Laisser Dieu s’installer en nous – 30e dimanche du TO – A

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Ex 22, 20-26 ; Ps 17 ; 1Th 1, 5c-10 ; Mt 22, 34-40
dimanche 25 octobre 2020
Par l’abbé Gaël de Breuvand

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Quand on entend la Parole de Dieu, nous avons à nous poser la question : « Est-ce que ça me dérange ? » Parce que si ça ne me dérange pas, ça pose un problème. Ça doit me déranger parce que la Parole de Dieu est tranchante comme un glaive. La Parole de Dieu est là pour me bousculer, pour remettre en question un certain nombre de choses dans ma vie, pour m’aider à avancer sur un chemin qui est celui de la foi, de l’espérance et de la charité. Alors est-ce que cette Parole de Dieu me dérange ?

I – vivre comme un croyant

Quand j’étais au séminaire, on nous a mis en garde contre un défaut de prédication. Celui de la moraline. La moraline, c’est quand on nous dit à temps et à contre-temps ce que l’on ne doit pas faire. Mais c’est à distinguer avec ce que fait Jésus aujourd’hui. Lui, Il nous invite à une morale. Autrement dit, à un art de vivre. Et Jésus nous invite vraiment à vivre comme des croyants.

Un croyant, c’est quelqu’un qui sait que Dieu est là, que Dieu nous aime et que Dieu veut nous aider à entrer dans la plénitude de Sa joie et de Son amour. Un croyant, finalement, c’est quelqu’un qui est forcément pratiquant, parce qu’au quotidien, chaque jour, un croyant aime. Alors on a des croyants qui sont là. Ces pharisiens, ils connaissent la Loi par cœur. Il y a 613 commandements dans la Loi. (à un enfant) « Est-ce que tu connais les 613 commandements qu’il y a dans la Bible ? » … Et dans tous ces commandements, on savait qu’il y en avait de moins importants que d’autres. Se laver les mains avant le repas, c’est quand même moins important que d’aller visiter sa grand-mère qui est malade. Mais il y avait quand même des débats : « Quel est le plus grand des commandements ? ». Et donc, le Pharisien, qui veut tendre un piège à Jésus, car il a une petite idée de la réponse quand même, lui pose la question : « Quel est le plus grand des commandements ? ». Et c’est là que Jésus nous dérange. Il cite la Bible : « Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit… ». Et là, ça vient nous poser une question : « Est-ce que moi, j’aime vraiment le Seigneur de tout mon cœur, de toute mon âme et de tout mon esprit ? ». Si je fais un petit examen de conscience sur la dernière semaine, je me rends compte que je ne suis pas tout-à-fait donné à Dieu de cette manière-là. Il y a pleins de moments dans ma vie où je ne pense pas à Dieu. Or si je lui ai donné tout mon cœur, tout mon esprit, toute mon intelligence, toute ma force… ça ne devrait pas… Et après, Jésus répond à une deuxième question : « Mais comment est-ce que l’on fait pour aimer Dieu comme cela ? » C’est ça la question sous-entendue à laquelle Jésus répond : « Aime ton prochain comme toi-même. Si tu veux aimer Dieu, mets-toi au service de tes frères ». Mets-toi au service de tes frères… Et là, on a l’art de vivre chrétien. Et là, chacun de nous, si nous faisons notre petit examen de conscience, en tout cas pour moi, je n’y suis pas tout-à-fait.

II – Répondre à l’appel de Jésus

Mais c’est bien appel ! C’est bien un appel que me fait Jésus. Il faut que je change ma vie. Il faut que je sois vraiment au service de la joie et du bonheur de tous ceux qui m’entourent. Alors ceux avec qui c’est assez facile, mes amis ! Ceux avec qui c’est un peu plus difficile : mes parents, mes frères et sœurs ! Ceux avec qui ça peut être très difficile : je sais pas… mes belles-filles, mes belles-mères ! Ou mon voisin acariâtre. Et pire même, mon curé ! Ou mon paroissien… Le Seigneur m’appelle à vous aimer, tous et chacun, même ceux que je trouve le plus ennuyeux du monde. Et ça me remet en question.

