Homélie de Pentecôte – année A

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Homélie de Pentecôte – 31 mai 2020 – Abbé Gaël de Breuvand.
C’est la transcription d’une prédication orale, les titres sont ajoutés après retranscription

I – la Pentecôte, fête du cadeau de Dieu

Est-ce que vous savez que la fête de Pentecôte existait avant Jésus ? C’était une fête des Juifs. C’est la fête des Juifs, 50 jours après Pâques, alors on dit que c’est la fête des moissons parce qu’à cette époque de l’année, on commence à récolter ; mais pas seulement… C’est surtout la fête du cadeau que Dieu a fait sur le mont Sinaï à Moïse. Vous savez quel était ce cadeau ? Il lui a donné deux tables de pierre sur lesquelles était écrite la Loi. C’est la fête de la Loi de Moïse. Cela fait partie des trois très grandes fêtes des Juifs qui demandent à ce que les Juifs aillent en pèlerinage à Jérusalem. Et donc à Jérusalem, le jour de la Pentecôte, il y a foule, et ils viennent de partout. Tout le monde est juif mais on parle toutes les langues, il y en a qui parlent grec, etc., bref de toutes les langues qu’il peut y avoir autour du bassin méditerranéen. D’ailleurs saint Luc nous l’a bien dit : ils sont là, il y a des « Parthes, des Mèdes, des Élamites, des habitants de la Mésopotamie, de la Judée, de la Cappadoce, de  la Province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphilie, de l’Égypte… » Il y en  de partout ! Ils sont là pour fêter le cadeau que Dieu a fait au peuple juif : la Loi de Moïse. Et cette Loi de Moïse, c’était quoi ? Que s’est-il passé ? Le jour où Dieu a donné la Loi, Il a fait cadeau à son peuple d’une Parole, la Parole de Dieu, qui faisait que ce groupe de gens n’était plus seulement un groupe de gens, mais il était un peuple ; parce qu’ils avaient tous une même loi. Il y en a qui sont aux ‘louveteaux’, là ? Il y a une histoire de loi. Et quand on a la même loi, on fait partie du même clan, du même peuple. Et donc le Bon Dieu a donné Sa Parole et Sa loi au peuple juif pour qu’il soit vraiment un peuple. Et c’était déjà la réponse à un autre moment. Est-ce que dans la Bible, bien avant, il y a eu un moment où on a parlé de langues, cela vous dit quelque chose ? Je vous parle de la Tour de Babel. Là, tout le monde est un peuple unifié, mais cette unité du peuple est utilisée à mauvais escient. On s’en sert pour essayer de concurrencer Dieu, on veut faire une tour plus grande que tout qui nous permette d’aller au ciel tout seuls, par nos propres moyens. Et que se passe-t-il ? Le texte biblique dit que Dieu a envoyé un esprit de division… mais, en fait, l’esprit de division, il n’y a pas besoin de le chercher beaucoup, il est déjà dans notre cœur. Et cela a cassé l’unité du peuple. Et donc la Pentecôte, chez les Juifs, c’est déjà cette première unification, et chez nous, chrétiens, qu’est-ce que c’est ? Eh bien, Dieu nous redonne une Parole, nous refait cadeau de Sa loi, au lieu de l’écrire sur des tables de pierre, Il l’inscrit dans notre cœur. Et c’est l’Esprit Saint qui vient habiter en nous, qui vient déployer ce qui était déjà donné au mont Sinaï, et qui vient corriger ce qui avait été fait à Babel. Cette unification, saint Paul en parle dans la Deuxième Lecture : « Nous devenons du coup, grâce au Saint Esprit, membres d’un seul corps ». C’est comme si chacun de nous, il y en a qui sont peut-être le petit doigt, d’autres, le gros orteil ou le nez, ou les oreilles, il y en a qui sont les yeux, etc., mais si on prend tous ces éléments et qu’on les sépare, qu’est-ce qu’il se passe ? Ce n’est pas très vivant… Et l’Esprit Saint vient nous réunir. Il est un peu comme le sang qui passe dans tous les éléments du corps. Et, si on enlève le sang d’un corps, qu’est-ce qu’il se passe ? On meurt, on ne peut pas être vivant, on ne peut pas être en relation. Donc, de fait, l’Esprit Saint nous est donné, et Il est pour nous comme le sang qui nous unit, Il nous apporte la vie, à chacun, et chacun des membres devient capable de faire ce pour quoi nous sommes faits. C’est encore saint Paul qui dit : « Personne n’est capable de dire ‘Jésus est Seigneur’ ». Personne n’est capable de dire « Père », personne n’est capable d’aimer vraiment à la manière de Dieu, s’il n’a pas reçu l’Esprit Saint. Alors, cet Esprit Saint, Dieu veut vraiment nous le donner. Au jour de la Pentecôte, Il le répand à tout l’univers, mais, à ce moment-là, il n’y en avait que douze qui étaient prêts, ou un peu plus, parce qu’il y avait les onze, plus Matthias, plus Marie, et quelques femmes et puis quelques frères de Jésus, donc ils étaient peut-être vingt, vingt-cinq. Il n’y en avait que vingt-cinq qui avaient le cœur ouvert, à ce moment-là. Et donc, ce n’est que ces vingt-cinq-là qui ont effectivement accueilli l’Esprit Saint ; mais l’Esprit Saint, c’était une tempête d’amour sur le monde entier, sur l’univers entier. Et voilà que ceux qui ont reçu le cadeau, ceux qu’ils l’ont accueilli dans leurs vies, est-ce qu’ils le gardent pour eux ? Non, bonne réponse ! Effectivement, ceux qui ont reçu le cadeau, les apôtres, qu’est-ce qu’ils font ? Ils sortent et ils commencent à dire : ‘j’ai une bonne nouvelle pour vous, le Christ est ressuscité, et vous pouvez accueillir l’Esprit Saint’.

