Mercredi des Cendres

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Homélie du mercredi des Cendres, 26 février 2020
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.

« Revenez à moi de tout votre cœur ! ». Nous l’entendons cet appel de Dieu. « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché ». Et ça, c’est le cri de l’homme. Le désir de Dieu qui nous appelle. Ce désir de l’homme qui se rend bien compte qu’il n’arrive pas à avancer jusqu’au Seigneur. « Car j’ai péché… ». Puis c’est saint Paul : « Nous sommes les ambassadeurs du Christ ». C’est Dieu lui-même qui lance un appel ! « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! ». Oui, il y a une réalité que l’on appelle « péché ». Qu’est-ce que c’est que le péché ? C’est un gros mot… C’est un gros mot dont on n’ose pas trop parler. Qu’est-ce que c’est qu’un péché ? Si on va chercher le mot grec : « Amartia ». ça veut dire : « ce qui manque la cible ». Je cherche la joie et le bonheur… – je pense que vous aussi -, et lorsque je pose un acte qui ne correspond pas à la joie et au bonheur, eh bien je manque ma cible. D’ailleurs, souvent, quand je commets un péché, c’est que je cherche quelque chose de bon. Et finalement, j’essaie de l’avoir par mes propres moyens. C’est exactement le récit de la Genèse, au chapitre 3. Vous savez : le Seigneur créée l’homme à son image, et le serpent arrive et tente l’homme en lui disant : « Si tu prends du fruit, tu seras comme Dieu ! » Bah… on l’était déjà. Et l’homme et la femme prennent du fruit, ils en mangent pour devenir Dieu à leur propre manière. Ils ne veulent pas se laisser faire par le Seigneur.

Le péché, c’est bien souvent cela, c’est lorsque l’on essaie d’accaparer. De mettre la main sur… De choisir le chemin par lequel nous allons passer pour obtenir cette joie et ce bonheur que l’on cherche tous. Et là, on se rend compte que l’on s’est planté.

C’est le cri de David, le psaume 50 que l’on a entendu. « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. (…) Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi ». Il a fait une énorme faute. Vous le savez… IL a fait tuer Urie pour prendre sa femme. Cette énorme faute, elle est pour lui comme un poids très lourd. Il se rend compte de son erreur, de son péché, et il n’a plus qu’une seule chose à faire et il a raison de la faire et c’est pour cela qu’on le donne en exemple, David. Cette faute-là, ce péché-là, il le présente à Dieu. Car Dieu seul peut l’en libérer. Il le sait. Et grâce à lui, nous le savons aussi.

Et le prophète Joël, dans la première lecture : « Revenez au Seigneur votre Dieu ! ». C’est Dieu qui nous appelle ! « Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis un Dieu bon et miséricordieux, un Dieu d’amour, un Dieu de tendresse ». Le Seigneur nous appelle. Alors allons-nous lui répondre ?

Si nous commençons le carême aujourd’hui, c’est bien pour nous mettre à la suite de Jésus. Et qu’est-ce que Jésus ? Jésus, Il est Fils de Dieu. Et en même temps, Il est pleinement homme, comme chacun de nous. Et comme chaque homme, Il lui faut faire un choix : accueillir la volonté du Père, ou s’en écarter. Et de fait, Jésus, c’est celui qui ne s’accapare pas, qui n’essaie pas de prendre un chemin qui n’est pas celui que Dieu veut. Il nous indique le chemin : « heureux ! ». Ce sont les béatitudes, que l’on a entendues pendant les dernières semaines. Le chemin du bonheur et de la joie. C’est un peu le chemin du paradoxe : « Si vous voulez devenir riche, il va falloir devenir pauvre. Si vous voulez devenir célèbre, il va falloir être petit, et discret ». Evidemment, là encore, le but, c’est pas d’être célèbre, le but, c’est pas d’être riche… ; Le but, c’est de faire ce pour quoi nous sommes faits : c’est d’aimer et se laisser aimer.

Alors nous le savons que c’est le but. Et du coup aujourd’hui, – c’est d’ailleurs le rite que nous allons faire, le rite des Cendres -, est là pour cela, pour nous rappeler quel est l’objectif. Sur le front de chacun de nous va être posé un peu de cendre, cette image de ce qui passe, c’était ce buis qui était vert à un moment et que l’on a brûlé et qui n’est plus rien. Et cette cendre-là qui nous rappelle que nous-mêmes, nous allons partir en poussière, en cendres. Nous allons partir… Mais, est-ce que c’est une chose définitive cette transformation en poussière et en cendre pour nous ? Pourtant, vous l’entendrez ! Le prêtre vous le dira. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière ». Et nous savons que ce n’est pas la fin de l’histoire parce que Dieu nous aime et Il nous veut vivant. Et puis l’on entendra la deuxième parole : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ! ». C’est ça, l’Évangile, la bonne nouvelle du Salut. Dieu nous aime au point qu’Il veut nous sauver. Il veut nous donner la vie. Il veut nous donner son amour, Il se donne lui-même. Alors accueillons-le !

