Homélie de la messe de l’aurore, Année A, Mercredi 25 décembre 2019, à Azieu
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
En cette messe de l’Aurore, après la grande festivité et les grandes foules de la nuit, à l’aurore au petit matin, il y a un petit peu moins de monde. Et nous sommes là, un peu comme les bergers. Cette nuit, nous avons eu les anges, qui chantaient la gloire de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes qu’il aime ». Et là, les anges sont partis, les bergers ne se retrouvent plus qu’entre eux et ils se disent : « on va quand même aller vérifier ». Ils s’en vont donc à la crèche et découvrent le signe qu’ils leur avaient été proposé. Un signe immense !… Un petit bébé dans une mangeoire, entouré de son papa et de sa maman.
C’est là que l’on perçoit que l’immensité des signes du point de vue de Dieu, ce n’est pas tout-à-fait ce que nous percevons. Nous aurions plutôt vu une montagne, des tremblements de terre et des éclairs… Là, non… un petit enfant.
I – Allons voir !
Nous sommes invités ce matin à être des bergers. « Parlons entre nous de cet événement ! », se disaient-ils entre eux. Parlons entre nous de notre rencontre avec le Christ. Comment est-ce que nous avons rencontré Jésus. Est-ce que nous en avons déjà témoigné à quelqu’un que nous connaissons ? Et puis, allons ! Allons jusqu’au Christ ! Allons le redécouvrir ; allons voir les signes que Dieu a mis sur notre chemin. Et il y en a… Il y en a. De fait, si l’on cherche un peu, on les trouvera. Et il y a de grands lieux et des beaux lieux et il y a des petits lieux plus humbles, parce que le Seigneur sur notre chemin, il nous a posé ces usages de l’Église : la messe le dimanche, la confession régulière, la prière chaque jour… C’est comme cela que l’on va voir le Christ ! En ouvrant ce petit livre que l’on appelle la Bible. Et en particulier les évangiles. « Allons voir ! »
II – méditons !
Et puis quand on a vu, quand on a contemplé, qu’on a admiré, il nous faut être comme Marie. On a d’abord été comme les bergers, ensuite, on est comme Marie. Marie, elle retient tous ces événements et elle les médite dans son cœur. Le Seigneur est venu au milieu de nous. Le signe n’est pas très impressionnant. Et pourtant, il y a des choses qui se passent. Emmagasinons tous ces signes, tous ces instants où l’on perçoit et où l’on distingue la présence de Dieu. Gardons-les dans notre cœur ! Et en particulier les jours où ça va bien… Comme cela, les jours où ça ira moins bien, où l’on se sentira plus loin de Dieu, les moments où l’on traversera des épreuves, – et vous savez que Marie en a connues, et une en particulier au pied de la Croix -, eh bien nous pourrons rappeler ces souvenirs, faire mémoire. Souvenons-nous des moments où nous avons ressenti la présence de Dieu de telles sortes à pouvoir traverser les épreuves avec ces événements qui seront dans nos cœurs.
Voilà. On retient !
III – Louons, honorons et servons : aimons !
On médite. Et enfin, nous retournons vers les bergers. Comme eux, c’est ce que nous voulons faire : glorifier et louer Dieu. Nous sommes là pour cela. C’est saint Ignace de Loyola qui nous dit que l’homme a été créé pour aimer, servir et louer Dieu. On est faits pour cela, parce qu’honorer, servir et louer Dieu, c’est l’aimer. Et donc se mettre à faire ce pour quoi nous sommes faits. « Dieu a créé l’homme à son image… ». Dieu est Amour… Nous sommes à son image, nous sommes faits pour l’aimer. Aimer Dieu en premier évidemment et l’Homme en second. Quand on dit premier et second, cela veut dire que les deux sont indispensables. S’il faut un premier, il faut forcément qu’il y ait un second. Et s’il y a un second, il faut forcément qu’il y ait un premier. Et de fait, si je veux aimer Dieu, il faut que je me mette au service de la joie et du bonheur de mon prochain. Tout est lié.
Glorifier et louer Dieu.
IV – Témoignons !
… et l’annoncer ! Et l’annoncer. « Ils racontèrent ce qu’il leur avait été annoncé au sujet de cet enfant ». Ils le disent. Ça doit sortir de leur cœur. Et grâce à eux, finalement, on le sait aujourd’hui. Parce que saint Luc, qui raconte l’Évangile, il n’y était pas. Il a eu des témoignages. Alors il a eu peut-être celui de Marie, peut-être d’autres et peut-être de ces bergers.
Le Seigneur, aujourd’hui, vient dans notre monde, sous cette apparence toute humble. Et Il renouvelle ce mystère à chaque messe. Quelle plus grande humilité que de venir à nous sous la forme d’un petit morceau de pain. Une petite nourriture. Rien de bien impressionnant. D’ailleurs, il n’est même pas très bon ce pain. Et pourtant, c’est Dieu tout entier. Dieu tout entier qui vient à notre rencontre pour nous remplir de Lui. Pour que Son amour comble nos cœurs et que ça déborde de nous. Et que nous puissions, à chaque messe, nous mettre au service des uns et des autres.
Et quand je dis à chaque messe, – je l’ai dit hier soir pour ceux qui étaient là -, le mot messe vient du dernier mot de la liturgie. « Allez dans la paix du Christ », en latin, c’est « Ite missa est ». « Allez… » ce n’est pas ‘la messe est finie’, c’est exactement le contraire. C’est « Allez, elle est envoyée. Allez, la messe commence. Allez, la mission commence ». Messe, ça vient du mot mission. Même racine. En fait, la messe, elle commence à la fin de la messe, jusqu’à la semaine suivante. Nous avons à annoncer, témoigner. Nous avons à nous laisser remplir de Dieu pour pouvoir en déborder, pour pouvoir, vraiment, nous mettre au service de la joie et du bonheur de ceux qui nous entourent.