Homélie de la fête de la Présentation de Jésus au temple, Dimanche 2 février 2020
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Voilà : aujourd’hui 2 février, Présentation de Jésus au temple : c’est le dernier jour où nous aurons la crèche. C’est l’occasion ou jamais de venir la contempler et de voir ce Jésus petit enfant qui nous est donné. Il nous est donné, et quarante jours après Noël, nous contemplons son père et sa mère, Joseph et Marie, qui viennent donner Jésus à Dieu. Ils ont reçu un cadeau : eh bien, ils font cadeau en retour. Et le seul cadeau qui vaut un petit enfant, eh bien, c’est ce même petit enfant. Qu’est-ce qui vaut le cadeau de Dieu ? Eh bien ce que Dieu nous a donné. Nous ne pouvons offrir à Dieu que ce qu’Il nous offre. Alors, c’est un jour bien particulier, ce 2 février : nous sommes en blanc, c’est encore le temps de noël ; et puis c’est un jour tout à fait particulier parce qu’aujourd’hui, il y a deux événements.
I – Consécration religieuse
Alors, d’abord, nous nous souvenons et nous prions pour tous ceux qui ont consacré leur vie à Dieu, ceux qui, un jour, se sont retrouvés à plat ventre sur une marche de l’autel en entendant la litanie des saints, et qui, à ce moment-là, ont fait acte d’offrande dans la consécration religieuse ou la consécration sacerdotale. Voilà, c’est un jour important : c’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle les prêtres et les religieuses ne se marient pas, parce que nous avons offert notre vie à Dieu et que nous ne voulons rien retenir que ce don-là… il reste une blessure pour nous, mais il est aussi un témoignage, car Dieu peut combler nos cœurs. Alors, nous prierons tout particulièrement pour nos deux religieuses, sœur Monique et sœur Anne-Marie.
II – Consécration baptismale
Et puis, il se trouve qu’aujourd’hui – quelle chance ! – alors que Jésus est présenté au temple à quarante jours, eh bien, nous allons présenter Constantin, qui a un peu plus que quarante jours mais pas beaucoup plus. Et Constantin va être baptisé ; et contempler Jésus présenté au temple, c’est plutôt une bonne façon de percevoir ce qu’est le baptême. Évidemment, je ne vais pas vous faire une prédication complète sur le baptême car il y en aurait pour deux heures, au moins, mais par contre, juste cette histoire de ‘consécration’. Nous sommes baptisés, tous, ou presque, et, ayant été baptisés, nous avons été connectés au Christ, et c’est pour cela qu’il y a quelques instants nous portions chacun un cierge allumé : car la vie du Christ, représentée par ce cierge, nous a, à tous, été donnée, et nous sommes lumière du monde. Notre joie et notre bonheur résident à être pleinement, tout entiers, donnés à Dieu. Et, du coup, faire ce qu’’Il nous demande, faire Sa volonté, c’est un acte, c’est un choix ! Et je ne vais pas vous mentir : être consacré à Dieu par le baptême, ce n’est pas un chemin de facilité.
III – le combat de la vie chrétienne
Si nous
voulons être vrais quant à notre vie chrétienne, c’est un combat de chaque jour,
parce qu’il faut d’abord combattre contre soi-même et nos tendances à la
paresse, nos tendances à l’égoïsme, nos tendances à l’orgueil, etc. On pourrait
faire une liste, chacun de nous n’a pas tout à fait la même liste, mais
globalement on s’y retrouve. Donc combat contre soi-même, déjà ;
et puis combat contre – oui, quand même, il faut le dire – contre un monde qui
ne veut pas se laisser convertir. Un monde qui nous propose de consommer ;
et puis, quand on a fini de consommer, de consommer encore. En fait, il nous
propose sans cesse de prendre et de nous servir ; alors que la seule disposition de l’esprit qui vaille,
c’est de recevoir.
Lorsqu’un enfant vient, c’est un cadeau de Dieu. Si nous cherchons à mettre la main sur l’enfant, et que ce soit dans son mode de conception, que ce soit quant à la manière dont on élève, voire, l’actualité nous l’a rappelé, lorsqu’il y a une volonté de contrôler – cette perversité – eh bien, on a manqué quelque chose d’essentiel. La vie que Dieu nous donne, elle est cadeau, elle n’est pas là pour que nous mettions la main dessus. Et c’est vrai pour ma propre vie, et c’est vrai pour la vie des autres, et c’est ça essentiellement la raison des positions de l’Église sur les questions de bioéthique actuelles. La question est : est-ce que je veux me faire maître de ce qui m’est donné en cadeau, ou est-ce que j’accepte de le recevoir ? Ce n’est pas grand-chose, mais ça change tout. C’est la faute originelle : Adam et Ève, dans le jardin d’Éden, ont reçu un cadeau, et ce cadeau c’était d’être comme Dieu, à l’image de Dieu, et le serpent s’approche et leur dit « Servez-vous tout seuls, vous serez comme des dieux. » Le cadeau que Dieu veut leur faire, ils veulent le prendre tout seuls.
C’est ça, le combat actuel qu’il nous faut mener dans notre société mais, en réalité, avant d’être dans notre société, ça prend racine dans notre cœur. Oui, être chrétien, ce n’est pas une position facile, c’est Siméon qui parle : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, Il sera un signe de contradiction. » Si Jésus est signe de contradiction, nous, chrétiens, si nous voulons être vraiment chrétiens, nous n’y échapperons pas, nous serons, nous aussi, signes de contradiction. Et peut-être qu’on ne nous aimera pas, et peut-être qu’on ne nous trouvera pas sympathiques, et peut-être qu’on ne nous trouvera pas « à la mode », mais, nous, nous savons qu’il n’y a qu’une seule chose d’essentielle, et, vous le savez aussi : c’est le cadeau que va recevoir Constantin dans quelques instants : la seule chose essentielle, c’est d’être aimé par Dieu, et de L’aimer en retour, de recevoir le don de Dieu, et de lui donner tout ce que nous sommes.
« Devenez ce que vous recevez », ce sera le moment de la communion, « recevez le Christ doux et humble », laissez-vous transformer, laissez-vous aimer.