Le bon berger

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Homélie du 4e dimanche de Pâques, Année A, 3 mai 2020
Par l’abbé Gaël de Breuvand
la transcription reste en style oral…

Chers frères et sœurs,
4e dimanche de Pâques, dimanche du Bon Pasteur, c’est l’occasion de réfléchir sur cette notion de « Bon Pasteur ».

I- Ancien Testament

C’est un thème assez ancien dans la Bible, on le trouve au 1er livre de Samuel avec David. Il est appelé par Dieu à devenir roi d’Israël, roi de Juda, il est appelé par Dieu alors qu’il est derrière son troupeau. Samuel le choisit, – sous la pression divine -, il le huile, il le oint, il en fait un Messie, il en fait un Christ.  
Une autre personnalité qui est aussi berger, appelée par Dieu alors qu’il est derrière son troupeau… un buisson ardent… Moïse, qui est envoyé par Dieu pour emmener son peuple à travers la Mer Rouge, à travers le désert jusqu’en Terre Promise. Moïse, David, des bergers devenus pasteurs du peuple à l’appel de Dieu.
La notion de Messie porte dorénavant en elle la notion de pasteur. Un vrai messie est un pasteur.

Les rois d’Israël, les grands prêtres vont porter cette mission de pasteur. Ils seront très régulièrement battus en brèche par les prophètes… en particulier, par Ézéchiel qui accuse les grands prêtres, les rois, de ne pas assumer cette mission, de ne pas faire ce que Dieu veut, puisqu’ils s’occupent que des brebis qui vont bien mais pas de celles qui ne vont pas bien. Alors Ézéchiel prend la parole et dit « ce peuple, Dieu lui-même va en prendre soin, Dieu lui-même sera le berger de son peuple » (Ez 34). Quelle annonce de ce messie que l’on attend, de ce messie qui sera un berger !
Et dans les psaumes, en particulier le 22 qu’on a entendu aujourd’hui « le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur des prés d’herbes fraiches, il me fait reposer » oui, le Seigneur veut prendre soin de nous, nous qui sommes ses brebis, qui sommes son troupeau, qui sommes son peuple.

II- L’accomplissement en Jésus

Lorsque Jésus vient, il endosse cette caractéristique de berger. Il le dit : « le bon berger » ; il ne se l’attribue pas d’abord à lui-même, mettant en cause le comportement des pharisiens qui l’écoutent. Le bon berger, c’est celui qui prend soin de ses brebis, les brebis connaisse sa voix, lui font confiance, car le berger ne trahit pas ses brebis. Les pharisiens ne comprenaient pas ce que Jésus voulait dire. Alors une autre comparaison « je suis la porte ». C’est par Jésus que nous pouvons sortir pour rejoindre les verts pâturages du Père, ce pourquoi nous sommes faits.
Cette notion de Bon pasteur a un ancrage ancien et Jésus se l’applique aussi à lui-même. Saint Pierre dans sa 1ere lettre (2e lecture) : « vous étiez comme des brebis errantes, et voilà que vous êtes réunis autour du bon pasteur ». Saint Pierre encore, dans son grand discours de Pentecôte (1ère lecture), annonce Jésus, annonce le Bon Pasteur, le vrai pasteur. Et la foule est là qui demande « que devons-nous faire ? »
Évidemment, cela nous fait penser à l’expérience de Jésus lors de la multiplication des pains : Jésus avait été pris de compassion devant cette foule qui était comme des brebis sans berger. Alors Jésus les a enseignées, Jésus les a nourries… Oui le Bon Berger, c’est celui qui donne ce dont les brebis ont besoin. Et nous qui sommes les brebis de Jésus, nous sommes nourris par sa Parole et nous sommes nourris par son pain. C’est cela le cœur : sa Parole et son Pain. Et c’est ce que nous venons chercher à la messe le dimanche. Et on ne peut pas séparer les deux, cela n’aurait pas de sens. C’est pour cela que nous attendons avec impatience de venir à l’église, car si nous pouvons accueillir sa Parole chaque jour à la maison, pour recevoir son Pain, il nous faut venir jusqu’à l’église.

III- Tous pasteurs

Cette question de « Bon Pasteur » doit nous interpeler. Car nous sommes baptisés, nous sommes connectés au Christ, et toutes les missions qu’il porte nous les portons avec lui : Jésus est bon pasteur, nous sommes invités à être pasteur avec lui, et à être bon pasteur !
Nous le sommes comme père ou mère de famille, comme chef d’entreprise ou responsable d’équipe, en association, et je le suis, prêtre, curé de paroisse. Prions pour être les vrais bons pasteurs, – le bon pasteur reste Jésus -, mission qui n’a de sens que si nous sommes relais pour transmettre au vrai bon pasteur, à Jésus. Si je fais écran à Jésus, je rate ma mission de pasteur. Si à travers moi les autres, ceux qui me sont confiés, peuvent rencontrer Jésus, j’ai tout gagné. Et c’est vrai pour le prêtre mais aussi pour tout responsable que ce soit politique, en entreprise ou en famille. Être pasteur, c’est une mission du chrétien.

Mais il y en a une deuxième : celle d’être brebis. Non pas des moutons qui suivraient bêtement. Être des brebis qui reconnaissent la voix du Bon Pasteur… Pour reconnaitre le bon pasteur, cela implique un travail de discernement, pour reconnaitre celui qui se présente à moi. Est-ce qu’il accomplit un vrai ministère ou est-ce qu’il cherche à se servir ? C’est aussi le travail des brebis que de discerner. C’est aussi le travail des brebis que d’apprendre à connaitre et reconnaitre la voix du bon pasteur. À quel point est-ce que je reconnais sa voix, à quel point est-ce que j’accepte de me plier à cette discipline de connaitre la parole et de reconnaitre la parole de Jésus ?

C’est notre appel pour accomplir ce pour quoi nous sommes faits. Toujours et sans cesse, il faut le dire et le redire, nous sommes faits pour aimer et être aimés, nous sommes faits pour être témoins de l’Amour, du seul qui vaille, du seul qui tienne, l’Amour de Dieu lui-même. Alors « que devons-nous faire » : accueilliez la parole de vie dans vos vies, accueillez l’amour de Dieu dans vos vies, soyez baptisés, si vous l’êtes déjà renouvelez ce baptême : accueillez la grâce de Dieu, nourrissez-vous du pain de la Parole, nourrissez-vous du pain de l’Eucharistie.