La Toussaint : être dans la joie, être saint, c’est synonyme

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 22 ; 1Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12

I – Le projet de Dieu

Pour la Toussaint, nous avons entendu cet évangile, qu’on appelle l’évangile des Béatitudes, qui est la première parole de Jésus dans l’évangile selon saint Matthieu, Il dit deux mots juste avant : « convertissez-vous », mais là, voilà, c’est son premier enseignement, celui des Béatitudes. Et vous savez combien il y en a ? On parle de huit béatitudes d’habitude, et, là, il y en a neuf. Et, en fait quand on regarde dans les Évangiles, en réalité il y en a une vingtaine : « heureux celui qui écoute la Parole de Dieu et qui la met en pratique », ou, dans le reste du Nouveau Testament, « heureux les invités au festin des noces de l’Agneau »… « Heureux », car c’est cela, le projet de Dieu, c’est que nous trouvions la joie et le bonheur, que nous soyons heureux. On parle des saints, mais on parle aussi des bienheureux : c’est la même chose. « Heureux », c’est le projet de Dieu pour nous ; et nous sommes invités à entrer dans cette joie et dans ce bonheur. Et puis, là, on regarde, on se dit je suis chrétien, on me dit « heureux », je devrais être heureux… et puis là on regarde, et on fait la liste de tout ce qui ne va pas… Et puis l’actualité ne nous aide pas beaucoup ! Jésus n’est pas naïf, et Il nous fait une proposition qui est un peu paradoxale. « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, heureux ceux qui sont persécutés, heureux si l’on vous insulte, si l’on se moque de vous à cause de moi » et même « heureux ceux qui pleurent » : c’est complètement paradoxal !

II – Le pauvre de cœur, celui qui pleure, le persécuté

Alors, je voudrais revenir sur la première des béatitudes, car c’est celle qui ouvre à toutes les autres. « Heureux les pauvres de cœur » : en hébreu l’expression c’était « anawim » « pauvre du Seigneur », le pauvre, non pas le miséreux, ce n’est pas lui qui est heureux, non. Chacun de nous est invité à être un pauvre, mais un pauvre du Seigneur, c’est-à-dire, avoir le cœur ouvert, les mains ouvertes, prêt à recevoir. C’est la grande différence avec le riche : le problème du riche, c’est qu’il a déjà tout, et donc il n’a plus de place pour recevoir. Quand on est pauvre, au sens de Jésus, comme Jésus l’est, on est capable de recevoir tout en cadeau, et de se réjouir, car on a de la place. Et, donc, oui, on va se réjouir pour tout ce qui nous est donné. Tout. Et du coup, puisqu’on se réjouit de tout ce qui nous est donné, on est dans la joie. D’ailleurs, vous l’avez entendu, « heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux », c’est au présent ; les sept béatitudes suivantes sont au futur, « heureux celui qui pleure, il sera consolé ». Et aujourd’hui nous pleurons, pour des raisons diverses : on tue un homme dans la rue pour avoir montré des caricatures – je ne suis pas sûr que ce soit très fin, les caricatures, mais ça ne mérite pas la mort – donc nous pleurons. Nous pleurons aussi car on tue des chrétiens simplement parce qu’ils étaient dans une église, et donc nous pleurons. Les pleurs, c’est aussi cette pauvreté de cœur qui nous fait être « compatissants », « souffrir avec », et donc nous souffrons avec ceux qui sont morts, avec leurs familles, et nous pleurons avec eux, nous partageons la souffrance ; et puis nous partageons d’autant plus que nous sommes chrétiens, et que peut-être en entrant ou en sortant nous risquons notre vie… mais voilà, le Seigneur nous appelle et nous ne pouvons pas ne pas Lui répondre. Et le Seigneur, après nous avoir dit tout cela, que nous serons heureux d’être pauvres, d’être persécutés, en plus, Il nous précise sur cette neuvième béatitude : « Heureux si l’on vous insulte, si l’on vous persécute, et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi, réjouissez-vous ». Posez un acte, soyez joyeux. Pourquoi ?  Car notre récompense sera grande dans les cieux.

