Invités aux noces – 28e dimanche du TO – A

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Homélie du 28e dimanche du Temps ordinaire, Année A, 11 octobre 2020

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription. A l’occasion de la 1ere des communions de 9 jeunes.
par l’abbé Gaël de Breuvand

I – Tous invités au festin sur la montagne

Il nous a sauvés ! Et ça, nous pouvons le dire pour chacun de nous. Oui, le Seigneur est venu à notre rencontre et Il nous a sauvés ! Ça, c’est la bonne nouvelle ! Et Il nous appelle encore et encore pour participer à un festin sur Sa montagne. Et ce festin n’est pas réservé à une élite, à un seul peuple, le peuple des Hébreux, non, c’est pour toutes les nations. Voilà ce que dit Isaïe, à un moment un peu difficile, parce qu’au moment où il entend cela de la part de Dieu, le peuple est en exil et se sent abandonné. Exultons, réjouissons-nous, le Seigneur nous appelle à participer à Son festin, ce festin qui est celui des noces éternelles ! C’est ce que nous sommes invités à vivre tout au long de notre vie, et l’éternité commence aujourd’hui. Et puis ensuite, et puis après, et puis notre mort sera une étape sur ce chemin-là, et puis nous ressusciterons. Et nous serons dans cette joie de Dieu, à aimer et nous laisser aimer. C’est toujours intéressant, car le Seigneur aime bien donner comme image de la vie éternelle, de la vie après la mort, cette image de festin, ce festin qui nourrit nos corps et qui comble nos cœurs. Vous le savez, quand vous recevez des amis à table, vous n’êtes pas là que pour manger, vous êtes peut-être même d’abord là pour échanger, pour entrer en relation, et c’est cela notre bonheur et notre joie. Être en relation. C’était le premier point ; normalement, il devrait y en avoir trois.

II – Nos actes ont des conséquences

Alors Jésus aussi utilise cette image d’un festin de noces : tous sont appelés, d’abord des invités de longue date : évidemment, quand Jésus s’adresse aux Pharisiens et aux chefs des prêtres, Il pense tout particulièrement au peuple juif et à ses cadres. Ils sont invités depuis très longtemps, depuis Abraham, et même avant. Et nous savons ce qui est arrivé, en tout cas pour les chefs des prêtres et les Pharisiens : eh bien, ils n’ont pas accepté l’invitation. Ils avaient autre chose à faire… Alors, le Seigneur ne se lasse pas, et Il invite largement à la croisée des chemins : « tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les », et tous sont appelés. En fait, le mot « invité », en français, on est obligé de le rendre comme cela, mais, en grec, c’est vraiment « appelé ». Venez, approchez tous, venez vous réjouir avec le roi. Aujourd’hui, ils sont neuf, devant nous, à vouloir se réjouir avec le roi. Et puis, dans ce texte, vous êtes comme moi, lorsque j’ai dit « Acclamons la Parole de Dieu », il y en a peut-être parmi nous qui ont dit « c’est un peu dur, quand même », car il y a deux passages dans ce texte qui posent question, qui ne sont pas très agréables à entendre, et qui, peut-être, rentrent même en contradiction avec ce qu’on connaît de Dieu.

Je vous cite la phrase « Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes et fit périr les meurtriers et incendia leur ville. » Ah, c’est rude ! Est-ce que Dieu se venge ? En fait, il y a deux choses à prendre en compte. La première, c’est le style littéraire : c’est une parabole. Vous savez ce que c’est qu’une parabole ? Le premier rang, vous ne vous souvenez plus ? Pourtant, on l’a vu ! C’est une histoire inventée par Jésus pour nous dire quelque chose sur le royaume de Dieu, Dieu lui-même, et sur nous. Mais une parabole ne dit pas tout de Dieu, elle dit quelque chose de Dieu, sinon une seule histoire suffirait et c’est bon, on aurait tout. Or, il faut une Bible entière pour aborder Dieu et, encore, on ne le comprend pas encore ! Donc, dans cette parabole, tout ce qui est rapporté du roi ne s’applique pas immédiatement au Père, à Dieu. C’est une première chose.

Et puis ensuite, on voit que ceux qui sont les victimes de la colère du roi, ce sont les meurtriers ; pas ceux qui ont refusé l’invitation, non, ceux qui ont maltraité et tué les serviteurs. Et là, Jésus nous bouscule clairement, parce qu’Il nous dit une chose : c’est que ce que nous faisons, les actes que nous posons, ont une conséquence. Quand j’engage ma liberté, quand je fais un choix, cela a un impact, je pense qu’on est tous d’accord. Si je me dispute un peu sévèrement avec mon frère ou ma sœur, eh bien, il va falloir peut-être un peu de temps pour que la relation retrouve son équilibre. Parlons du soin de notre rapport à la création. Si je pollue, cela va avoir un impact et des conséquences, et peut-être même que celui qui subira les conséquences ne sera pas forcément celui qui est responsable de la pollution. On le voit. En 1992, il y a eu des inondations à Vaison-la-Romaine, il y avait eu 40 morts. Pourquoi ? Parce qu’on avait construit des maisons et installé un camping juste à un endroit où il y a des inondations tous les 50 ou 70 ans. Mais, c’était ‘bien de mettre une maison là’. On est 30 ans plus tard, on pourrait penser qu’on a compris la leçon… mais, dans les vallées de la Vésubie et de la Roya, les victimes premières, ce sont celles qui vivaient dans les maisons qui étaient dans ces zones-là. Je ne suis pas sûr que les habitants actuels soient bien responsables ; mais, de fait, nous portons nos choix, ils ont un impact qui peut être douloureux, qui peut entraîner la mort. C’est cela que veut nous dire Jésus en nous bousculant.

