Homélie du 30e dimanche du Temps Ordinaire – Année C
à l’occasion du baptême de Valentin
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la transcription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après transcription.
Aujourd’hui, dans la deuxième lecture, cette lettre à Timothée… Nous avons entendu le vieux Paul ! Cela fait 30 ans, 40 ans peut-être, qu’il proclame à temps et à contretemps la Parole de Dieu. Cela fait 30 ans, 40 ans peut-être qu’il annonce que Dieu nous aime et que nous sommes invités à rentrer pleinement dans cet Amour. Et il sait qu’il va bientôt mourir. Il est en prison, à Rome. Et le procès ne se passe pas bien ; Et pourtant, il est plein d’espérance. Et c’est une parole qu’il adresse à Valentin aujourd’hui.
I – Une parole pour Valentin, une parole pour chacun de nous
Valentin… « J’ai mené le bon combat ! J’ai achevé ma course ! J’ai gardé la foi ! ». Aujourd’hui, Valentin, tu vas recevoir la foi : Ce cadeau de Dieu, cette connexion qui nous unit à Lui. Eh bien, apprends le mode d’emploi grâce à tes parents, à tes parrain et marraine, à tous ceux qui sont autour de toi. Et puis garde, garde précieusement ce trésor, cette connexion.
De fait, Paul est confiant puisqu’en fin de vie, comme cela, il sait que le Seigneur l’attend. « J’ai été arraché à la gueule du lion », dit Paul. Là, il fait allusion à sa conversion, lorsqu’il s’était créé une idéologie qui ne correspondait pas à qui est Dieu. « Le Seigneur m’arrachera encore à tout ce que l’on fait pour me nuire »… et là, il pense d’abord au mal. En fait, il pense à sa vie éternelle. Il pense que Dieu, dans son immense bonté, veut que nous soyons sauvés. Donc, il est absolument confiant. Car lui, il lui suffit de faire un tout petit pas : Celui de se laisser sauver.
Aujourd’hui, Valentin commence son chemin, et ce chemin, c’est celui, pas si évident, de se laisser sauver. Et certainement pas de se sauver soi-même. Et c’est pour cela que la parabole d’aujourd’hui vient à point nommé.
II – Se savoir vide pour se laisser remplir
Deux personnages ! La semaine dernière aussi, nous avions deux personnages : un juge inique et une veuve… têtue ? … tenace ! Une veuve tenace… Et Jésus voulait nous enseigner que la prière est réellement efficace lorsqu’elle est constante. Sachant que le but de la prière n’est pas de changer Dieu qui sait bien mieux que nous de ce dont nous avons besoin. Mais le but de la prière, c’est de nous changer nous, pour que nous correspondions un peu mieux au projet de Dieu pour nous.
Et donc, ces deux personnages : un pharisien… Ah le pharisien ! En fait, on n’en a pas nécessairement l’impression mais Jésus les aime particulièrement les pharisiens, parce qu’ils ont décidé de prendre Dieu au sérieux. Alors ils ont appris la Bible par cœur ; ils connaissent les 613 commandements. Ils ont décidé de mettre Dieu en premier dans leur vie. Ils jeûnent deux fois par semaine, ils paient la dîme. Et souvent, les pharisiens sont relativement pauvres. Ils vivent simplement.
Et il y a ce publicain. Publicain, c’est juste l’inverse ! Le publicain, il est riche. En plus, il a une mauvaise réputation parce que c’est une sorte de collaborateur. Et quand on regarde Zachée qui était capable de rendre 4 fois ce qu’il avait pris… à priori, il se faisait un peu de gras sur les pauvres.
Pourtant… Ils sont là, tous les deux, au temple. Tous les deux, ils prient. Et il y’en a un qui va être exaucé, et l’autre pas. Pourquoi ? Peut-être d’abord parce que le pharisien ne demande rien. Alors il rend grâce… et c’est plutôt une bonne chose que de rendre grâce. Mais il est tout aussi essentiel de demander. Parce que si je demande, c’est que j’admets, – j’admets ! -, que je ne peux rien tout seul. Comme tout ce qu’il fait ! Ah il le fait bien, il coche les cases. Et après, quand il a coché les cases, il vient rendre sa copie en disant : « He, regarde ! J’ai fait tout ce qu’il fallait faire ! ».
Mais ce n’est pas cela le Salut. Ce n’est pas cela que le Christ nous propose. Le Christ nous propose de, d’abord, regarder en nous, ce vide immense ! Ce creux que nous sommes. Un creux qui est fait pour être rempli, mais pas par nous-mêmes. Un creux qui est fait pour être rempli par Dieu.
Alors ce publicain ? Lui, il est dans cette bonne démarche de prière. Il se sent creux. Il se sent vide. Et il demande à Dieu de le remplir : « Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis. » Le Seigneur, il veut combler d’amour chacun. Le pharisien comme le publicain et chacun de nous. Mais c’est nous qui choisissons de nous laisser remplir par Lui… ou pas. Ou pas…
III – Heureux les pauvres
Voilà, c’est comme cela qu’on peut comprendre cette pointe de parabole : « Qui s’élève sera abaissé. Qui s’abaisse sera élevé ». C’est comme cela que l’on peut comprendre aussi, dans le Magnificat, cette prière de la Vierge Marie, cette prière de toute l’Église : « Il renverse les puissants de leur trône ; Il élève les humbles ». Oui, parce que celui qui s’élève, il se sent plein. Il ne laisse pas la place à Dieu. Celui qui s’abaisse laisse toute place à Dieu. Heureusement, le Seigneur est bon et Il nous bouscule. Il nous renverse. Il nous fait tomber de nos trônes. Et grâce à cela, nous pouvons l’accueillir tel qu’Il est : Jésus petit enfant, Dieu tout entier. Jésus Hostie, eucharistie, Dieu tout entier. Jésus une parole proclamée, Dieu tout entier ! Il est là…
Dernier point… Toujours dans cet évangile, « à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être juste et donc qui s’étaient élevés et qui méprisaient les autres ». Le Seigneur nous invite à regarder l’autre pour ce qu’il est : une merveille, une perle, le trésor précieux du Seigneur. Et Dieu veut que tout homme soit sauvé. Il n’y en a pas un qui ne mérite pas le Ciel, puisque Dieu est mort pour tous.
Alors nous, dans cette histoire, nous sommes invités à vivre pleinement la béatitude : « Heureux les pauvres de cœur. Le Royaume des Cieux est à eux ». Nous sommes invités à écouter Jésus qui nous dit : « Laissez venir à moi les petits enfants, car c’est à ceux qui leur ressemblent qu’appartient le Royaume de Dieu ».
On peut penser que Valentin, – ah, il commence à grandir… -, il a dépassé le stade de : « j’ai faim ». Il doit commencer à dire et à exprimer autre chose. Mais beaucoup de ce qu’il dit sont des demandes. Il veut se laisser remplir par l’amour de ses parents et par l’amour de Dieu. Soyons ces petits enfants ! Et alors lorsque nous serons remplis de l’amour de Dieu, – et en fait, cela vient en même temps -, eh bien cet amour de Dieu, il déborde de nous. Et au lieu de mépriser, nous pouvons vraiment aimer, nous mettre au service et être pleinement prêtre, prophète et roi, dans le Christ. Accueillons-le, Jésus, qui nous sauve, qui nous transforme, qui fait de nous des saints.