III – Se laisser faire par Jésus

Mais en fait, l’idée des béatitudes, c’est que c’est d’abord la description de Jésus lui-même : Il est le pauvre, Il est le doux, Il est celui qui pleure, Il est celui qui a faim et soif de justice, Il est le persécuté, Il est le miséricordieux. C’est le portrait de Jésus ; et si nous acceptons de Lui ressembler, alors nous trouverons vraiment la joie, comme Jésus. Alors la sainteté, on peut avoir l’impression – parce que vous l’avez compris, être heureux, être dans la joie, être saint, c’est synonyme – on peut facilement tomber dans un travers, et croire que l’on est saint grâce à nous, grâce à mes petits muscles, grâce à ma volonté : c’est simple, il suffit d’être parfait ! Et quand je dis ça, je me rends compte… que ce n’est pas si simple, que je n’y arrive pas, que toute ma vie, c’est un échec monumental, parce qu’il s’agit d’aimer, toujours, toujours, y compris celui qui me fait du mal, y compris celui qui me fait le plus grand mal, et il faut l’aimer, vouloir son bien et sa joie. Là, oui, je baisse les bras : je n’en suis pas capable. Et pourtant, dans mon cœur il y a cet appel du Christ : « aime ton ennemi ». « Aime de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, aime le Seigneur ton Dieu, aime ton prochain comme toi-même », il est là cet appel, comment est-ce que je peux Lui répondre ? Moi, j’en suis incapable.

C’est peut-être le très très vieux saint Jean, parce qu’il a 95 ans quand il écrit sa lettre, et il nous appelle « mes petits enfants », qui répond : « voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes » ! C’est Dieu lui-même qui fait de nous ce qu’Il veut que nous soyons, ce qui va nous combler, ce qui va nous donner la vraie joie et le vrai bonheur. C’est Lui qui travaille, et il a tellement bien travaillé que nous sommes saints, en chemin, mais la victoire est déjà gagnée, en Jésus. C’était l’Apocalypse de saint Jean qui le disait. « Ces gens en robe blanche, qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? c’est toi qui le sais, Seigneur ». Et le Seigneur répond : « Ils viennent de la grande épreuve, ils ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau » : ce n’est pas grâce à eux, ce n’est pas leur sang qui les a fait devenir justes, non c’est le sang de Jésus, c’est Lui qui nous sauve. En fait, nous sommes invités à nous laisser faire par Jésus.

Il se trouve que depuis une bonne semaine, j’ai, un peu contraint et forcé, j’ai un chat qui s’est installé chez moi. Ce chat doit avoir 3 mois, c’est un jeune chat, et parfois il a envie de choses qui sont bonnes, de nourriture, de sa litière, etc. Et, il y a des moments, il y a la main du maître, et dans ce cas-là, c’est moi, et je lui montre, je l’aide parfois, là où il doit aller, et c’est une bonne chose. Et je ne sais pas si vous avez déjà eu un chat, ou un chien, ça doit être la même chose, il y a des moments où il accepte mon aide et, à certains moments, il n’en veut pas ! Eh bien, cela ressemble à notre vie chrétienne. Le Seigneur, en bon maître, nous montre le chemin, Il nous enseigne, nous éduque, nous fait grandir, et Il nous montre où est la nourriture, où est le Salut, la joie, la vraie joie… et nous, de temps en temps, nous nous comportons comme des petits chats : de temps en temps on veut bien aller dans les bras du maître qui nous montre le chemin, et, de temps en temps, on s’y refuse et le maître doit nous courir derrière. Et Jésus, n’ayons aucun doute, nous court après pour nous proposer ce qui est bon pour nous. Alors, soyons des petits chats, mais des petits chats qui se laissent faire par le maître, car ce Maître nous aime, Il veut notre bien, notre joie, et la sainteté, c’est ça, accepter de se laisser faire par le Seigneur.