Messe de la Nuit de Noël

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Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie 24 décembre 2020

Alors, j’ai une bonne nouvelle : le Seigneur est né ! Notre Sauveur, Celui que nous attendions, est né. Pourquoi est-ce que nous attendions un Sauveur ? Parce que Dieu nous l’avait promis. Et pourquoi avions-nous besoin d’un Sauveur ? Eh bien, parce que Dieu nous a créés pour la joie et le bonheur, – je pense que vous êtes tous d’accord – Dieu veut que nous soyons heureux, Dieu veut pour nous la joie, le bonheur – la plénitude, quoi – et nous, on est globalement d’accord avec le Bon Dieu : on veut bien pour nous la joie et le bonheur !…mais c’est un peu fatigant…parce que ça implique d’être amis de Dieu, et que nous, on a une petite tendance à regarder notre propre nombril, et on aime bien être amis avec notre nombril…et ça ne va pas bien loin. On le sait : dès les commencements : « vous serez comme des dieux ! »… Ça, c’était en regardant le fruit de l’arbre ; et ce fruit, on l’a regardé, on l’a trouvé appétissant, désirable : devenir comme des dieux, qu’est-ce que ce serait bien !… Mais, c’était déjà la promesse de Dieu, nous étions déjà comme Dieu : car Dieu est Amour, et Il nous a créés à son image ! Et donc, du coup, on s’est paumés…

Dieu nous dit : « je veux pour toi la joie et le bonheur, et pour cela il faut être mon ami, il faut être en relation avec Moi : est-ce que tu veux cela ? » Et nous, tout au long de l’Histoire : « oui, Seigneur, nous voulons bien », et à peu près trois minutes plus tard, « ouais, mais si on faisait autre chose ? »…. Ça ne marche pas, hein !

C’est ce qu’on a entendu, pendant notre veillée : l’histoire des premiers hommes, d’Adam, de Noé, l’histoire d’Abraham, de Moïse, des Prophètes, des Rois. Chaque fois, il y a des fidèles, qui croient en Dieu, qui disent « oui, Seigneur, on veut bien être ton ami…mais demain ». Le Seigneur, il aurait pu se lasser, et dire, « bon, eh bien ça y est, c’est foutu… » Non, Il ne se lasse pas, et Il nous donne Jésus ! Qu’est-ce que c’est, Jésus ? C’est Dieu lui-même ! Alors, c’est sûr, la connexion entre le Père et le Fils, elle est parfaite : jamais elle ne se rompra. Et ce Fils devient un homme… Grâce à cela, pour la première fois dans toute l’Histoire, il y a un homme qui est capable de tenir sa promesse à Dieu ! Dieu nous aime, Il ne se lasse pas de nous aimer et de nous tendre la main…et nous, on fait comme s’Il n’était pas là ! Lui, le Christ, il est capable de prendre cette main de Dieu… Et de fait, il est un homme, il est notre frère, et par là, par cette union que nous avons avec lui, nous pouvons être entraînés dans cette relation d’unité avec le Père : c’est cela, le mystère chrétien ! Et Noël, eh bien oui, c’est une fête importante, parce que c’est le jour où tout commence : ça y est, la promesse de Dieu s’accomplit ! Et nous savons comment elle se conclura, comment elle se finalisera : Jésus va vivre, il va grandir comme tout petit enfant, il va apprendre à parler, à ne plus pleurer quand il a faim, il va apprendre à marcher ; tout ça, quoi, normal, comme les petits enfants… Et puis il va apprendre… à donner sa vie : non pas seulement comme un homme ; mais il va apprendre à la donner à la manière de Dieu : oui, dans son humanité il apprend à donner sa vie comme Dieu donne sa vie… Et du coup il est pour nous un modèle : modèle qu’on n’a pas bien envie de suivre ! Dieu merci, il n’est pas qu’un modèle : il est Celui qui se donne à nous en nourriture : il veut habiter notre cœur, nous devenons liés à lui, nous somme membres de son Corps, et il va nous le montrer jusqu’à donner se vie sur la Croix : voilà, c’est ça, donner sa vie à la manière de Dieu !

Alors là, comme ça, je vous ai fait un peu de théologie, et c’est un peu compliqué : si on le dit avec des mots simples, c’est quoi ? Eh bien, c’est que nous sommes faits pour aimer, et comme on n’y arrive pas tout seuls, eh bien, Dieu nous aide : le Christ vient dans notre vie pour nous permettre d’aimer à sa manière : qu’est-ce que c’est qu’aimer ? Juste donner la joie et le bonheur à celui qui est là, près de moi : mon papa, ma maman, mon enfant, mon mari, ma femme, mon voisin un peu pénible, ma belle-mère… Je suis invité à poser un petit acte concret de ma volonté pour l’aimer, pour sa joie et son bonheur. De fait, ça va rater : parce que moi, peut-être que j’aurai effectivement posé un acte d’amour, mais l’autre qui le reçoit, il n’est pas toujours capable de le recevoir ! Mais, c’est cet acte-là, de moi, qui change le monde ; c’est dur ! Mais le Seigneur est là, Il habite au milieu de nous, Il nous a donné sa Parole, Il nous a donné sa Vie…