Et là, je vais attaquer le dernier point, très concret. Parce que Jésus est très concret ! Si nous voulons vraiment accueillir Dieu dans nos vies, est-ce qu’il suffit de dire : « Seigneur, Seigneur ! » ? A l’époque de Jérémie, déjà, on savait que non. Non, il nous faut poser des actes concrets, des petits actes d’amour. Réels. Ces actes, Jésus nous en proposent quelques-uns. Et ce qui est très intéressant, c’est que pour devenir des justes, pour devenir des ajustés au Seigneur, à la volonté du Père, « voilà ce que vous devez faire, mais faîtes-le discrètement ». Et ce qui est intéressant, c’est que Jésus ne nous donne pas la liste de ce qu’il faut faire. Il nous dit juste que ce qu’il faut faire, il faut le faire discrètement. Parce qu’il n’y a aucun doute. Est-ce qu’il faut jeûner ? Pour Jésus, il n’y a aucun doute. Oui, il faut jeûner. Est-ce qu’il faut faire l’aumône ? Pour Jésus, ce n’est pas une question. Oui, il faut faire l’aumône. Est-ce qu’il faut prier ? Oui, il faut prier.

La question, c’est : « est-ce que je le fais avec une bonne disposition de cœur ? »

Jeûner. Qu’est-ce que c’est que de jeûner ? Jeûner, c’est se passer d’une chose nécessaire. Quand je ne mange pas et que je saute un repas ou deux le soir, eh bien… c’était nécessaire de manger ! Mais ayant faim, ça me permet de lever les yeux vers le ciel et de me dire : « Ah oui ! ». De me rappeler de cette parole de Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Ça me permet aussi de regarder mes frères, peut-être, qui eux, n’ont pas le choix. Et qui jeûnent sans le vouloir. Puis ça me permet aussi de faire comme d’autres chrétiens et nous sommes 1 milliard de chrétiens, qui aujourd’hui, mercredi des Cendres, avons décidé de nous passer d’un peu de nécessaire. Et du coup, cela fait de nous une communauté qui vit un même effort, ensemble. Puis on aura rendez-vous, encore, Vendredi Saint. Puis après, on a le droit d’en ajouter un petit peu…

Faire l’aumône. Faire l’aumône, c’est quoi ? Eh bien c’est partager un peu de son bien pour des plus pauvres et des plus faibles que nous. Là aussi, ce n’est pas une question, nous avons à la vivre. Parce que c’est le chemin qui nous permet d’être, non pas des accapareurs, mais des receveurs. Ce que nous avons, même les biens que nous avons gagnés péniblement, à la sueur de notre front, ils sont des cadeaux de Dieu. C’est ce que nous disons pendant l’offertoire, pendant la messe. « Tu es béni, Dieu de l’univers, Toi qui nous donnes ce pain ». Toi qui nous donnes ce pain. Ce pain-là, je ne l’aurais pas si tu ne me l’avais pas donné.

Et prier. Prier, c’est se mettre en relation avec le Seigneur. Accueillir ce qu’Il est. Donc Sa parole ! Et lui parler. Comme un ami parle à un ami. Et puis peut-être aussi parfois s’ennuyer un peu avec lui. Oui, quand on se donne 10 minutes et que l’on se dit : « Tiens, je vais me poser dans une église, dans ma chambre ou je ne sais où, pendant 10 minutes et je vais faire silence… » Peut-être que ces dix minutes-là sont les plus longues de la journée… Et pourtant, ces dix minutes-là, on ne sait pas ce qu’il sa passe dans notre cœur, mais Dieu, Lui, Il agit. C’est certains, et Il sait ce qu’il s’y passe. Même si l’on s’ennuie.

Prière, aumône, jeûne. On pourrait dire prière, pénitence, partage, ça fait trois P. ça permet de s’en souvenir. Les trois P du carême. Prière, pénitence, partage. Pour quoi faire ? C’est le chemin qui nous permet de mettre un peu plus de Dieu dans nos vies. C’est le chemin qui nous permet de mettre un peu plus les autres dans nos vies. Et c’est el chemin qui nous permet d’être un peu plus ajusté dans notre rapport à nous-même. Voilà… C’est pour cela que l’on est invité à faire ces efforts concrets du carême. Et tout cela pour quoi ? Un jour nous allons mourir, et ce qui comptera vraiment, c’est l’Amour. C’est même la seule chose qui comptera !