31e dimanche du TO – C – Nous sommes dans cette page d’Évangile !

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Homélie 3 novembre 2019
Par l’abbé Gaël de Breuvand

Cet évangile de Zachée, on le connaît bien, peut-être même que des restes de notre caté on a une chanson « Zachée, Zachée, descends vite ! » Quand on regarde un évangile, et celui-là en particulier, on peut contempler Jésus et on peut se mettre à la place des différents personnages.

I – nous sommes Zachée ?

Alors, d’abord, avec qui pourrait-on comparer Zachée ? En premier lieu, avec nous-mêmes. Est-ce que nous sommes des Zachée ? Autrement dit, ce que veut dire Zachée en hébreu, cela veut dire : « justifié, celui qui est sauvé ». Parce que, oui, vous êtes, nous sommes, sauvés. C’est la Bonne Nouvelle ! Le Christ est mort et ressuscité et Il nous a sauvés, c’est fait, c’est gagné. Donc Zachée, même s’il n’a pas encore appris à en profiter, et nous-mêmes, peut-être que nous ne profitons pas vraiment de ce salut qui est réalisé, Zachée est sauvé et chacun de nous est sauvé : réjouissons-nous ! Et Zachée cherche à voir Jésus. Encore une question pour nous : Est-ce que nous cherchons à voir Jésus, tel qu’Il est, pas seulement la manière dont on nous le présente, tel qu’Il est ? Comment est-ce qu’on peut voir, contempler, Jésus ? Eh bien, c’est en écoutant Sa Parole, en lisant l’Évangile. En fait, chaque jour nous pouvons prendre le temps de faire connaissance avec Lui un peu mieux, et pour faire connaissance avec Lui un peu mieux il nous faut Le découvrir, le lire.

En fait, c’est une proposition que je vous fais, chaque jour est-ce qu’on ne pourrait pas donner 5mn, 10 mn, pour lire une page d’Évangile ? En fait, il n’y a que comme ça qu’on peut vraiment faire connaissance avec Jésus. Notre sycomore à nous, c’est cette Parole de Dieu, et on peut voir Jésus marcher, vivre, prendre soin de ses disciples, enseigner, prendre soin des pauvres, guérir les malades, on peut voir Jésus souffrir et mourir, on peut le voir ressusciter, on peut le voir aimer, finalement. Donc, il faut prendre une décision, parce que si on veut prendre chaque jour un temps pour ouvrir la Parole de Dieu, eh bien, il faut se le fixer sur son agenda. Et peut-être que le lundi on ne pourra donner que 4 mn, mais, on aura un peu plus de temps le mardi, donc je peux donner un quart d’heure, puis le jeudi, ça tombe bien car il y a l’Adoration du Saint Sacrement à la paroisse, le soir, et donc on peut donner une heure complète… Mais, prendre le temps de faire connaissance avec Jésus, s’Il nous parle dans cet Évangile, ce n’est pas juste pour qu’on sache qu’Il parle. Il faut qu’on Le lise, qu’on se nourrisse de cette Parole. Donc utilisons le sycomore de la Parole de Dieu pour connaître Jésus.

Et puis, ayant vu Jésus, Zachée est touché, au cœur. Parce que, là, Jésus lui dit « Aujourd’hui-même, je veux habiter chez toi. » « Chez moi ? » Rappelez-vous, il est le chef des collecteurs d’impôts, le publicain, le collaborateur avec les Romains, c’est quand même le gars qui est mal vu. Et voilà que le rabbi, dont tout le monde parle, le maître lui dit « Je vais venir chez toi. » Et là, Zachée est retourné ; et il accueille Jésus chez Lui, et il réalise qu’effectivement la manière dont il vivait n’était pas tout à fait ajustée. Et de fait, brutalement, il se laisse justifier. Il l’était déjà, puisque le Seigneur nous a tous sauvés, mais, là, il laisse le Christ faire quelque chose dans sa vie. Et du coup, conséquence : « Voici Seigneur », « debout ». « Voici Seigneur, je vais donner aux pauvres la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus », ce qui nous permet de nous imaginer la taille de ses biens. Le Salut est arrivé pour cette maison. Le Salut qui était déjà là, qui était donné en Jésus, il nous est donné à chacun, et nous sommes invités à faire comme Zachée, ce que nous avons fait au début de la messe : « Je confesse à Dieu… » Oui, Seigneur, je suis pécheur, oui, Seigneur, je ne sais pas aimer comme il faudrait, en fait, je ne sais pas vivre. Donc on a regardé Zachée, et on s’est dit qu’on pouvait nous-mêmes être des Zachée.

II – la foule ?

