Unité et témoignage – 26e dimanche du TO – A

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Homélie à l’occasion de la profession de foi. par l’abbé Gaël de Breuvand.
C’est la transcription d’une prédication orale, les titres sont ajoutés ensuite.

Ez 18, 25-28
Ps 24
Ph 2, 1-11
Mt 21, 28-32

I – Rechercher l’unité

Eliott, Juliette, Léna, Léopold, Loÿs, Louis, Marie, Marion, Maxime, Océane, et Sasha, il y a dix, quinze ans, environ, vous avez reçu le baptême et vous avez été appelés par ce nom. Dieu vous connaît par ce prénom que vos parents vous ont donné. Vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu, et c’est déjà un motif de réjouissance. Et vous êtes ici, très différents les uns des autres, avec des forces, des qualités, et des limites. Vous avez des histoires différentes, des familles différentes, des écoles différentes, – pas beaucoup, deux – des classes différentes, mais vous êtes appelés à former, avec l’ensemble des chrétiens, un seul corps. De fait, vous êtes déjà membres du Corps du Christ, mais il manque une toute petite chose pour que cela s’accomplisse pleinement : c’est votre oui. Alors je voudrais revenir sur la deuxième Lecture, celle de saint Paul. Il y avait une parole forte là-dedans : « Ayez entre vous les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments. » Cette parole-là s’adresse à chacun de nous, elle est de notre niveau. Nous pouvons décider, tous ensemble, d’avoir un même amour, un même sentiment, des mêmes dispositions. Nous pouvons décider, ensemble, de chercher l’unité. C’est ce que nous demande saint Paul : « Recherchez l’unité, soyez un ». Mais, quand on a dit cela, et qu’on regarde notre monde, ou si on parle d’unité, tout le monde est d’accord, elle apparaît même dans la devise de notre pays : c’est « Liberté, Égalité, Fraternité ». Finalement c’est bien cela dont on parle : une unité familiale. Et, pourtant, il n’y a pas besoin de chercher longtemps pour se rendre compte que, cette unité, c’est un peu compliqué ! C’est compliqué en famille : l’unité entre frères et sœurs, est-ce que c’est facile tous les jours ? Non ! L’unité entre parents et enfants, est-ce que c’est facile tous les jours ? Non ! Et enfants et parents ? L’unité entre familles différentes, l’unité dans nos sociétés tout entières, l’unité au sein du mouvement scout, l’unité entre les mouvements scouts, l’unité dans nos paroisses… oui, c’est un combat, c’est un combat de tous les jours. Et, de fait, nous n’y arrivons pas ! C’est pour cela que saint Paul ne s’arrête pas à cet appel. Il nous dit « Recherchez l’unité ». Il nous donne quelques consignes : « Ne soyez ni intrigants, ni vaniteux, que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts, pensez aussi à ceux des autres. » Ok, on l’a entendu, mais est-ce qu’on devient capable de le faire pour autant ? Non, en tout cas pour moi c’est compliqué, je ne sais pas pour vous… Mais saint Paul nous donne la solution : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus, c’est Lui qui est notre unité, c’est Lui qui fait notre unité. » Il n’y a qu’en Le regardant, Lui, que nous voyons en Lui le Fils de Dieu, notre frère ! Et que si nous sommes frères avec Lui, alors nous sommes frères de tous les autres hommes. Et si nous sommes frères, c’est que nous ne nous sommes pas choisis, mais que nous avons une mission : c’est de l’aimer, ce frère, qui est si différent, qui ne me ressemble pas, avec qui je n’ai pas d’atome crochu, c’est de l’aimer, de travailler à sa joie et à son bonheur. On a dit ça… et on se dit « Wahou, tout ça, c’est un peu lourd, c’est beaucoup, c’est difficile ! » C’est pour cela qu’il nous faut regarder Jésus. Seul Jésus nous donne le chemin, seul Jésus nous donne la solution. Il nous la donne peut-être de manière intellectuelle, oui, mais ce n’est pas ça le plus important ! Il veut surtout habiter dans nos cœurs pour nous transformer ! Et chaque fois que nous ouvrons nos cœurs vers Lui, chaque fois que nous vivons la messe, chaque fois que nous vivons les sacrements, chaque fois que nous vivons la prière, chaque fois que nous ouvrons la Parole de Dieu, Jésus lui-même vient habiter nos cœurs.

C’était un premier point, celui de l’unité à laquelle nous sommes appelés.

