24e dimanche de TO – Participer à l’œuvre de Dieu

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Homélie 15 septembre 2019, 24e dimanche du TO – C – Par l’abbé Gaël de Breuvand

Dieu habite les hymnes de son peuple

Voilà, c’est ce qui s’appelle une bonne tranche de Parole de Dieu. Car si la Parole de Dieu est notre nourriture, eh bien, il faut bien l’accueillir. Alors peut-être que parmi vous, il y en a qui se sont dit : « On la connaît par cœur, cette parabole ! Ce texte de Jésus, qu’est-ce qu‘il y a de plus à dire ? Et en plus, c’est quand même très long ! » Peut-être même qu’il y en a qui ont commencé par se dire « Ouh la la, c’est très long ! Et en plus on connaît ça par cœur, d’autant plus que le père aurait pu prendre la version courte… » Alors non ! On a besoin d’écouter la Parole de Dieu, même si on la connaît par cœur ! Parce que dire, proclamer, la Parole de Dieu – c’est pour cela que l’on est debout –, c’est déjà le premier pas de la louange ! Si vous ne savez pas comment louer, commencez par dire la Parole de Dieu. On parle du Dieu d’Israël comme « Celui qui habite la louange de son peuple ». Dieu me donne des mots, et je les dis. Et quand je proclame ses paraboles, je chante la louange, la gloire de Dieu. Et c’est pour cela que l’on termine en disant : « Acclamons la Parole de Dieu, Louange à Toi ! » – Ça, c’était introductif.

I – Entrer la joie de Dieu

Et donc Jésus nous parle de cette brebis perdue, Il nous parle de cette pièce égarée, et Il nous parle de ce fils prodigue, ce fils qui s’est perdu aussi. Et aujourd’hui je ne vais pas m’intéresser à eux, je vais m’intéresser à un autre personnage de ces trois paraboles. Si l’un de vous a cent brebis… Réjouissez-vous !… Elle rassemble ses amies et ses voisines… Réjouissez-vous ! Le Père sortit le supplier : il fallait festoyer et se réjouir !

Il y a le personnage auquel on ne pense pas immédiatement dans ces trois paraboles, ce n’est finalement pas celui qui a péché et qui doit accueillir la miséricorde, mais c’est celui qui est l’ami, ou le témoin, et qui est appelé à se réjouir avec celui qui fait miséricorde et celui qui a été ‘miséricordié’. Quand le berger retrouve sa brebis, il revient et annonce à ses amis : « Festoyons, réjouissons-nous car ma brebis qui était perdue est retrouvée ! » Le Seigneur nous le dit, souvent cela : « Réjouissez-vous avec Moi ! » Est-ce que nous nous réjouissons ? Est-ce que nous ne risquons pas d’entrer parfois dans le comportement du fils aîné ? « Le fils aîné se mit en colère et il refusait d’entrer. » Il reste dehors… Parce que son frère, oui, avait péché, mais parce que son frère a été pardonné, parce que son frère a été relevé, parce que son frère a été remis à la place qu’il devait tenir, il veut rester dehors. Cela peut être notre tentation. Alors, peut-être que, c’est le premier point, la première intention, la première prière, après ces lectures, qui peut nous venir : « Seigneur, donne-moi de me réjouir des merveilles de Ta miséricorde, même si celui qui est ‘miséricordié’, c’est celui que je n’aime pas trop. » Ne soyons pas dans cette idée du fils aîné qui reste dehors parce qu’incapable de se réjouir des merveilles de Dieu. « Oui, il fallait se réjouir ; car ton frère, qui est là, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »

II – Objet de miséricorde

Saint Paul nous parle aussi de miséricorde, d’abord pour dire que lui a été « miséricordié ». C’est un nouveau mot que j’ai inventé, mais c’est à cause du Pape. Vous connaissez la devise du Pape ? « Miserando atque eligendo. » Et en fait c’est extrêmement compliqué à traduire, nous sommes obligés de faire une périphrase de 10 km, alors, du coup, on triche et on invente un mot « miséricordié » : le miséricordiant, Jésus, le choisit. On parle de saint Matthieu, d’après le tableau du Caravage : le miséricordiant Jésus le choisit. « Miserando », miséricorde, « eligendo », choisir. L’acte de Jésus qui appelle et qui choisit, c’est un acte de miséricorde. Et cet acte de miséricorde permet à Matthieu de répondre à cet appel. Eh bien, Paul nous témoigne de la même chose, « il m’a estimé digne de confiance […] moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent. Mais Il m’a fait miséricorde. » Dieu m’a fait miséricorde. C’est saint Paul qui le dit… et c’est moi aussi ! Je ne vais pas vous raconter ma vie mais j’ai été pécheur, je le suis toujours d’ailleurs, mais ça a été grave plus qu’aujourd’hui. Et je pense que – chacun de nous – on peut faire le point dans nos vies et se rendre compte qu’à certains moments on était loin de Dieu. Et que Dieu est venu nous chercher. Il nous a fait miséricorde. Et si on n’a jamais été loin de Dieu, c’est encore plus exceptionnel car c’est un acte de la miséricorde de Dieu, dès le début, car, naturellement, on s’éloigne.

Il a donc été fait miséricorde, et pourquoi ? Pourquoi est-ce que Dieu fait miséricorde ?

III – témoin de la Miséricorde

Pour nous envoyer, nous, chacun, pour être témoins de sa miséricorde. Être un relais de cette miséricorde. Nous ne sommes pas aimés de Dieu juste pour que l’on soit bien. Nous sommes aimés de Dieu pour que le monde tout entier soit sauvé. Que nous portions notre monde, que nous portions ceux qui sont dehors, ceux que nous allons rencontrer toute cette semaine. Vous allez me dire : le fardeau est lourd. Et c’est vrai, c’est beaucoup trop lourd pour nous, et c’est pour cela que l’on vient, ici, écouter la Parole de Dieu, nous nourrir de la Parole de Dieu. C’est pour cela que l’on vient célébrer la mort et la résurrection du Seigneur, que l’on va communier. Saint Paul dit : « Je suis le premier des pécheurs. Mais s’il m’a été fait miséricorde c’est pour que Jésus montre en moi sa patience », qu’Il montre sa miséricorde, sa tendresse, son attention. Et c’est encore saint Paul, dans l’Alléluia : Dans le Christ, Dieu réconcilia le monde avec Lui. Il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alors, moi, prêtre, je porte cette Parole d’une manière toute particulière, dans le sacrement de la réconciliation, que vous êtes invités à vivre. Chaque fois qu’il y un moment d’adoration, on peut vivre le moment de réconciliation. On peut aussi demander au prêtre s’il a un peu de temps pour confesser. Normalement, il en trouve ! Et puis, cette parole de réconciliation, c’est aussi la mission de tous les chrétiens – pas seulement des prêtres – chacun à sa place, mais nous sommes ici pour témoigner que Dieu nous aime et qu’IL veut nous réconcilier avec Lui, et que cette réconciliation avec Lui, cela nous réconcilie entre nous. Nous sommes tous, parce que chrétiens, parce que baptisés, nous sommes des témoins de la miséricorde, des témoins de l’action de Dieu, des merveilles de Dieu dans nos vies, et dans la vie du monde.

Alors, je vais vous inviter, pour cette semaine, peut-être à prendre le temps de relire cette parabole, que l’on connaît par cœur et qu’on a tellement lue déjà si souvent. Et puis même, de la lire au moins une fois, idéalement trois fois : une fois en vous mettant à la place du fils prodigue, ça c’est facile, une fois en vous mettant à la place du père, et puis une fois en vous mettant à la place du fils aîné. On a moins envie ! Et lisons cela en demandant à Dieu : « Quelle est ma place, Seigneur ? Est-ce que je suis celui qui est invité à revenir, celui qui est invité à être miséricorde, ou est-ce que je suis celui qui est invité à se réjouir de la miséricorde que Dieu déploie ? » Laissons-nous toucher par le Seigneur : c’est Lui qui vient à notre rencontre, c’est Lui qui veut que nous soyons des témoins de Son amour.