Car oui, je veux répondre à l’appel du Christ. Et je pense que si vous êtes là aujourd’hui, vous aussi ! Nous voulons répondre à l’appel du Christ. Nous voulons être ensemble, et d’un seul cœur, d’une seule âme, d’un seul esprit… aimer Dieu de toutes nos forces. Et aimer notre prochain comme nous-même. Mais si on essaie de le faire par nos propres moyens, nous raterons. Ça ne marchera pas ! Et c’est pour cela que dans l’oraison, dans la prière d’ouverture, nous avons demandé en Dieu de faire « grandir en nous la foi, l’espérance et la charité ». La foi, c’est cette connexion à Dieu qui nous met en relation et qui s’inscrit dans notre intelligence. L’espérance, c’est cette mémoire des merveilles de Dieu dans nos vies, qui nous permet d’être certain qu’à chaque instant, Dieu est avec nous. Et la charité, c’est simplement l’Amour de Dieu. Dieu qui nous aime. Alors c’est à Dieu que nous demandons cette foi, cette espérance et cette charité. C’est Lui, Dieu, qui nous donne Sa grâce.

III – Communier, comme première réponse

Et dans quelques instants, nous allons communier. Et Apolline va communier pour la première fois. Et qu’est-ce qui va lui être donné ? Qu’est-ce qui va nous être donné ? Jésus ! Le Christ ! Vrai Dieu ! Vrai homme ! Notre frère… Notre Seigneur ! C’est Lui qui vient à notre rencontre. C’est Lui qui vient s’installer dans notre cœur. Nous sommes invités à être pour Lui des maisons, des temples. Nous sommes invités à Lui laisser un trône dans nos vies pour que… à partir de nous, Il puisse aimer.

Apolline, dans quelques instants, en recevant l’eucharistie, elle va devenir un peu plus ressemblante à Jésus. Et chacun de nous aussi. Un peu plus ressemblant à Jésus. Et c’est pour cela d’ailleurs qu’après la Communion, il faut prendre un peu de temps, un peu de silence pour demander à Dieu très concrètement : « Seigneur, où veux-tu que je sois ton instrument ? Quel est le petit acte concret que je vais pouvoir poser aujourd’hui, demain ou après-demain ? » Et encore mieux si c’est ET demain, ET après-demain… pour aimer. Pour être un relai de Ton Amour. Prenons ce temps d’action de grâce. Vraiment pour nous laisser être conformés à Jésus. Pour être, un peu plus pleinement, un membre de son corps. Jésus aujourd’hui est au Ciel. Et Il a choisi chacun de nous pour être des membres de Son corps. Et aujourd’hui, Apolline, mais aussi chacun de nous, nous sommes invités à être ses mains, au service des plus pauvres. Être sa voix, pour avoir une parole consolante. Être ses yeux, pour avoir ce regard de tendresse, de compassion, d’amitié. Être ses oreilles pour entendre les cris de celui qui pleure. Finalement, nous sommes invités à être pleinement le chapitre 25 de saint Matthieu que nous entendrons dans le mois de novembre.

Il nous faut être d’autres Christ. Des vrais chrétiens. Dieu vient en toi. Il vient du Ciel, dans ton cœur. Tu remarqueras, cela fait un axe vertical. Et quand Il est dans ton cœur, le Christ, Dieu Lui-même, veut sortir de toi pour embrasser le monde entier. Et cela forme un axe horizontal. Et une barre verticale et une barre horizontale, ça fait quoi ? … Une croix ! La croix du Christ qui vient se planter dans nos cœurs. Ça ne sera pas toujours confortable, parce que le curé, il est toujours aussi pénible. Et le paroissien n’en parlons pas… Mais c’est comme cela et c’est seulement comme cela que nous pouvons accomplir ce pour quoi nous sommes faits : aimer et nous laisser aimer.