Le Seigneur (ne) vient (pas) ? 2e dimanche de l’Avent – B

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Homélie 6 décembre 2020
par l’abbé Gaël de Breuvand
C’est la transcription d’une prédication, d’où un style oral
Is 40, 1-5.9-11 ; ps 84 ; 2 P 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8

I – Hâter la venue du Seigneur

« Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, Lui, vous baptisera dans l’Esprit Saint… » et c’est le cadeau que nous avons reçu. Pour la majorité d’entre nous, nous ne nous en souvenons pas ; mais nous sommes baptisés, nous sommes plongés dans l’Esprit Saint, Dieu Lui-même a fait Sa demeure dans nos cœurs.
Alors, on pourrait penser que c’est suffisant, il faut maintenant attendre le retour du Seigneur qui ne saurait tarder. C’est la question des premiers chrétiens dans les années 50-60 : mais est-ce que le Seigneur serait en retard ? Parce que nous sommes baptisés, Il nous a promis qu’IL allait revenir dans Sa gloire, et nous L’attendons, et d’ailleurs, les premiers d’entre nous sont en train de mourir et n’ont pas vu sa gloire… Et saint Pierre lui répond – vous l’avez entendu, et c’est une réponse qui est bonne pour nous aussi – d’abord, pour le Seigneur un jour c’est comme mille ans, et mille ans c’est comme un jour. Donc, la notion du temps, quand on est dans le plan de Dieu, ce n’est pas la même notion que la nôtre. Et puis, surtout, le Seigneur nous laisse du temps pour que nous puissions nous tourner vers Lui ; parce que s’Il venait tout de suite, beaucoup d’entre nous seraient bien surpris et bien mal à l’aise. Alors Il attend, pour qu’un maximum se soit vraiment tourné vers le Seigneur et ait décidé d’accueillir Dieu dans leurs vies, et soit devenu saint.

Alors, quelle est notre mission ? C’est encore saint Pierre qui répond : notre mission c’est d’être des saints. Autrement dit, de laisser passer l’amour de Dieu en nous, pour que ça déborde de nous. Dieu fait de nous ses coopérateurs, ses collaborateurs. Il s’agit, pour nous, d’être partie prenante du projet de Dieu ; et Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. C’est la bonne nouvelle ! C’est pour cela que l’on attend, que l’on ne sait pas si le Seigneur vient, ce soir, demain, ou dans un an, ou dans dix, ou dans mille, ou dix mille ans, mais soyons sûrs d’une chose : c’est qu’IL vient. Le Seigneur ne nous abandonne pas, entre Sa venue sur la terre, Son départ dans Son ascension et Sa venue dans la gloire que nous attendons avec impatience, puisque ce sera le jour de la joie. Nous nous retrouverons avec le Seigneur qui nous aime ; et il n’y aura en nous plus que de l’amour.

II – Jésus, accomplissement des promesses

Eh bien, en attendant, le Seigneur est toujours là avec nous. Le Seigneur est toujours là avec nous ! Et là, c’est le prophète Isaïe qui nous conduit sur ce chemin, cette perception. Isaïe, – vous avez peut-être vu, ou entendu, cette petite conférence de l’Avent sur le prophète Isaïe – il n’y a pas qu’un prophète Isaïe, il y a un livre, mais il y a plusieurs prophètes qui se sont exprimés et, là, on en est au chapitre 40, c’est donc le deuxième Isaïe qui parle. Le peuple est en exil, il n’est plus sur sa terre, cette terre promise par Dieu, le temple est détruit. Il a l’impression d’être abandonné de Dieu ; alors Isaïe prend la parole, et il rapporte ce que dit Dieu : « consolez, consolez mon peuple », car non, je ne l’ai pas abandonné. Le Seigneur se présente à nous comme un berger, il fait paître son troupeau. Son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur. Le Seigneur, même si nous ne Le voyons pas, même s’Il n’est pas présent dans Son corps, même s’Il n’est pas encore présent dans Sa gloire, Il est là et Il nous porte contre Son cœur. Il faut se le rappeler souvent, il faut faire mémoire de cette relation intime que nous avons avec le Seigneur. Et le Seigneur, Lui, annonce au peuple que, bientôt, il va pouvoir revenir sur sa terre, que bientôt il va pouvoir prier en vérité le Seigneur dans son temple ; et nous le savons, il y a effectivement, en 537, un retour d’exil ; mais ce n’est pas encore l’accomplissement de cette promesse.

L’accomplissement de cette promesse, c’est Jésus. C’est Jésus. Et Dieu a effectivement envoyé un messager pour préparer le chemin du Seigneur.

III – Entrer dans la conversion

Nous sommes au tout début de l’Évangile selon Saint Marc : un homme se lève, il s’appelle Jean, ce qui veut dire « Dieu fait grâce », et il proclame la bonne nouvelle de Dieu : un Messie vient ! Et le peuple écoute, et accepte cette injonction du prophète, de ce plus humble de tous les prophètes et, en même temps, ce plus grand de tous les enfants des hommes. Voilà, là aussi, il y a aussi une petite conférence de l’Avent sur saint Jean-Baptiste, donc n’hésitez pas à aller la voir. Et ce prophète appelle le peuple à se convertir : c’est Dieu qui commande, c’est Lui qui donne la grâce, c’est Lui qui donne l’amour, c’est Lui qui veut nous sauver, c’est Lui qui nous donne les moyens du salut, et Il a besoin d’une chose, d’une toute petite chose : c’est de notre oui, de notre acceptation, de notre conversion.

Cette année, il paraît qu’on ne va pas pouvoir faire de ski, mais, lorsqu’on est à la montagne, et qu’on est face à la pente qui est là, devant nous, quand on regarde dans cette direction-ci et qu’on veut aller dans celle-là, il faut faire une « conversion » : ce n’est pas très agréable comme geste, ça tire un peu sur les articulations. Eh bien, spirituellement, une conversion, c’est pareil, cela va tirer un peu sur nos articulations engourdies. Il s’agit de lâcher nos mauvaises habitudes, il s’agit de regarder Jésus en face, et de se laisser aimer par Lui. Et, vous le savez, c’est peut-être la chose la plus difficile que de se laisser aimer, encore plus difficile que d’aimer.

Et le Seigneur nous soutient à chaque instant dans cet effort de conversion, Il nous donne Sa grâce. Nous sommes invités à l’accueillir, cette grâce, à nous laisser aimer, pour pouvoir aimer un peu plus et un peu mieux, pour pouvoir être ce pour quoi nous sommes faits, pour être des témoins, des hérauts de l’amour, pour pouvoir faire ce pour quoi nous sommes faits, aimer et nous laisser aimer, être des témoins du Christ ressuscité. Pour pouvoir dire à nos contemporains, et en particulier aux 40 000 qui habitent le territoire, le Seigneur vous aime et Il veut vous prendre comme un petit agneau contre son cœur.

Soyons des témoins de cet amour de Dieu, accueillons, aujourd’hui, Jésus qui vient.