Homélie du 6 septembre 2020, par l’abbé Gaël de Breuvand
Je constatais tout à l’heure que, quand on a une assemblée avec quelques enfants, ce n’est pas les textes les plus faciles qui nous soient donnés ! Alors ils ne sont pas très longs – ça c’est bien – mais ils ne sont pas faciles. Et pourtant, ils ont quelque chose à nous dire.
I- La Loi et l’amour…
D’abord, il y a cette phrase de saint Paul qui est peut-être comme le résumé de toute la Bible : « le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. » « Le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. » Dans la Bible, la Bible toute entière c’est une loi, donc une parole qui nous dit ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Dans l’Ancien Testament, les Juifs comptaient 613 commandements, 613 ! alors moi je ne les connais pas tous, mais les scribes et les Pharisiens, eux, les connaissaient tous. Et quand ils posent la question à Jésus, « quel est le plus important de tous les commandements ? » Vous vous souvenez de ce que Jésus répond ? « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique, tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le plus important de tous les commandements, ce qui résume toute la Loi, c’est l’amour. C’est aimer. En fait, les commandements, la Loi, ce n’est pas quelque chose à quoi il faudrait obéir bêtement. Quand on parle de la Loi, et des commandements dans la Bible, c’est d’abord une Parole qui est là pour nous donner le chemin du bonheur et de la joie. Le chemin du bonheur et de la joie : par exemple « Tu ne commettras pas de meurtre », parce que si tu assassines ton frère, ce n’est pas top pour la joie de ton frère, ce n’est pas top pour ta propre joie et, en plus, ça blesse toute la société. Et on pourrait faire le tour de tous les commandements, c’est cela le but : la finalité du commandement de la Loi, c’est l’amour, c’est la joie que l’on donne et que l’on transmet, c’est la joie que l’on reçoit.
Oui, l’accomplissement de la Loi, c’est l’amour. Et une fois qu’on a saisi cela, tout le reste en dépend, tout le reste dépend de cela. Ainsi, « si ton frère a commis un péché contre toi », ça arrive, vous avez des frères et sœurs ? Vous êtes appelés à les aimer. Vous êtes d’accord ?, mais ça veut dire quoi, aimer ? Est-ce que ça veut dire que ça fait « boum boum » dans mon cœur et que je me sens toujours bien avec lui ou avec elle ? Ça aide, mais en fait, ce n’est pas ça. Aimer, c’est d’abord vouloir le meilleur pour celui qu’on aime. Et, d’ailleurs, Jésus nous le dit « Aimez vos ennemis », on peut très bien aimer son ennemi, je peux vouloir le meilleur pour celui avec qui je ne m’entends pas, je peux travailler cela, je peux poser des actes pour cela. Mais il arrive, on le sait bien, qu’il y a des blessures dans notre relation, entre mari et femme, entre parent et enfant, entre frère et sœur, entre voisins, entre paroissiens, et nous nous blessons sans cesse mutuellement car nous ne sommes pas des champions de l’amour. On a du mal à travailler à la joie et au bonheur de l’autre. Alors de temps en temps, il faut se le dire, et Jésus nous invite à faire ce qu’on appelle la correction fraternelle. C’est compliqué, c’est très compliqué ! la correction fraternelle, car souvent on pense à la première partie, « correction », mais on oublie le « fraternelle ». La correction fraternelle, c’est d’abord un acte d’humilité, est-ce que j’ai d’abord pensé à enlever la poutre que j’ai dans mon œil, plutôt que d’enlever la paille qu’il y a dans celle du voisin ? C’est une première chose, et la deuxième, c’est : est-ce que je le fais pour mon bonheur à moi, ou est-ce que je le fais pour la joie et le bonheur de celui à qui je dois dire quelque chose ? Évidemment, vous le savez, vous connaissez la réponse, une bonne correction fraternelle, si on doit faire une remarque, une correction à son frère, il faut que ce soit pour son bien à lui. Et, donc, Jésus développe tout un système : d’abord, va lui dire seul à seul, et puis à deux ou trois, et puis ensuite face à toute l’assemblée, l’Église, l’assemblée de ceux qui croient au Christ. Mais le but de cela ce n’est pas d’écraser mon frère, ce n’est pas de le faire changer à tout prix, le but c’est de lui proposer un chemin qui est celui de la joie et du bonheur. Alors c’est compliqué, c’est un peu compliqué !