Cette Parole, si on veut réussir à aimer un peu, il nous faut nous laisser pétrir le cœur par le Seigneur : vous savez comment on fait : chaque jour ; un petit temps de prière… Tout à l’heure, je donnais aux enfants – un peu plus tôt, à la messe de 19h – je leur donnais un « truc » – mais ça marche aussi pour les grands ! – Le matin, je me réveille ; qu’est-ce que je fais ? J’ouvre les yeux, et une fois que j’ai ouvert les yeux, qu’est-ce que je fais ? : je me mets assis sur mon lit, ou je me mets debout, ou je me mets à genoux – comme on le sent ; et là, je fais un beau signe de croix : « Seigneur, je m’enveloppe dans ton amour, je sais que tu es là, que Tu veux ma joie et mon bonheur ; et moi, je veux être ton ami. » Ça, ce n’est pas très long, comme prière ! Et puis, deuxième temps : « Seigneur, je veux être le porteur de joie que tu veux que je sois » : alors, aujourd’hui, je choisis une personne : aujourd’hui ma femme, mon mari, mon papa, ma maman, mon frère, ma sœur… une seule ! et puis demain ce sera une autre, et après-demain une autre, et après après-demain ça sera encore une autre. Je veux poser un petit acte pour sa joie et son bonheur. Mon frère, quand il me demande toujours ce jouet-là, je ne le lui prête jamais, eh bien je le lui prêterai, aujourd’hui ! Ah, c’est dur, hein ! C’est pour ça qu’on a besoin de l’aide du Bon Dieu ! Bon, pour les jouets des enfants, il y en a qui sont moins concernés ; mais c’est facile de se l’appliquer à soi-même : tiens, ce petit coup de téléphone que je repousse depuis longtemps et qui, pourtant, serait bon, pour moi, pour la personne que je dois appeler…Allez, aujourd’hui, je le fais… C’est très concret : l’amour, c’est ça : un acte, posé volontairement. Et comme on n’est pas très bon en amour, eh bien on demande l’aide de Dieu ;

Et puis, il y a un autre moment dans la prière – ce ne sera peut-être pas le matin : le matin il faut que ce soit une prière rapide, il faut qu’on se lève et qu’on coure, on commence déjà à courir ! – mais peut-être dans la journée, on se reprend cinq minutes, et on ouvre la Parole de Dieu. On ouvre la Parole de Dieu, parce que nous sommes faits pour être en relation avec Lui, donc il faut qu’on l’écoute : il faut qu’on l’écoute ! Prière… Parole de Dieu… les sacrements : la messe, le sacrement de réconciliation : ce sont les lieux par lesquels le Seigneur nous pétrit le cœur et nous transforme tout doucement : on ne s’en rend pas compte, ce n’est pas très violent ; le Seigneur agit toujours avec tendresse – sauf des fois où il nous secoue les puces, mais normalement c’est toujours avec tendresse et délicatesse ! –

Laissons-nous toucher par Lui, et alors on pourra vraiment accomplir cette prophétie qui est là : je ne sais pas si vous l’avez entendue, celle-là : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime, qu’Il aime » : Dieu nous aime ! Gloire à Dieu et paix aux hommes sur la terre ! Qu’est-ce que c’est que cette Parole ? Elle est un peu étonnante : Gloire à Dieu au plus haut des cieux : quand la gloire de Dieu sera rendue sur la terre vers les cieux pour Dieu, alors les hommes seront dans la paix… C’est cela : nous, ça fait des dizaines et des centaines d’années que ça ne marche pas : pourquoi ça ne marche pas ? Parce qu’on oublie de lever les yeux au ciel. Et si on ouvre les yeux vers le ciel, eh bien on a le montant vertical de la Croix. Et si on a le montant vertical de la Croix il nous devient possible d’ouvrir les bras pour avoir le montant horizontal !

Si je veux regarder vraiment mes frères, et les aimer, il faut que je lève les yeux vers Dieu : gloire à Dieu au plus haut des cieux… et paix aux hommes sur la terre ! C’est vraiment cette idée-là ; et si on se pose la question « pourquoi ça ne marche pas en ce moment dans notre société », c’est peut-être ça…

Prenons le temps ; tout le monde ne sait pas, tout le monde ne peut pas ; mais nous, on sait, nous, on peut ; alors, levons les yeux vers le ciel, donnons-nous rendez-vous pour lever les yeux vers le ciel ; et alors, par nous, Dieu aime le monde ; et par nous son amour peut se répandre sur le monde entier. C’est la mission propre de l’Église ; c’est notre mission ; pour paraphraser un autre : c’est notre projet.

Laissons-nous aimer par le Seigneur, et par cet amour, nous pourrons aimer à sa manière, tous ceux qui sont autour de nous.