II – Travailler à la vigne du Seigneur

Et puis, dans l’Évangile – il y aura trois points – Jésus s’adresse aux grands prêtres et aux Anciens du peuple : vous savez, ceux qui connaissent la Bible par cœur ; ils savent qu’il y a 613 commandements, 400 qui disent ce qu’il ne faut pas faire, et 200 qui disent ce qu’il faut faire. Ils la connaissent par cœur, cette Bible, et ils en sont très fiers. Et Jésus leur parle, Il leur donne cette petite parabole, la parabole des deux fils : celui qui commence par dire non et qui fait, et celui qui dit oui et qui ne fait pas. Quel est celui qui accomplit la volonté du Père ? Les Pharisiens, les Anciens du peuple, ont trouvé la solution. Mais Jésus dit, en fait ce deuxième fils, celui qui dit oui, oui, mais qui ne fait pas, c’est vous ! Alors, c’est rassurant pour nous, on pourrait se dire : cela concerne les Anciens du peuple et les prêtres, cela ne me concerne pas moi. Cela concerne les Juifs, il y a longtemps. Évidemment, cela me concerne un petit peu aussi… et je ne crois pas me tromper beaucoup en vous disant que cela vous concerne un peu aussi. Nous sommes invités à travailler à la vigne du Seigneur, et cette vigne du Seigneur, c’est fatigant d’y travailler, mais pourtant il n’y a qu’en œuvrant dans le projet de Dieu, dans cette vigne, que nous trouverons la vraie joie et le vrai bonheur, parce que nous sommes faits pour ça. Et quelle est la vigne du Seigneur, comment travailler à la vigne du Seigneur ? Eh bien, c’est en aimant, en nous laissant aimer.  En travaillant à la joie et au bonheur de ceux qui sont autour de nous et même de ceux qui sont plus loin ; de ceux qui nous ressemblent et de ceux qui ne nous ressemblent pas, en travaillant finalement à l’unité. Oui, c’est un peu fatigant que de travailler à la vigne du Seigneur, c’est un peu fatigant que d’aimer et se laisser aimer, mais le Seigneur nous donne sans cesse Sa grâce, Sa force, Son amour, pour que nous nous nous retournions vers Lui, pour que nous changions de vie et que nous laissions l’Amour être premier. C’est un combat qu’il nous faut mener, une décision que nous prenons.

C’était le deuxième point : travailler à la vigne du Seigneur. Et nous avons le droit de nous repentir si nous nous sommes trompés. Le Seigneur nous attend sans cesse, c’était le Livre d’Ézéchiel. Il nous appelle, et Il nous dit « Reviens vers moi, Je t’attends, car tu es Mon enfant bien-aimé ». Il n’y a pas moyen de rompre définitivement la relation avec Dieu : à partir du moment où nous décidons de revenir, Dieu nous accueille… et c’était toujours le deuxième point.

III – Témoigner

Alors, aujourd’hui – et voilà le troisième point qui commence – onze d’entre nous vont faire profession de foi. Onze d’entre nous proclament, devant cette assemblée, devant l’Église toute entière, devant Dieu, qu’ils renoncent au mal, et qu’ils choisissent Dieu, qu’ils choisissent l’amour, un amour incarné, un amour réel, un amour qui vient à notre rencontre et qui veut notre joie et notre bonheur, un amour que nous sommes chargés d’accueillir et de transmettre. Aujourd’hui, onze d’entre nous le proclament solennellement ; mais, on doit être à peu près 300, 350 dans cette église, et, tous les autres, nous sommes tous appelés à faire cette même profession de foi. Nous sommes invités, appelés, à choisir de renoncer au mal, renoncer à notre égoïsme, renoncer à notre paresse, renoncer à nos disputes et à nos colères, et à choisir d’aimer, d’aimer.

Ça vaut le coup, ça vaut vraiment le coup, car c’est ce pour quoi nous sommes faits. Peut-être que, demain, je vais me casser la figure, peut-être que demain je vais oublier d’aimer, peut-être que demain je vais oublier de me laisser aimer, mais ce n’est pas grave, parce que le Seigneur m’attend, Il m’ouvre les bras. On l’a dit dans la prière d’ouverture : « Dieu, dont la puissance se déploie lorsque Tu patientes et prends pitié. » La puissance du Seigneur, c’est de nous attendre en nous ouvrant les bras. Il n’y a qu’une chose à ajouter, c’est notre oui, ce « oui » que onze d’entre nous vont proclamer aujourd’hui, et que nous sommes tous invités à proclamer, chaque jour, par toute notre vie.