Assomption de Marie

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Homélie de la fête de l’Assomption, 15 août 2020 par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab
ps 44
1 Co 15, 20-27a
Lc 1, 39-56

I – Marie dans le plan du Salut

Tout a commencé avec une parole, c’était au Livre de la Genèse : c’est Dieu qui parle, et Dieu qui crée. Cette Parole de vie, dans le Livre de la Genèse, c’est déjà un décalogue : il y a dix paroles. Et ces dix paroles sont une Parole d’alliance. Dieu crée l’homme à son image, « un » de corps et d’âme, et il va y avoir un inter-dit, une parole entre cet homme et Dieu, ou entre Dieu et cet homme, une parole, là encore, d’alliance, de confiance : Je te confie tout ce jardin, de cet arbre-là tu ne mangeras pas. Et nous savons ce qui est arrivé, l’homme a choisi de rompre cette Parole d’alliance, et la rupture qui en découle déséquilibre toute la Création. Une rupture par rapport à soi-même : finalement notre corps et notre âme ne sont plus si bien unis ; une rupture par rapport aux autres : il nous faut nous cacher les uns des autres ; et une rupture évidemment par rapport à Dieu : nous avons du mal à nous laisser ajuster à Sa Volonté. Nous avons du mal à entrer dans cette Alliance.

Mais Dieu ne nous laisse pas tomber, Dieu choisit de nous sauver. Et comment va-t-Il nous sauver ? Eh bien, par ce que nous sommes. Et c’est Dieu lui même qui entre dans le monde et qui redit pour nous, avec nous, cette Parole d’alliance. C’est Jésus qui dit « Me voici, Je viens, Je viens faire Ta volonté. »

Alors vous allez me dire, on n’a pas beaucoup parlé de la Sainte Vierge jusque-là… Parce que Marie entre dans le plan de Dieu avant Jésus et, en même temps, elle est son premier disciple : la première à Le suivre. Tout ce qu’elle est, Marie, découle de ce qu’est Jésus ; Jésus est le Sauveur, Jésus est Dieu, Jésus est pleinement homme et, en Jésus, est réconciliée toute la Création. Toutes les ruptures que nous avons vues, en Jésus, sont réparées, restaurées. Et Marie, qui doit porter le Sauveur, être la mère de Jésus, être la Mère de Dieu, par grâce, parce que Dieu est amour, eh bien, tous les cadeaux que Dieu a réservés pour chacun de nous ont déjà été donnés à Marie. Le péché originel, nous en sommes libérés depuis notre baptême. Marie, avant même la mort et la Résurrection du Christ, a déjà profité de la mort et de la Résurrection du Christ : elle a été préservée de ce péché. Marie est arrivée à la fin du cours de sa vie terrestre et, comme chacun de nous qui sommes appelés à la Résurrection, autrement dit à la réconciliation parfaite entre notre âme et notre corps, eh bien, Marie monte au ciel, en présence de Dieu avec son corps et son âme, toute entière.

C’est peut-être ça le grand mystère qui nous est dévoilé aujourd’hui en cette fête de l’Assomption. Nous sommes faits hommes, corps et âme, et, nous, tout nous, sommes appelés à entrer dans la contemplation de Dieu. Marie est déjà arrivée à ce stade-là. Et nous, c’est pour bientôt ! En regardant Marie, nous contemplons notre avenir, nous sommes faits pour nous retrouver ensemble, avec nos corps et nos âmes, tout entiers, pour louer, honorer, servir Dieu. Et, en louant, honorant, servant Dieu, nous ne le faisons pas tout seuls, mais simplement dans une relation directe avec le Seigneur, et uniquement avec le Seigneur, mais nous le faisons ensemble. Et, finalement, quand on contemple cette fête de l’Assomption, quand on contemple la gloire du ciel, on se rappelle pourquoi on célèbre la liturgie. La liturgie d’aujourd’hui est un avant-goût de la liturgie du ciel, au moment où, ensemble, nous louerons le Seigneur, nous nous laisserons aimer par Lui, et nous L’aimerons, ensemble, dans une relation toute simple, avec nos corps et nos âmes.

Voilà, c’était un premier point.

II – Marie, image de l’Église

Et puis, je vais en aborder un deuxième, qui nous est dévoilé un peu par la Première Lecture et que le Concile Vatican II a mis en lumière. Vous le savez, ou vous ne le savez peut-être pas, mais le Concile Vatican II a longuement hésité à savoir s’il fallait un texte spécial pour la Vierge Marie. Et cela a été un débat entre les évêques, d’ordinaire très sages, etc., qui se sont un peu disputés sur la question. Et, finalement, il a été décidé qu’on ne ferait pas un texte spécial sur la Vierge Marie. Alors, tous ceux qui aiment la Sainte Vierge se disent « Zut ! Quel dommage, cela valait le coup de faire un texte spécial sur la Vierge Marie » ! Mais non, car le Concile Vatican II, inspiré par l’Esprit Saint, a choisi encore mieux : Marie a été placée au chapitre 8 de la Constitution Lumen gentium. Au chapitre 8 de la constitution sur l’Église. Quand on regarde l’Église, on voit Jésus, c’est cela, la lumière des peuples, Jésus est dévoilé, montré par l’Église. Et quand je regarde Marie, elle me montre Jésus. L’Église et Marie ont la même mission, ont la même vocation, l’Église est là pour donner au monde, Jésus ; Marie, sa mission a été de donner au monde Jésus. Et soyez-en sûrs, elle la continue aujourd’hui. Le concile Vatican II a d’ailleurs donné à Marie, comme titre, Marie, mère de l’Église, pour bien nous montrer que Marie et l’Église, c’est lié, l’un est l’image de l’autre. Et c’est bien le sens de ce texte sur l’Apocalypse, qui est un peu impressionnant. Marie, tout comme l’Église, est une femme qui enfante, une femme qui est déjà sauvée, mais une femme qui doit quand même traverser notre monde, notre vie. Marie a été sauvée, préservée du péché originel, mais il lui a fallu quand même souffrir, avoir un glaive qui lui transperce le cœur, il lui a fallu quand même assister aux souffrances et à la mort de son fils. Eh bien, l’Église est déjà sauvée, en fait depuis notre baptême, chacun, un et tous collectivement, nous sommes déjà sauvés au ciel, mais cette plénitude du Salut ne nous sera donnée qu’après notre pèlerinage sur la Terre. Oui, aujourd’hui encore, il y a des dragons qui tournent autour de nous. Peut-être que le plus grand des dragons, d’ailleurs, est au milieu de notre cœur, mais c’est Marie qui a vaincu le dragon par son oui, son humble oui, parce que, vous le savez, si nous sommes sauvés c’est parce que Dieu le veut, Dieu l’accomplit ;

Mais nous sommes invités, tous, à participer à notre propre salut en répondant, comme Marie, « qu’il me soit fait, selon Ta Parole ».