La Paix qui vient du Christ

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Homélie du 2e dimenche du Temps ordinaire, Année A, 19 janvier 2020
dimanche dans la semaine de prière pour l’unité des chrétiens

par l’abbé Gaël de Breuvand

Il s’agit de la transcription d’une prédication orale.

Avec les textes de ce jour, nous avons comme une impression de « déjà-vu », puisque dimanche dernier, c’était la fête du baptême du Seigneur et nous avons déjà eu un passage du Livre d’Isaïe qui nous présentait la venue d’un serviteur qui serait à la tête des nations et qui présenterait le monde au Père.

I – Jésus fait de nous ses collaborateurs

Et puis, nous avions eu l’Évangile selon saint Matthieu qui nous parlait du baptême du Seigneur, de Jésus par Jean le Baptiste ; et l’Esprit était descendu sur lui comme une colombe. Et aujourd’hui, encore le Livre d’Isaïe : un autre passage qui nous parle d’un appel : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi Je manifesterai Ma splendeur », « Je me glorifierai. », c’est une autre traduction possible. En ce serviteur, Dieu tout entier va se dévoiler et se montrer. Alors, on peut se dire : « Ah, Il parle de Jésus ! » et on n’a pas tort. Mais on n’a pas tout à fait raison, parce qu’Il dit « Tu es mon serviteur, Israël », autrement dit, mon peuple. Le serviteur, dont Dieu parle, c’est le peuple tout entier : c’est nous. « En toi – communauté de Saint-Bonnet, Saint-Laurent-de-Mure, de la paroisse de l’Alliance – Je veux manifester ma splendeur. » Alors, allons-nous recevoir cette mission et allons-nous rayonner de la manière dont Dieu veut que nous rayonnions ? C’est la première question que nous pouvons nous poser. Et le Seigneur ne nous abandonne pas, Il ne nous laisse pas tout seuls pour accomplir cette mission, qui est bien trop lourde et bien trop grande pour nous ! Il est là : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël, Je fais de toi la lumière des nations », autrement dit, Il vient au milieu de nous pour faire de nous une lumière. Vous le savez, Jésus le dit dans l’Évangile, « Je suis la Lumière du monde » et dans un autre endroit Il dit « Vous êtes la Lumière du monde. » Est-ce que ce n’est pas contradictoire ? Il est la Lumière du monde, Il est la Source et nous sommes invités à être Ses relais, à éclairer le monde, non pas de notre propre lumière – qui ne va pas bien loin –, mais avec le Christ qui vit en nous.

Et c’est ce que déploie et développe saint Paul dans cette première Lettre aux Corinthiens. Ce sont les trois premiers versets, le tout-début de la Lettre : « Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus », Paul se voit lui aussi comme ce serviteur appelé par Dieu. Appelé par Dieu pour quoi ? Non pas pour vendre du Paul, mais pour annoncer Jésus-Christ. Nous devrions être – ou nous sommes – capables de prendre chacun cette parole à notre compte. Car nous sommes baptisés. Si nous le sommes, c’est parce que nous avons été accueillis pleinement par Dieu dans Sa famille. Il nous voulait. Et au baptême nous avons reçu cette filiation. Et, du coup, nous devrions pouvoir dire : moi Gaël, moi – et vous donnez chacun votre prénom –, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre, pour être témoin, pour être messager du Christ Jésus. Oui, la lumière que nous portons n’est pas nôtre, nous n’en sommes pas propriétaires, nous sommes encore – comme le dit encore saint Paul à un autre endroit – des vases d’argile. Et nous avons en nous un trésor. Nous sommes le vase d’argile, et nous ne sommes pas très beaux, pas très admirables. Mais en nous, parce que Dieu est venu s’approcher de nous, Il y a Dieu lui-même, l’Esprit saint. Au jour de notre baptême, nous sommes devenus d’autres Christs, Chrétiens. Et du coup lorsque l’on nous voit, comme aux temps anciens, on devrait pouvoir dire, comme à l’époque des Actes des apôtres : « Regardez, regardez comme ils s’aiment », regardez comme ils prennent soin les uns des autres. Il y a quelque cbose qui est plus grand que ce que nous sommes capables de faire avec notre simple humanité.

II – La paix qui vient du Christ

Et là, je me regarde – je nous regarde – et je me dis que nous n’y sommes pas tout à fait. Quand on regarde la liturgie de la messe, on prie souvent pour la paix, et toujours – vous tendrez l’oreille au cours de la messe –  toujours quand on parle de paix, c’est en lien avec une autre réalité qui est le péché : « Délivre-nous du mal, Seigneur, donne la paix à notre temps », « Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, donne-nous la paix. » Et il y en a d’autres, des passages. De fait, si nous voulons la paix, autrement dit une situation d’harmonie, où chaque chose est à sa place, chaque personne est à sa place, il nous faut d’abord, premièrement, nous mettre en chasse de notre péché. Notre tendance à vouloir nous replier sur nous-mêmes, à vouloir, non pas nous mettre au service de l’autre tel qu’il est, mais au service de ce que je pense, de ce que je suis, et lorsque je me replie sur moi, même inconsciemment, je coupe le lien avec les autres, je coupe le lien avec Dieu. Le péché, c’est notre plus grande tristesse, et c’est le plus grand ennemi de la paix. Et c’est pour cela que, cette semaine, nous prions tout particulièrement pour l’unité des chrétiens. Parce que si, entre chrétiens, la paix ne se déploie pas, comment pouvons-nous être des témoins crédibles ? Alors, on pense à l’unité entre les chrétiens, et quand on pense à cela, on pense aux différentes confessions : catholiques, orthodoxes, protestants… mais déjà nous, ici, entre nous, dans cette église, dans cette commune, dans notre paroisse, comment est-ce que nous mettons en œuvre cette recherche de la vraie paix, celle qui vient du Christ ? C’est bien pour cela que nous commençons chaque messe par un acte pénitentiel, une demande de pardon.

III – envoyés

Parce que nous avons besoin de mettre les choses dans l’ordre, et c’est pour cela, comme je le disais tout à l’heure, que ce temps s’appelle le Temps Ordinaire. Non pas pour nous dire qu’on va s’y ennuyer : parce c’est un temps où l’on met les choses dans l’ordre, la couleur dominante est le vert. Parce que c’est le temps de la croissance, des choses qui poussent et qui grandissent. Dieu met en nous Son Amour, Il met en nous Sa Vérité, Il met en nous Sa Bonté, Sa Tendresse, Il met en nous Son Pardon, Il met en nous Son Esprit. Il vient tout entier pour grandir en nous, et il nous faut accepter d’être changés par ce contact avec le Christ, avec Dieu. Voilà, c’est notre mission. Et, vous le savez, le dernier mot de la messe : « Allez dans la paix du Christ », si on prend le texte latin, c’est « Ite missa est », cela signifie « Allez, vous êtes envoyés en mission », vous êtes envoyés porter cette paix du Christ au monde. Alors, accueillons le Christ dans notre vie, en venant à la messe le dimanche – et c’est très bon – mais aussi en lui donnant une place chaque jour. Le pape Francois nous invite à placer Jésus tout au long de notre journée, plusieurs fois par jour. Et en particulier au moment des repas, avec un « benedicite », toute petite prière : « Seigneur, merci pour ce que Tu nous donnes », que j’en profite et que je puisse rayonner, rayonner de cet Amour.

Que je sois, finalement, un relais de Ta paix, de Ta joie. Alors, accueillons le Seigneur qui vient encore une fois à notre rencontre, accueillons-Le et acceptons de nous laisser changer, de nous laisser convertir, de nous laisser aimer.