Dieu nous a appelé pour notre plus grande joie et notre plus grand bonheur. Et de fait, nous sommes invités à être comme Marie et à retenir et méditer tous ces événements dans notre cœur. Cela nous permet de traverser les moments plus difficiles, plus compliqués, les moments de tempête. Parce que nous le savons, si ce jour-là nous avons senti la présence de Dieu, le Christ est toujours présent avec nous. Il l’a été au cours de cette année qui n’était pas évidente. Il le sera au cours de l’année prochaine. C’est notre espérance.

Nous le savons le Seigneur nous aime, à la folie. Il s’est donné à nous comme un petit enfant pour que nous le recevions comme un petit enfant, un trésor mystérieux. Il se donne à nous dans l’Eucharistie, pour que nous grandissions en amour, pour que nous soyons pleinement des témoins, des « reteneurs » de Sa parole, et des transmetteurs de cette Parole. C’est notre appel à chacun. Et soyons sûrs d’une chose, ce que veut le Seigneur pour nous, c’est la plus grande joie et le plus grand bonheur.