Messe du jour de Noël

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Is 52, 7-10 ; ps 97 ; He 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18

I – Un homme qui est Dieu, Dieu fait homme

Vous le savez, la fête de Noël, c’est trois messes : la messe de la nuit, la messe de l’aurore, la messe du jour. Et c’est pour prendre un angle d’approche différent de cet immense mystère que Noël, c’est la nativité de Jésus, Dieu fait homme. En fait, nous, nous y sommes habitués ; nous sommes chrétiens depuis longtemps. Cela fait au moins 1500 ans que notre pays est chrétien, en tous cas, que la culture a commencé à bien pénétrer. Et du coup, ‘Dieu fait homme’, cela ne nous choque pas. Alors que c’est complètement délirant en fait ! C’est juste inenvisageable. Si l’on prend la définition de Dieu, ce que tous les hommes ont pensé de Dieu, ce que toute la philosophie a pensé de Dieu… non ! Dieu fait homme, cela ne marche pas ! D’ailleurs tout au long de l’Histoire, cette question a été le théâtre des grands débats théologiques et des grandes hérésies :

‘Dieu se déguise en homme’ : ça, ça peut marcher ! Mais Dieu fait homme… Ou bien, ‘‘un homme a été élevé au rang de presque Dieu… Ça, ça marche aussi. Mais Dieu fait homme, ça, non ! Trop compliqué… Trop compliqué…

Donc la nuit de Noël, c’était cet événement que personne n’a vu… Marie, Joseph, Jésus dans une salle, une crèche, une étable. Dans tous les cas dans une salle à l’écart, car la salle commune n’était pas adaptée pour eux. Et ce Jésus, ce petit bébé, est déposé dans une mangeoire, Un garde-manger… On le garde pour plus tard… On le mangera ! Et vous le savez, nous le mangeons ! En tout cas, cette intimité de la crèche, nous y sommes, c’est la nuit de Noël…

Ce matin, les bergers se sont mis en route, et ils ont témoigné. Ils ont dit : « nous avons vu les anges qui nous ont dit que ce petit bébé, c’est vraiment le signe, c’est vraiment Dieu lui-même ». Comment ont-ils fait pour croire ? Ils avaient le cœur ouvert. Ils ont pu témoigner car après, ils en ont parlé. Et Marie a pu garder cela dans son cœur. Ces deux messes, la nuit et l’aurore, on voit d’abord un petit enfant à la crèche. Et il se trouve que ce petit enfant à la crèche, il nous faudra un peu de temps, mais au cours des années on le verra grandir, on le verra déployer ce qu’il est et on découvrira qu’il est Dieu. Mais on a d’abord vu un petit enfant.

II – Théologie descendante

Ça, c’était l’intro… On va passer au premier point, qui est un peu difficile, c’est l’évangile. Il a une forme très poétique. Du coup, on ne peut pas le comprendre comme le récit de la nativité dans saint Luc. Saint Jean, lui, au lieu de commencer par regarder d’abord l’enfant, L’homme, et ensuite de nous montrer dans son évangile que cet enfant est Dieu, il part dans l’autre sens. Dieu ! Dieu est illimité, on le sait. Dieu est père et il a sa Parole. Et cette Parole, Il veut l’envoyer. Cette Parole, elle est Dieu. C’est le début… « Au commencement était le verbe et le verbe était Dieu ». Et ce Dieu, cette parole de Dieu se fait chair, s’incarne, vient planter sa tente parmi nous. On voit bien ce que l’on appelle la théologie descendante. Saint Jean part de Dieu, et il nous montre ce que fait Dieu pour nous. Il nous montre comment Dieu vient nous rejoindre.

Nous allons l’accueillir, c’est notre mission. On l’a entendu : « il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reconnu ». C’est évidemment le peuple choisi, le peuple élu, le peuple d’Israël dont on parle. Le peuple dans son ensemble, en particulier avec sa hiérarchie, n’a pas accueilli Jésus, ne l’a pas reconnu. Mais certains l’ont reçu. Certains issus du peuple juif, et d’autres, des païens. Nous… Et quand nous accueillons Jésus dans nos vies, « Il nous donne le pouvoir de devenir des enfants de Dieu ». Toute la théologie du baptême est ici. Si nous sommes enfants de Dieu, nous pouvons le prier avec les mots que Jésus nous a enseigné. « Père ! » Si nous voulons vraiment être des enfants de Dieu, il nous faut participer, partager la mission de Jésus lui-même. Et cette mission c’est quoi ? C’est de faire le pont entre le ciel et la terre.

III – Par l’Incarnation, unis au Christ-prêtre

Cette mission de pont, c’est en fait la dimension, le caractère de prêtre. Le prêtre, c’est celui qui fait le pont entre le Ciel et la terre. C’est celui qui, au nom des hommes, présente la prière au Père. Le seul prêtre, car c’est le seul qui est dans une connexion parfaite avec le père, c’est Jésus. Et voilà, par son incarnation, par sa mort et sa résurrection, par le baptême que nous avons reçu, Il nous a connecté à Lui. Et nous sommes dans le même mouvement. Nous sommes, tous, prêtres en Jésus. Et nous avons comme mission de faire le pont. Alors comment faire le pont ? Il s’agit pour nous de lever les yeux vers le Ciel. Vous le savez, quand nous ne levons pas les yeux vers le Ciel, cela devient difficile de regarder nos proches, notre prochain. C’est lié ! Vous connaissez le grand commandement : « Écoute Israël. Le Seigneur notre Dieu est l’unique. Tu l’aimeras de tout ton cœur de toute mon âme et de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Si je veux être en relation vraie et belle avec mes frères, il faut que je lève les yeux au Ciel. Que je contemple Dieu… c’est Dieu qui aime, qui est Amour.

Vous le savez, notre société ne sait plus bien faire. Au contraire, elle a même complètement abandonné cela. Alors c’est à nous de l’accomplir, cette mission-là. Et croyez bien que cela va changer mon cœur, si je le fais. Et mystérieusement, il y a un endroit où Dieu est un peu plus présent : c’est là où je suis. Je suis tabernacle, temple de l’Esprit saint. Je ne peux pas m’en enorgueillir. Ce n’est pas grâce à moi. Mais le Seigneur profite de mon « oui », de votre oui, du oui de chacun de nous, pour être un peu plus présent. Pour être un peu plus donné…

Je vous invite à reprendre cette méditation. Comment accueillir Dieu aujourd’hui dans ma vie ? De telle sorte à pouvoir être un peu mieux, un peu plus son relais, son témoin, être un peu plus et un peu mieux le vase d’argile parce que je ne suis pas bien beau mais le trésor qui est en moi doit pouvoir être répandu. Laissons-nous aimer. Laissons-nous aimer par Dieu. Cela établit la connexion, et alors, de nous va pouvoir sortir l’amour de Dieu, nous pourrons relayer cet amour.