II – Guetter la Parole pour la recevoir
Pour cela, il faut que je sois d’abord comme Ézéchiel, il faut que je sois un guetteur. Un guetteur de quoi ? Un guetteur de la Parole de Dieu : j’ai besoin de savoir ce qui est bon et ce qui n’est pas bon. Parce que, vous vous rappelez la Genèse, Dieu créa le monde à Son image, homme et femme Il les crée, Il leur confie un jardin dont il faut prendre soin ; il y a une Parole : « de tous les arbres tu peux manger, sauf de celui-là car, si tu en manges, tu risques la mort. » Et que fait Ève, sous la tentation du serpent ? Elle mange de ce fruit avec Adam, ils en mangent, pourquoi ? Parce que le serpent leur a dit : vous saurez le Bien et le Mal ; mieux que cela, il leur a dit « Vous serez maîtres du Bien et du Mal ». C’est vous qui déciderez. Or, le Bien et le Mal, ça ne dépend pas de nous. Le Bien et le Mal se situent dans une logique d’amour. Ce n’est pas de moi que ça dépend, cela dépend du projet de Dieu pour nous. Et là, en ces temps contemporains, on a une société qui se prend un peu pour Dieu et qui veut définir ce qui est bien et ce qui est mal. Et nous avons tous un peu tendance à faire ça. Je me rappelle – n’écoutez pas les enfants – quand j’étais jeune, j’ai commencé à fumer, alors qu’il ne fallait surtout pas, ma maman me l’avait interdit. À l’époque je croyais que si maman me l’interdisait c’est parce qu’elle ne m’aimait pas, parce qu’elle me voulait du mal. Or, maintenant, je comprends mieux. Quand ma maman m’interdit quelque chose, c’est parce qu’elle m’aime. Et donc, quand j’avais 13-14-15 ans, j’étais d’accord avec elle, ben oui, fumer c’est mal. Et puis, un jour, un peu plus grand, j’ai commencé à fumer, et là je me suis dit, finalement, ce n’est pas si mal que ça ! Donc j’étais en train de décider, en moi, ce qui était bien ou mal. Évidemment je me trompais, parce que ce n’est pas bon de fumer, ça ne donne pas la joie et le bonheur, et ça ne donne pas la joie et le bonheur aux autres, donc ce n’est pas très intéressant.
Donc je l’ai donné sur un exemple concret, mais regardons dans nos vies. Discernons ! Est-ce qu’il n’y a pas des endroits où c’est moi qui suis en train de décider de ce qui est bien ou de ce qui est mauvais ? alors qu’il vaut beaucoup mieux se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et être, comme Ézéchiel, un guetteur. Et puis, de temps en temps, rappeler ce qui est vrai, ce qui est bon. Alors, ça aussi, c’est toujours aussi difficile. Aimer son frère, même quand il n’est pas très agréable, ou sa sœur, ou son voisin, ou ses beaux-parents, ou je ne sais, c’est un peu compliqué. Se mettre dans une disposition d’écoute, de réception de la vérité de Dieu pour notre joie et notre bonheur, c’est un peu difficile !
Alors, Jésus propose quelque chose : « si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose au Seigneur, alors vous l’aurez, » en gros le Seigneur nous dit la meilleure manière de trouver la vraie joie et le vrai bonheur, c’est de se mettre dans une relation directe avec le Seigneur ; et, comme tout seul on est parfois un peu paresseux, et bien faisons-le à plusieurs. Et si on est là ce soir, c’est pour cela : nous voulons prier ensemble. Et parce que nous prions ensemble, le Seigneur est là. Le Seigneur, en plus, dans cette Eucharistie va venir réellement, concrètement, matériellement, sur cet autel, et Il va venir habiter en nous. Il s’agit de Le recevoir et de L’écouter, Lui qui veut pour nous la plus grande joie et le plus grand bonheur.