26e dimanche du TO – Nous sommes fait pour l’Alliance

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Homélie du 29 septembre 2019
c’est la transcription d’une prédication orale, les titres sont ajoutés après retranscription

Par l’abbé Gaël de Breuvand

Jésus nous donne aujourd’hui une parabole – c’est une histoire inventée par Jésus – qui  veut nous donner une leçon, quelque chose que nous pourrions apprendre. Et là, Il s’adresse tout particulièrement aux Pharisiens. Et Il parle d’un homme riche, qui a d’ailleurs toutes les caractéristiques du Pharisien puisqu’il est vêtu de pourpre et de lin fin, et le lin c’est l’habit de ceux qui servent au temple. Cet homme est riche, très riche, il est chez lui, et il fait des festins somptueux, on peut penser qu’il a de nombreux invités. Et puis, il y a Lazare, là, devant sa porte. Et il ne le voit pas.

I – L’Enfer, c’est la solitude, le Ciel, c’est d’aimer

« Le pauvre mourut » ; et il est tellement isolé et seul que seuls les anges le portent dans le sein d’Abraham. Il n’y a personne pour l’accompagner dans sa dernière demeure. Le riche meurt lui aussi, même destin, et là, on l’enterre et on peut penser que c’est solennel, qu’il y a beaucoup de monde et que de nombreuses personnes viennent signer les registres de condoléances. Une même destinée… et, en fait, ce qu’il se passe, c’est que, dans le séjour des morts, chacun continue la vie telle qu’il l’a menée. Un a choisi de s’enfermer dans sa tour d’ivoire, eh bien, il reste seul. L’autre a choisi, ou n’a pas choisi d’être seul, isolé, mais il appelait, il demandait d’être en relation, et lui, il est dans la relation la plus parfaite, dans le sein d’Abraham, dans la demeure du Père. De fait, les images que Jésus emploie pour nous décrire le séjour des morts, le Paradis et l’Enfer, sont des images de son temps. Aujourd’hui, on ne le ferait peut-être pas tout à fait de la même manière. Pourtant, c’est une réalité, réelle, vraie : oui, il est un Paradis : c’est la rencontre avec Dieu lorsque nous nous laissons aimer par Dieu et que nous aimons en retour. De fait, le ciel commence déjà ici sur la Terre. En fait, on s’entraîne à vivre le ciel chaque jour. Et il y a un Enfer : c’est lorsque nous nous isolons, que nous nous refermons sur nous-mêmes, que nous n’accueillons pas l’amour qui nous est donné. Et, de fait, cet enfer-là, c’est une grande solitude et une grande souffrance, parce que nous sommes faits pour aimer. Et ce que nous dit Jésus, en filigrane, c’est que, de la manière dont nous avons vécu dépend notre vie dans l’au-delà, notre vie d’après. Alors, il y a pour nous une décision à prendre : qu’est-ce que je veux vraiment ? Est-ce que je vais préférer les bonheurs et les plaisirs fugaces de cette Terre, ou est-ce que je vais décider d’emmagasiner pour la vie éternelle ? C’était la parabole que nous avons entendue, il y a deux ou trois semaines.

II – Convertissons-nous

Évidemment, si je nous pose la question, c’est qu’il nous faut peut-être choisir d’engranger, de nous faire des amis pour plus tard. Alors, ce Pharisien, ce riche qui a choisi, finalement, tout en respectant à la lettre la Loi, mais qui s’est finalement isolé et qui reste seul, il était – il le disait lui-même, certainement – il se voulait fidèle à l’Alliance avec Dieu. Parce que Dieu veut faire alliance avec nous. Et Il a commencé dès les origines. Adam et Ève, c’est déjà un acte d’alliance entre Dieu et les hommes ; et nous sommes invités à répondre. Et Moïse, et le roi David, et les prophètes. Tout au long de l’Histoire sainte, tout au long de l’Ancien Testament, ou de la Première Alliance – cela veut dire la même chose –, tout au long de cette Première Alliance, Dieu revient vers nous, pour nous dire : convertissez-vous, reprenez les règles, les lois, reprenez les principes de vie de l’Alliance avec Dieu.

Et c’est ce que nous avons entendu en Première Lecture, le Livre d’Amos. Depuis quelques semaines, on entend des premières lectures des prophètes, qui nous bousculent : « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion ». Pourquoi malheur à eux ? Non pas comme une malédiction, ce n’est pas le malheur qu’on leur souhaite. Non, ils sont dans le malheur, ceux qui sont bien tranquilles, ceux qui sont dans leur richesses, car en réalité ils sont en train de perdre l’essentiel. Ils sont en train de choisir leurs biens matériels, qui passent, au lieu de choisir ceux du ciel, les biens qui ne passent pas.

III – L’Alliance : Shema’ Yisrā’ēl

Ils oublient la première phrase de l’Alliance. Vous la connaissez ? Nous n’avons pas prévu de la chanter aujourd’hui, mais c’est : « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’Unique ». « Shema’ Yisrā’ēl ». C’est la prière que les Juifs récitent tous les matins. Écoute ! Et si on veut se mettre à l’écoute, il faut ouvrir nos yeux, ouvrir nos oreilles, ouvrir notre cœur. Et alors, si on est vraiment à l’écoute de ce que veut nous dire Dieu, de ce que veulent nous dire les autres, alors on devient capable de les aimer en vérité. « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique, tu L’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ». Cela va ensemble et cela dépend d’un acte de notre part : écoute. Écoute. Alors, écoutez !

 Écouter qui, quand, où ? D’abord Dieu lui-même dans sa Parole, dans cet Évangile, dans ces lectures, par ces interprètes que sont les apôtres : saint Paul, qui nous invite à mettre en premier dans notre vie le combat de la Foi. La Foi, c’est justement cette oreille du cœur que le Seigneur a implantée en nous pour qu’on puisse Le recevoir. Mène le bon combat, celui de la Foi, empare-toi de la vie éternelle. Écoute la Parole des apôtres, la Parole de Dieu. Et puis, écoute aussi la Parole de l’Église, qui donne une interprétation pour notre temps, pour aujourd’hui, de ce qui est le chemin de la joie et du bonheur. Écoute. Et puis, aussi, écoute ceux qui sont là, près de toi, ton époux, ton épouse, tes enfants, tes parents. Ils ont pour toi des paroles qui sont des paroles de Dieu. Il faut discerner, évidemment, car toutes les paroles de mes frères ne sont pas forcément paroles de Dieu. Écoute, écoute pour pouvoir accueillir dans ta vie, dans la vie éternelle, qui commence maintenant, qui a commencé au jour de ton baptême et qui se déploie chaque jour un peu plus pour que tu puisses entrer pleinement dans la joie et le bonheur de Dieu. Si nous sommes, ici, rassemblés dans cette église, c’est bien pour accueillir cet amour de Dieu. « Shemaʿ Yisrā’ēl Ado-naï Elo-hénou Ado-naï Eḥāḏ » « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’Unique. » Écoute !