Mais ça ne suffit pas, dans cet évangile on peut être aussi – alors, je ne le nous souhaite pas –, mais on peut être la foule qui empêche Zachée de voir Jésus. De fait, ça on ne va pas s’attarder très longtemps dessus, car ce n’est pas tout à fait ce que je vous souhaite, ce que je me souhaite, nous n’avons pas à être des écrans, entre celui qui veut connaître Jésus et Jésus lui-même. Et, pourtant, vous le savez bien, nous le sommes ! La foule qui est dehors, les 36600 personnes qui ne viennent jamais à la messe dans cette paroisse, parfois, nous regardent en disant « Hey, regardez ces hypocrites ! ». Et, le pire, c’est qu’ils ont raison. Nous ne sommes pas grand-chose, nous sommes pécheurs, mais malgré cela, le Seigneur nous sauve !

III – Nous sommes Jésus ?

Et puis, un troisième personnage : allez, soyons fous, soyons Jésus ! Mettons-nous à la place de Jésus qui voit Zachée, ce gars à qui on ne parle pas, et, vraiment, il le mérite. Et Il lui dit « Aujourd’hui je vais venir habiter chez toi. Il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Nous sommes des porteurs du Christ, c’est notre nom – chrétien – et si nous sommes des porteurs de Christ ce n’est pas pour que nous le gardions juste pour nous, c’est pour que nous le transmettions, pour que nous le donnions. Alors, est-ce que nous allons visiter, au nom du Christ, le malade, la personne âgée, le pauvre, ou le voisin que je n’apprécie pas trop ? Et nous pouvons lui apporter le meilleur. Le meilleur ce n’est pas seulement moi, moi je ne suis pas grand-chose, le meilleur ce n’est pas un soutien matériel, même si c’est bien de le faire. Le meilleur, c’est de lui apporter le Christ. Le meilleur, c’est de lui apporter le Salut. Le meilleur, c’est de lui apporter ce qui est vraiment nécessaire : un sycomore, un arbre, la Parole de Dieu.

Voilà trois personnages, Zachée – c’est nous –, une foule – malheureusement ça peut être nous –, Jésus lui-même – et c’est ce que nous souhaitons, c’est que ce soit nous…

IV – Soyons des sycomores !

Et puis, il y a un quatrième personnage, le sycomore. En fait, vous avez remarqué, ce sycomore a plein de sens. Il peut être la Parole de Dieu, mais il peut être plus largement l’Église, il peut être nous. De temps en temps, nous pouvons faire la courte échelle à celui qui a besoin de voir Jésus. Un bon arbre a besoin d’être planté dans le sol, car s’il n’est pas bien planté, quand on grimpe dessus, on risque de tomber. Un bon arbre a besoin d’être enraciné, dans son humanité ; il a besoin d’être enraciné dans la Parole de Dieu ; il a besoin de s’enraciner, de se nourrir en fait, de ce qui compte vraiment, autrement dit, l’amour de Dieu. Ça, c’est un bon arbre. Et je souhaite à tous d’être de bons arbres, bien enracinés, en Christ. Et puis, un bon arbre a un bon tronc, bien solide, une colonne vertébrale, en gros, une manière de vivre qui soit en cohérence avec ce qui est dans le sol. Et puis, un bon arbre, c’est celui qui a des grandes branches sur lesquelles de nombreux Zachée peuvent monter. Et là, Zachée, c’est plutôt celui qui est dehors et qui se dit : «  Tiens, c’est qui, ce Jésus dont on parle ? » Je veux donner Jésus aux autres, je veux être un bon arbre, un bon sycomore, et porter tous ceux qui sont curieux. Je ne veux pas être la foule, je veux être le sycomore.

Le mouvement de la messe

En fait, tout cela, si on essaie de le vivre par nous-mêmes, ça risque d’être difficile et compliqué. Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai envie d’être ce sycomore, j’ai envie d’être ce Zachée converti, j’ai envie d’être ce Jésus qui porte le Salut, la joie et l’amour au monde. Et, en même temps, quand j’essaie de le faire par moi-même, à tous les coups, ça rate. Mais c’est le Seigneur qui fait. Et c’est pour cela que je viens à la messe le dimanche. Car la messe, c’est quoi ? C’est l’amour de Dieu qui m’est donné, qui vous est donné à chacun, pour que vous puissiez être remplis et que cela puisse déborder. C’est en fait le bon sol, dans lequel nos racines vont chercher. Et, avec cet amour, dont je me nourris, je vais pouvoir aimer les autres. C’est exactement le mouvement de la messe. Finalement, cette lecture du texte de saint Luc, c’est le mouvement de la messe. Premier temps, je me reconnais pécheur, deuxième temps, j’accueille le Christ dans ma vie, troisième temps, cela change ma vie, il faut que j’aille le dire aux autres. Et, à la fin de la messe, je vous dirai « Allez dans la paix du Christ » et, vous le savez, ce n’est pas une bonne traduction. En latin, c’est « ite missa est » ; cela veut dire : Allez, vous êtes envoyés, allez porter cette bonne nouvelle, allez porter cet amour de Dieu au monde. Soyez de bons arbres, de bons sycomores, pour que ceux qui sont là, dehors, et qui ne savent même pas qu’il y a un Salut possible, découvrent qu’il y a une bonne nouvelle pour eux, que quelqu’un les aime, quelqu’un qui veut absolument habiter chez eux. Alors, laissons-nous aimer, et aimons.