Un dimanche de Communion

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Homélie du 7e dimanche de Pâques, 16 mai 2021, par l’abbé Gaël de Breuvand

On en désigna cinq : Raphaël, Alexandre, Charles, Lucas, Landry, pour que vous receviez le Christ en vous ; et vous avez accepté cet appel : vous voulez, aujourd’hui, recevoir le Christ en vous.

I – Communion trinitaire

Les lectures d’aujourd’hui, vous avez entendu, ne sont pas très faciles, et pourtant ce sont des lectures qui sont profondes et qui nous entraînent au cœur même de la foi chrétienne. La première chose que l’on pourrait relever, c’est que l’on parle de communion : « une union avec ». Alors, l’union de qui, avec qui ? Eh bien, d’abord, dans l’Évangile, la première union dont on parle, c’est l’union de Jésus avec le Père. Jésus prie le Père en Lui disant : « Seigneur, tu m’as donné un nom ». Autrement dit, Tu me connais parfaitement. Parce que, quand on aime quelqu’un, on le connaît. Et quand on connaît et qu’on aime, on est uni, d’accord ? C’est la première communion qu’il y a : celle qu’il y a entre le Père et le Fils et l’Esprit saint qui est là, on l’a entendu dans la Deuxième Lecture, car Dieu est Amour. Car, en Dieu, depuis toute éternité, il y a cette relation où le Père donne tout ce qu’Il est, et le Fils reçoit le cadeau que lui donne le Père, et ce cadeau, c’est l’Esprit Saint. Et entre le Père, le Fils, et le Saint Esprit, il n’y a pas de différence. Parce que le Père est exactement semblable au Fils, exactement semblable à l’Esprit Saint : c’est la même réalité, c’est Dieu, chaque fois. Dieu qui donne, le Père, Dieu qui reçoit, le Fils, et Dieu qui est donné, l’Esprit Saint. Donc le Fils reçoit tout ce que le Père donne.

II – Communion de chacun de nous avec le Fils

Et le Fils, Jésus, veut faire la même chose avec nous, avec vous. Il veut nous donner tout ce qu’Il est, Son amour. Pour que nous aussi nous soyons dans une relation où on le connaisse parfaitement, que l’on soit dans une relation où on le reçoive comme un cadeau, où on soit un avec Lui.

D’ailleurs, Il nous a aussi donné un nom. Au jour de votre baptême, les parents vous ont donné un prénom ; mais, en réalité, Dieu leur avait confié cette mission-là. Donc, c’est bien Dieu qui vous a donné votre prénom ! En fait, chacun de vous, on pourrait vous appeler Raphaël-Christ, Alexandre-Christ, Charles-Christ, Landry-Christ, Lucas-Christ, comme il y a Jésus-Christ. On est tous frères, frères de Jésus, et donc fils de Dieu, fils du Père.

Jésus, fils du Père, est collaborateur du Père, tout ce que veut le Père, Il le fait, parfaitement. Il est parfaitement obéissant. Mais pas une obéissance contrainte, forcée, Il est heureux d’obéir, parce qu’Il est le Fils.

Alors, pour entrer dans cette communion, il y a d’abord eu cette étape du baptême : vous avez reçu l’Esprit Saint en vous ; et, aujourd’hui, vous venez accueillir Dieu qui se donne, l’Eucharistie, Dieu tout entier, qui veut venir habiter vos cœurs. Et vous allez devenir un peu plus, et un peu mieux, Christ, chrétiens.

III – Propagateur de la Communion

Vous êtes invités, en tous les cas, à devenir des vrais collaborateurs de Jésus. Est-ce que c’est une mission facile ? Non, ce n’est pas simple, d’autant plus qu’on l’a entendu dans la Première Lecture : pour que l’on choisisse un nouvel ami de Jésus, qu’est-ce qu’on veut ? Quelle est la seule chose qu’il faut ? C’est qu’il soit un témoin, qu’il puisse dire en vérité, « il y a une bonne nouvelle : Dieu nous aime à la folie, et Jésus est le Sauveur, Il est Celui qui porte l’amour dans le monde, Celui qui veut devenir notre frère, Celui qui nous aime et qui nous sauve. » C’est ça, être témoin. Alors on va le dire, mais pas seulement : on va surtout le vivre ! Si nous sommes des collaborateurs du Christ, nous savons que Jésus nous aime tous, chacun personnellement, qu’Il veut prendre soin de nous, chacun de nous personnellement, surtout, qu’Il veut prendre soin des gens qui sont autour de nous, et Il nous choisit, nous, pour être des messagers de cet amour. Vous avez une mission : c’est de donner de la joie et du vrai bonheur à tous ceux qui sont autour de vous, à tous ceux que vous rencontrerez ; c’est cela, être témoin du Christ. Et là, plus j’en raconte et plus cela devient lourd ! Parce que c’est une mission : aimer tous ceux que je rencontre ? Travailler à donner de la joie à tous ceux que je vais voir ? C’est beaucoup, non ? Il y a toujours quelqu’un avec qui on a un peu de mal, et lui, on n’a pas très envie de lui donner de la joie… Et pourtant, le Christ nous appelle à aller jusque-là, à donner notre vie, à donner notre temps, à donner notre énergie même pour ceux à qui on n’a pas vraiment envie de donner de la joie. Jésus l’a fait. Jésus aime, même ceux qui Le persécutent, même ceux qui Le mettent à mort.