III – Invités à un choix libre

Et puis il y a une deuxième partie dans cette parabole. Ça y est, tout le monde est là dans la salle du banquet, tout le monde est là, comme aujourd’hui, tout le monde se réjouit, tout le monde est bien habillé, et il y en a un qui est différent, qui est peut-être dans son vêtement de tous les jours, qui n’a pas fait l’effort. Et, le roi s’approche : « mon ami »… Il ne fait pas semblant, le roi, ce n’est pas ironique : il est vraiment l’ami de cet homme, il est vraiment notre ami, il veut vraiment qu’il y ait une relation entre nous. « Mon ami, pourquoi n’es-tu pas en vêtement de noces ? » Si le roi se permet de reprocher le fait de ne pas avoir l’habit, c’est bien parce que c’est le roi lui-même qui le donnait, cet habit. À l’entrée, il y avait un sas et on proposait : « Veux-tu l’habit de noces ? » Et on peut penser que cet homme l’a refusé. Il ne peut pas dire « je n’ai pas fait exprès », il ne peut pas dire « je suis trop pauvre ». Non, il a posé un choix, il a fait un acte libre qui va avoir des conséquences ; déjà cette première question du roi « Comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de noces ? » Et là, il y a une chose terrible : « l’homme garda le silence ». Dieu veut entrer en relation avec lui, Dieu veut entrer en relation avec moi, avec nous… et nous faisons comme s’Il n’était pas là. Nous ne faisons pas cas de ce qu’Il nous dit, de ce qu’Il nous demande, de Sa déclaration d’amour : « mon ami ». Et alors, conséquence, là encore racontée par Jésus de façon un peu brutale pour nous réveiller « jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres » et c’est la solitude ; en fait, cette solitude que l’homme avait déjà choisie, d’une certaine manière : Il était le seul qui n’avait pas de vêtement de noces, il est le seul à ne pas avoir voulu parler, dialoguer, entrer en relation. Et pourtant le Seigneur sans cesse revient vers nous. Cette parabole, qui est chez saint Matthieu, nous renvoie à une autre parabole que vous connaissez, c’est la parabole du fils prodigue. On en avait parlé en montrant que le fils cadet qui était parti pour dilapider toutes choses, il était seul, loin, il est revenu, et son père l’attendait, il le guettait… et son père a couru à sa rencontre pour le prendre dans ses bras ; pour montrer que le Seigneur nous attend sans cesse. Il n’attend que ce pas vers Lui, pour être dans une relation simple et d’amour avec Lui. Et puis il y a un premier fils, l’aîné, on n’en avait pas parlé la dernière fois. L’aîné, lui, est resté à la maison, mais il était parti dans les champs et quand il revient, il y a la fête ; mais il ne se réjouit pas qu’il y ait la fête pour son frère, au contraire. Il en est fâché et il reste dehors. Il reste dehors, c’est son choix, et le père vient à sa rencontre et lui dit « Viens, entre, réjouis-toi avec nous car ton frère est revenu »… et l’autre choisit de rester dehors ! Dieu accueille notre liberté : c’est nous qui choisissons, nous sommes appelés, le Seigneur appelle sans cesse : « venez, venez à moi, trouvez la joie et le bonheur en vous réfugiant contre mon cœur. » Et nous choisissons d’accueillir cet appel, ou de ne pas l’accueillir. Il y a un chemin qui est celui de la perdition, et il y a un chemin qui est celui de la vraie joie et du vrai bonheur.

Aujourd’hui, nous sommes avec Lisa, Elsa, Arthur, Célian, Tom, Zélie, Mahé, Raphaël, et Laura ! Décidément ! Ces enfants ont choisi et, à onze ans, cela commence à être un choix libre : aidés par leurs parents, par leurs parrains et marraines, par leurs familles, aidés par la communauté, ils ont choisi de faire un pas et d’entrer dans la salle des noces, ils ont choisi de remettre le vêtement de fête. Alors c’est un moment de joie pour chacun de nous. Un moment de joie pour notre communauté, un moment de joie pour toute l’Église. Alors, prenons quelques instants de silence et du fond de notre cœur, disons merci au Seigneur pour la joie qu’Il nous donne, et prions les uns pour les autres afin que nous choisissions toujours d’être en vêtement de fête, que nous choisissions toujours d’être aimés et d’aimer.