Homélie du 2e dimanche de l’Avent, 8 décembre 2019, Année A
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
I – Conversion
2e dimanche de l’Avent, Jean le Baptiste proclame : « Convertissez-vous ! » Convertissez-vous ! Nous nous souvenons de ce que c’est, se convertir. Il y en a qui font du ski parmi vous… Quand on est à flanc de montagne, qu’il y a une pente violente, on descend dans cette direction-là et justement on veut aller dans l’autre sens : je peux faire une conversion. C’est un peu technique, mais l’objectif c’est de ne pas tomber et de regarder dans la bonne direction à la sortie. Voilà, une conversion, pour nous, c’est ça ! C’est : « nous étions dans une mauvaise direction et nous choisissons de nous tourner vers la bonne direction ». Et c’est un peu douloureux, comme au ski, ça va forcer un peu sur nos articulations… et pourtant c’est bien nécessaire, car si nous voulons aller au bon endroit, il va falloir se convertir. Au lieu de regarder vers les choses de la terre, commencer à regarder les choses du ciel. C’est cela, la conversion. Jean-Baptiste nous appelle : « Convertissez-vous ». Pourquoi ? Parce que le Seigneur vient. Il vient ! Nous L’attendons. Nous attendons Noël… Oui ! Nous attendons de nous retrouver en famille… Oui ! Et ça, c’est bon… mais nous attendons aussi le Seigneur qui vient. Il viendra dans la gloire, et ça, nous le répétons à chaque messe : « Il est grand le mystère de la foi, nous proclamons Ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons Ta résurrection, nous attendons Ta venue dans la gloire. »
II – le Seigneur vient,
Si nous venons à la messe et que nous n’attendons pas le Seigneur qui vient, dans Sa gloire, eh bien, il nous manque quelque chose. Et cette attente, c’est une attente impatiente : nous voulons qu’Il vienne, oui, il serait temps qu’Il soit là. Par ce que ce que vient faire le Seigneur pour nous, c’est nous donner la vraie joie et le vrai bonheur. Donc, oui, nous l’attendons avec impatience. Le jour où Il viendra ce sera la fin du monde, mais ce n’est pas grave, parce qu’à la fin du monde, ce qui va gagner, c’est l’Amour. Alors, comment faire pour hâter ce temps ? Pour que cette fin du monde vienne, parce que nous l’attendons avec impatience. Eh bien, Jésus est venu, une fois dans l’Histoire, et Il veut venir habiter chez nous, dans notre cœur, ici et maintenant. Allons-nous lui ouvrir la porte ?
Et c’est là qu’il y a besoin de conversion. Jean Baptiste le dit : « Lui, Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ». Il tient sa pelle à vanner. Il va nettoyer son aire à battre le blé et il va faire le tri entre le bon grain, qu’il va stocker et garder précieusement, et la paille, qu’il va pouvoir brûler. Il peut y avoir une mauvaise interprétation. Si on pense que l’aire à battre le blé c’est notre terre, c’est notre monde… Si on pense cela, le Seigneur va battre le blé et c’est brutal. La pelle à vanner… c’est au fléau qu’on bat le blé. SI on pense que c’est le monde, du coup il faut faire le tri entre ceux qui sont invités, qui vont être accueillis par le Seigneur et ceux qui seront jetés au feu. Mais c’est une fausse interprétation : ce n’est pas cela.
III – c’est lui qui nous change
Parce que l’aire de Seigneur, le lieu où Il veut venir s’installer et habiter, c’est mon cœur, et c’est dans mon cœur qu’Il veut faire le tri. Son aire, le lieu où Il se trouve bien, Son trône, est en moi. Et en moi, vous le savez bien, il y a des choses belles et bonnes – et tout cela il faut le garder – des lieux où l’amour est vainqueur. Et puis, il y a aussi dans mon cœur des lieux où c’est mon égoïsme, mon appétit du gain, mon appétit du confort, qui gagnent. Et là, tout cela se referme sur moi-même et cela me fait manquer la seule chose vraiment essentielle ; et cela, il faut s’en débarrasser. Et moi, cela fait 40 ans que j’essaie, mais je n’arrive pas à m’en débarrasser, je ne sais pas pourquoi. Et donc, du coup, puisque moi je n’arrive pas à m’en débarrasser, il faut peut-être que je demande au Seigneur de le faire pour moi. Oui, Seigneur, viens. Viens dans mon cœur, débarrasse-moi de ce qui n’est pas à Toi, de ce qui ne Te correspond pas, de ce qui ne correspond pas à ‘aimer’. C’est un combat ! Parce que, laisser le Seigneur mener le combat, c’est au moins aussi difficile que de le mener soi-même ! Et c’est là qu’il y a besoin d’une conversion.
La conversion est décrite par saint Paul dans la deuxième Lecture, la Lettre aux Romains, « Accueillez-vous donc les uns les autres, faites-vous les serviteurs les uns des autres, comme Jésus s’est fait serviteur. » Et alors, nous pourrons entrer dans cette description qu’a faite le prophète Isaïe des temps de la Fin. Oui personne n’a jamais vu un loup habiter avec un agneau, personne n’a jamais vu un veau et un lionceau être nourris ensemble, personne n’a vu une vache et un ours bien s’entendre. De fait, est-ce qu’il faut le prendre au pied de la lettre ? Je ne sais pas, mais ce qui va se passer, c’est certain, c’est que tout ce qui en moi ressemble à un loup, à un lion, ou ressemble à un ours, va être ordonné, pacifié, par le Christ – si je Le laisse faire. Oui, pour cela il faut qu’Il puisse s’installer en moi et que je Lui laisse un peu de place.
Alors, c’est toujours un appel à la conversion que nous fait Jean, Jean le Baptiste. Eh bien, entrons dans cette conversion ! La semaine dernière, je vous ai proposé un petit acte de conversion, on peut en choisir d’autres, hein ? Je vous ai proposé de lire un Évangile, soit celui de saint Marc, soit celui selon saint Luc. Si on n’a pas commencé, on peut commencer cette semaine. Pour prendre le temps de laisser le Seigneur s’installer dans nos cœurs et dans nos vies, pour que cela change vraiment quelque chose. Ce ne sera pas magique : il faut le décider, il faut le vouloir, et il faut poser les actes. C’est notre liberté, c’est notre volonté qui est engagée ; mais sans aucun doute, le Seigneur est avec nous, et Il nous aide. Il ne fera rien sans nous, mais tout est possible si on accueille Son aide et Sa force. Alors, accueillons-nous les uns les autres comme le Christ nous a accueillis ; accueillons le Christ dans nos vies, et nous pourrons alors proclamer Sa louange parmi les nations, chanter Son nom, parce que c’est ça le but de nos vies : proclamer que le Seigneur est bon. Se laisser aimer par Lui, et L’aimer en retour.