IV – Dans le monde, les chrétiens sont ‘décalés’

Et puis, décider de faire ça, décider d’être des porteurs de joie, eh bien, cela fait de nous des gens un peu décalés. C’est ce que dit Jésus là-encore : « Nous ne sommes pas du monde ». Parce que, dans le monde, qu’est-ce qui compte vraiment ? C’est d’avoir un métier important, c’est de gagner de l’argent, c’est d’être beau, c’est d’avoir beaucoup d’amis. C’est ça, quand le monde dit d’être quelqu’un de vraiment important. Mais nous, on entend Jésus, et on sait que ce qui est vraiment important, ce n’est pas ça. Alors, oui, on va être décalés et les autres vont nous regarder bizarrement. Il y avait un humoriste qui disait, il y a quelques années maintenant, qu’un chrétien radical, un chrétien intégral, un chrétien ‘intégriste’, c’est quelqu’un qui se promène dans la rue et qui embrasse toutes les personnes qu’il rencontre en leur disant « Dieu vous aime ». Vous allez me dire : c’est vraiment bizarre ! Et pourtant c’est ça. Chaque fois que l’on croise une personne dans la rue, peut-être qu’on ne va pas l’embrasser en disant « Dieu t’aime » mais, peut-être qu’on peut le regarder avec le regard de Dieu et penser à Lui, et lui dire dans notre cœur « Dieu t’aime, je prie pour toi. Que tu sois toi aussi dans la joie et le bonheur. » Oui, nous serons décalés par rapport au monde et nous serons peut-être moqués, persécutés, mais, Jésus nous le promet, Il est avec nous tous les jours.

En fait, tout cela est bien trop compliqué pour nous, et, du coup, il faut laisser Jésus le faire à notre place. Et lorsqu’on communie, c’est ce qu’on décide. « Seigneur, tu sais bien que je suis un peu nul, alors viens, viens dans mon cœur, viens transformer ma vie, je veux être ton ami ». Il s’agit de se laisser aimer par Dieu, il s’agir d’accueillir l’Esprit Saint, il s’agit de se laisser toucher par la Parole de Jésus.

V – Se laisser aider par le Christ

Alors, comment est-ce qu’on rencontre Jésus ? Vous le savez, il y a quatre manières de rencontrer Jésus. En écoutant Sa Parole, donc de temps en temps on a le droit d’ouvrir la Bible – même tous les jours -, un petit passage où Jésus nous parle. Tous les jours on peut prendre le temps de la prière aussi, parce que nous sommes amis avec Lui, et même si le vieux saint Jean nous le dit : « Dieu personne ne l’a jamais vu », nous savons qu’Il est là, près de nous, et qu’Il nous aime. Donc nous pouvons Lui parler, et L’écouter. Nous venons rencontrer Jésus par les sacrements, il y a eu hier ceux qui ont vécu le sacrement de réconciliation, et il y a eu plus de joie dans le ciel, pour un pécheur qui se convertit, que pour 99 justes qui n’ont pas eu besoin de conversion. Le Ciel s’est réjoui hier, et aujourd’hui Il se réjouit encore car vous allez recevoir l’Eucharistie ; et vous aussi derrière ! Nous allons recevoir l’Eucharistie, nous faisons ce pas vers Jésus, en Lui disant : « Seigneur, nous voulons être ton ami, je veux être ton reflet, je veux être ton témoin ! » Et puis il y a une dernière manière de rencontrer Jésus : eh bien, ce sont dans nos frères et en particulier les plus petits et les plus pauvres, ceux qui sont malades, ceux qui sont isolés, les plus âgés.

Rencontrer Jésus tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, toute notre année, avec Jésus, cela nous permet d’être vraiment ce pour quoi nous sommes faits, des témoins de la lumière, des témoins de la joie. Alors, oui, nous aussi, nous serons vraiment dans la joie !