La conversion, chemin de réponse à l’appel – Homélie du 3e dimanche de TO – B

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Jon 3, 1-5.10 ; ps 24 ; 1 Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20

I – Se convertir…

La Parole du Seigneur fut adressée à Jonas. Et cette Parole du Seigneur, nous le savons, le Livre de Jonas, c’est une sorte de petit roman qui a été écrit dans les années 300 avant J.-C., mais qui n’est pas une aventure réelle : mais elle veut nous annoncer quelque chose. C’est dans la Bible, donc c’est vrai, au sens où cela veut nous enseigner une chose essentielle. Quelle est cette chose essentielle ? Cette Parole de Dieu donnée à Jonas, c’est une parole de conversion. Il va dans la grande ville païenne, Ninive, et il dit « Convertissez-vous » car votre mode de vie va à la mort ! Et là, ces païens entendent ses paroles et changent de vie : ils se convertissent. Et, nous le savons, se convertir, c’est un acte presque brutal : je regardais dans cette direction, je regarde maintenant dans celle-là. Cette Parole de Dieu, que Jonas porte aux païens, les invite à se retourner. Et lorsqu’un Juif du IIIe siècle avant J.-C. lit cette Parole, il se sent visé… parce que lui qui connaît cette Parole de Dieu bien avant ces païens, peut-être qu’il n’est pas tellement meilleur, peut-être que lui aussi s’est installé dans une sorte de confort, de richesse, de « tout pour moi et rien pour les autres ». Et, c’est très actuel, comme Parole, parce que nous aussi cela nous concerne. Si les païens, – en tout cas ceux qui ne croient pas à Dieu, ne croient pas en Dieu -, sont capables de changer de vie lorsqu’on leur annonce un changement climatique, pourquoi nous, à qui ne nous est pas annoncé un malheur mais, au contraire, le plus grand bonheur, pourquoi nous, nous ne nous convertissons pas ? Ça doit nous secouer – et moi le premier.

II – … pour répondre à l’appel…

Jésus proclame l’Évangile de Dieu, Il le fait, comme Jonas, mais avec une portée bien plus grande. Mais, Lui, Il annonce vraiment le bonheur : « Convertissez-vous, car le règne de Dieu est proche. » Et ce mot « proche » est un mot compliqué à traduire : on pourrait le traduire par « Il est là ». Il est tellement proche, qu’on y est ! Seulement, pour pouvoir accueillir ce royaume de Dieu, il faut changer de vie. Autrement dit, ne pas garder les yeux fixés au sol, mais lever les yeux vers Dieu. C’est un appel qui est déjà inscrit au fond de notre cœur. Nous n’avons pas besoin de chercher très très loin le Seigneur Dieu : Il est là, dans mon cœur, et Il vient frapper à notre porte, et nous sommes invités à Lui ouvrir. Le règne de Dieu est tout proche : voilà quelle bonne nouvelle ! Et lorsque nous avons fait ce pas d’ouverture à la présence de Dieu, alors nous devenons capables d’entendre ces appels. On peut penser que Simon, André, Jacques et Jean avaient déjà entendu ce rabbin juif, ce Jésus, parler, et ils avaient déjà décidé de lever les yeux. Ils étaient en train de s’occuper de leurs filets, et en même temps, leurs cœurs étaient tournés vers Dieu ; et quand Jésus passe et leur dit « Viens, suis moi, je ferai de toi un pécheur d’hommes », alors ils se lèvent et ils suivent, mais ils n’en sont capables que parce qu’ils ont déjà Dieu présent au fond de leur cœur, et qu’ils en sont conscients ; là encore, une invitation, pour nous, à la conversion.

III – …en accueillant la Parole…

Prenons-nous le temps de percevoir la présence de Dieu en nous ? Comment faire ? Le pape François nous a donné un dimanche que l’on appelle « dimanche de la Parole ». Elle est là, la solution ! Il s’agit pour nous de nous mettre à l’écoute de cette Parole. Comment faire ? Eh bien, écoutons, lisons, cette Parole qui nous a été transmise par écrit. Méditons-la, ruminons-la. Laissons-la porter du fruit. Pour ça, il faut un peu de temps. Peut-être, tous les jours se donner un quart d’heure, 15 minutes. Il y a 96 quarts d’heure dans la journée : en donner un pour le Bon Dieu. Et peut-être que certaines fois, on va s’ennuyer, mais ce n’est pas grave si on s’ennuie avec Dieu. Lui, le Bon Dieu travaille nos cœurs.

IV – …et mettre les choses dans l’ordre

Il s’agit de répondre à l’appel de saint Paul, le temps est limité, oui, nous allons mourir demain. « Il passe ce monde, tel que nous le voyons », nous allons mourir demain, et ce n’est pas très grave : un peu triste, mais pas très grave, car nous gardons les yeux fixés sur l’essentiel. Et cet essentiel, c’est Dieu, qui est Amour, Dieu qui est Père, Dieu qui nous appelle à L’aimer et à se laisser aimer, Dieu qui nous appelle à accueillir Son amour pour qu’il puisse déborder de nous. Alors, oui, à ce moment-là, on peut relativiser un certain nombre de choses qui nous semblent essentielles. Relativiser le fait d’être marié, [en disant cela ‘je sais que ça va «grincer »’], relativiser le fait de pleurer, relativiser le fait d’avoir de la joie, relativiser le fait d’avoir de la fortune ou de la célébrité. Quand je dis relativiser, cela ne veut pas dire que cela ne compte pas ; être marié, ça compte, avoir une famille, des enfants, ça compte, avoir de quoi les nourrir, avoir de quoi vivre, ça compte ; mais le vrai sens de tout cela, c’est dans la relation à Dieu. Je ne me marie pas pour moi, je me marie pour l’autre et pour Dieu. Pour pouvoir offrir l’autre et m’offrir moi-même, dans cet élan, à Dieu le Père dans un acte d’amour. L’autre est pour moi le chemin du ciel. Et alors, oui, c’est relativiser, car l’autre n’est pas une finalité : mon mari, ou ma femme, n’est pas la fin de toute choses : d’une certaine manière – et c’est la seule raison pour laquelle on peut employer ce terme – il ou elle est pour moi un moyen pour aller au ciel. Une personne n’est jamais un moyen, sauf dans ce cas-là. Donc nous sommes invités à mettre les choses dans l’ordre. Qu’est-ce qui compte vraiment ? Vivre le plus longtemps possible ? Être le plus riche possible, le plus célèbre ? ‘Surtout être dans le plaisir permanent, surtout qu’on ne m’embête pas, que je reste, voilà, bien dans ma bulle’…

Nous le savons bien, ce n’est pas ça qui compte, ce n’est pas ça qui remplit notre cœur, ce n’est pas ça qui nous fait toucher à la vraie joie. Il s’agir pour nous de nous laisser transformer, convertir. Cette conversion ne vient pas vraiment d’abord de nous, c’est d’abord le Seigneur Jésus qui frappe à notre porte. Et si – moi le premier – dans ma prière nous pouvons dire : Seigneur je sais que c’est bien de se convertir, mais je n’ai pas tellement envie… Eh bien, je peux demander au Seigneur : « Seigneur, fais grandir en moi ce désir de conversion, fais grandir en moi ce désir d’être aimé par Toi et de T’aimer ; Toi, en retour, fais grandir en moi ce désir de recevoir Ton amour dans ma vie et de le donner, fais grandir en moi ce désir d’être un saint, » car c’est cela qui compte vraiment. C’est là notre but, c’est là notre fin, c’est là notre joie.