II – Accueillir l’Esprit c’est mettre les choses dans l’ordre

C’est étonnant, puisque 3000 personnes ont reçu l’Esprit Saint ce jour-là, et depuis, il y en a eu plusieurs milliards. Cet Esprit Saint qui nous est donné, c’est lui qui remet les choses dans l’ordre. C’est le refrain que l’on a pris dans le psaume : « Ô Seigneur, envoie ton Esprit, qui renouvelle la face de la terre. » Il renouvelle la face de la terre car Il met les choses dans l’ordre. Pour chacun, Il nous permet de faire ce pour quoi nous sommes faits. Et quand les choses sont dans l’ordre, vous savez ce qu’il se passe ? Quand les choses sont dans l’ordre, nous recevons un cadeau supplémentaire, et ce cadeau c’est celui de la paix. Et c’est l’Évangile ; Jésus arrive, voit ses disciples, et leur dit : « Je vous donne la paix, Je vous donne Ma paix », et Il souffle sur eux, c’est cet Esprit qu’Il leur donne : « La Paix soit avec vous », la paix soit avec vous, parce que les choses seront désormais dans l’ordre : vous pourrez aimer à la manière de Dieu, vous pourrez être aimés à la manière de Dieu. Et c’est bien pour cela que, dans le texte de saint Jean, Dieu, Jésus, donne la paix et, immédiatement, Il parle du péché qui sera remis, ou maintenu et, en fait, Il nous donne cette mission-là, d’être les relais de Son amour, tous, chacun. Si nous voulons prendre notre part comme membres du corps du Christ, si nous voulons vraiment être membres de Son peuple, si nous voulons faire ce pour quoi nous sommes faits, il nous faut être des relais de l’Amour de Dieu, des relais de la miséricorde.

Ça, c’était la partie un peu costaud.

III – Il renouvelle la face de la terre, par nous, avec nous, en nous

Et puis maintenant j’ai une question un peu plus pratique : cela fait deux mois que nous avons changé de rythme. Il y a un peu moins d’école, le travail a changé de rythme, depuis deux mois il a fallu qu’on soit un peu plus ensemble, en famille restreinte, et puis il y en a d’autres, au contraire, que l’on ne voyait plus trop. Pendant ces deux mois, il y en a qui sont tombés malades et c’était difficile, et puis il y en a d’autres, ils ont l’impression que c’était très exagéré, tout cela. Mais, en tout cas, quelle que soit la manière dont on a passé ces deux mois, deux mois et demi, la question est « Maintenant, qu’est-ce que nous allons faire ? Est-ce que nous allons continuer à faire comme pendant ces deux mois et demi ? » Première possibilité. La deuxième est « est-ce que je fais comme ce que je faisais avant, exactement pareil, je ne change rien, je reviens à « comme d’habitude » ou « est-ce que je profite de cette période un peu bousculée pour me dire, tiens, est-ce qu’il ne faut pas que je me recentre sur l’essentiel ? » Et cela tombe bien que notre libération du culte tombe pour cette fête de Pentecôte, car c’est l’Esprit Saint qui peut nous informer, nous dévoiler ce à quoi nous sommes appelés, vraiment. Alors, aujourd’hui, samedi soir, nous sommes au tout début de notre dimanche de Pentecôte, eh bien, profitons de ces 24h : demain il faudra prendre un vrai temps de prière, on pourra même aller jusqu’à l’église… Un vrai temps de prière pour demander « Seigneur, Esprit Saint, aide-moi à discerner, à trouver ce que je dois faire pour être ajusté à Ta parole. Comment est-ce que je peux vivre mieux, comment est-ce que je fais pour être vraiment le témoin de Ton amour ? Comment est-ce que je fais pour travailler en vérité à la joie et au bonheur de ceux qui sont autour de moi ? » C’est concret, mais il faut se poser pour cela, il faut se poser et le demander au Seigneur. Peut-être que, quand on demande, on s’ennuie, mais ce n’est pas grave, on peut redemander. On a le droit de s’ennuyer pendant qu’on prie ; mais il faut prier. Alors, profitons de cette fête de Pentecôte, pour nous replonger, nous laisser replonger dans cet Esprit Saint qui nous a été donné au jour de notre baptême, et pour accepter que le Seigneur renouvelle la face de la Terre, qu’Il nous renouvelle.

En fait, vous le savez, et cela va être mon tout dernier mot, le Seigneur veut sauver le monde, et c’est Lui qui a la puissance d’amour pour réaliser ce salut. Mais Il ne le fera pas sans nous. Il a décidé d’avoir besoin de nous ; alors, notre prière, c’est peut-être ça : « Seigneur, tu veux sauver le monde, quelle est ma place dans Ton projet, qu’est-ce que je peux faire pour Toi ? »